À grand coup de placements réussis et de bottés de dégagement précis, Sean Whyte a totalement dissipé les doutes et les interrogations qui ont accompagné son arrivée chez les Alouettes, au mois de mai.

Relativement inexpérimenté dans la Ligue canadienne, le botteur de 26 ans avait alors pris le chemin de Montréal avec l'étiquette d'un joueur acquis en retour d'un choix de première ronde. Un sacrifice qui est assez rare au football.

A-t-il ressenti une certaine pression en passant des Lions de la Colombie-Britannique aux Alouettes avec la perspective d'un changement de statut?

«Je ne sentais pas de pression à ce niveau-là, mais je voulais surtout ne décevoir personne. Je savais que je pouvais botter et je devais simplement aller sur le terrain pour le démontrer. Je devais saisir l'occasion qui m'était offerte», a-t-il expliqué.

Sur le chemin de cet accomplissement s'est alors dressé un homme, le vétéran botteur Sandro DeAngelis, acquis seulement trois semaines après son arrivée. Malgré des débuts plutôt moyens, Whyte a rapidement obtenu la confiance du personnel d'entraîneurs des Alouettes. Il ne tenait qu'à lui de faire en sorte que cette situation perdure.

«Ils m'ont dit que j'étais leur homme, mais, honnêtement, je n'ai pas connu un très bon camp. C'était probablement le pire que j'ai eu depuis le début de ma carrière, a-t-il confessé. Pendant un temps, je pensais même avoir oublié comment botter. Mais finalement, je savais qu'en jouant bien, je n'aurais pas de problèmes.»

C'est d'ailleurs ce qu'il a fait. Après quelques mauvais bottés lors du match d'ouverture contre les Lions, suivis d'un placement manqué («je l'ai bien frappé, mais je n'ai pas tenu compte du vent»), Whyte a été parfait durant plus de deux mois.

Record

En réussissant 22 placements consécutifs, il a alors éclipsé une marque d'équipe qui appartenait à Don Sweet depuis 1976.

«C'était spécial parce que nous avons passé beaucoup de temps ensemble. Il est en fait le meilleur ami de mon oncle. Battre ce record était un hommage à son égard et à tous ceux qui ont contribué à ce que j'atteigne ce niveau.

«Je l'ai appelé le soir où j'ai battu son record alors qu'il était au mariage de mon cousin, a ajouté en souriant le natif de White Rock, en Colombie-Britannique. Il m'a félicité et m'a rappelé de ne pas trop penser à ce record, mais de continuer à faire mon travail et de saisir chaque occasion.»

Grâce à cette parenthèse parfaite, récompensé par le titre de joueur d'unités spéciales par excellence en août, Whyte s'est forgé de belles statistiques. S'il est le botteur le plus prolifique de la Ligue canadienne avec 174 points, il détient aussi la deuxième meilleure moyenne en ce qui a trait aux placements réussis. Avec 86,7%, il n'est devancé que par le vénérable Paul McCallum, son ancien coéquipier.

Pas si mal pour un joueur qui ne comptait qu'une trentaine de placements tentés en carrière avant cette saison. «J'avais joué 12 matchs en 2009 et même si je me retrouvais derrière McCallum, je me suis toujours préparé comme si j'allais être le botteur partant.»

Finir fort

Alors que les Alouettes peuvent obtenir leur billet pour la finale de l'Est en battant les Blue Bombers de Winnipeg, samedi, Whyte n'a qu'une idée en tête. S'il rappelle qu'il n'a «jamais eu autant de plaisir à jouer au football», il espère demeurer aussi efficace. Dimanche dernier, il a, par exemple, réussi 4 de ses 5 tentatives.

«J'ai commencé la saison mieux que prévu et, maintenant que nous allons jouer dans des conditions météo plus difficiles, j'espère être aussi constant et finir la saison de la bonne façon.»