Austin Anderson ne s'émeut guère de la dernière liste des meilleurs espoirs universitaires au Canada. Même s'il est classé 12e en vue du prochain repêchage de la Ligue canadienne de football, le botteur des Redmen de McGill garde les deux pieds bien sur terre.

Parce que l'université montréalaise n'a toujours pas gagné en quatre rencontres, le vétéran de quatrième année ne souhaite pas trop se projeter en avant. Seules sa contribution à l'équipe et une participation aux séries lui importent.

«C'était un bel honneur d'être si bien classé, mais je vais m'en soucier davantage après la saison. Pour l'instant, ma concentration est dirigée vers le prochain match des Redmen et vers mon prochain botté.»

À ce chapitre, Anderson a de très bons modèles. Dans la NFL, il admire Adam Vinatieri, des Colts d'Indianapolis, pour sa force mentale et Robbie Gould, des Bears de Chicago, pour sa bonne gestion des éléments météorologiques dans la Ville des vents. Mais il n'a pas eu à chercher si loin pour trouver le botteur idéal, qu'il vante pour «sa technique naturelle».

Son père, Gary, a évolué pendant 23 saisons dans la NFL, dont plus de la moitié avec les Steelers de Pittsburgh. En 1998, avec les Vikings du Minnesota, il a aussi été le premier botteur à connaître une saison régulière parfaite en réussissant 35 tentatives de placement et 59 transformations. Un mélange d'efficacité et de longévité qu'Austin a pu admirer jusqu'à ses 16 ans et la retraite de son père, en 2004.

L'étudiant en management a-t-il cherché à marcher dans les traces du paternel, natif de l'Afrique du Sud qui a débuté en jouant au rugby? Ce serait oublier qu'Austin a d'abord foulé les terrains à titre de quart-arrière.

«J'ai joué à cette position de l'âge de 8 ans jusqu'à l'école secondaire où mon rêve de devenir quart-arrière s'est évaporé. À ce moment-là, je me suis dit que j'étais un peu trop petit pour être quart-arrière (5'10 et 180 livres aujourd'hui) et que j'étais meilleur pour botter.»

Si ce choix s'est fait tardivement, Anderson avait déjà en lui un bon bagage physique et mental. En plus d'une certaine prédisposition familiale, il a suivi les recommandations de son père en pratiquant le soccer dans sa jeunesse. Quant à la pression au moment d'une importante tentative de placement, il dit puiser dans son expérience de quart-arrière.

«Les deux postes ont beaucoup de différences et de similarités en même temps. Quand on entre sur le terrain, on devient le centre d'attention. On n'a le choix d'être productif parce que, sinon, les gens nous montreront du doigt en premier. Avoir joué comme quart-arrière m'a préparé à mon rôle de botteur», explique celui qui a déménagé, à l'âge de 16 ans, en Alberta où son père est impliqué dans l'industrie de la pêche à la mouche.

Seulement des conseils

Avoir la même passion et le désir de pratiquer le même métier que son père constitue autant un avantage qu'un inconvénient. Les comparaisons entre les deux hommes se multiplient à mesure que le joueur des Redmen franchit une étape supplémentaire dans son cheminement.

S'il compose parfaitement avec cette situation, Anderson reconnaît que son entourage est davantage «frustré» par ce rapprochement incessant. Il reste qu'il profite largement de l'expérience de son père en regardant de vieilles vidéos ou en lui demandant parfois son avis.

«Mon père comprend bien son rôle et il me donne des conseils seulement quand je le lui demande. Il aime savoir ce que je fais sur le terrain, mais il n'est pas sur mon dos quand je fais des erreurs. Il n'essaie pas de m'imposer son opinion et il me laisse trouver les réponses par moi-même.»

Les prochaines réponses seront cruciales dans la vie et la carrière d'Anderson. Après avoir décidé de rester à McGill malgré de nombreuses sollicitations («J'aime l'atmosphère et l'équipe qui est comme une vraie famille»), il espère que son avenir sera fait de bottés d'envoi et de placements réussis.

«Jouer en NFL est mon plus grand rêve, mais j'aimerais aussi évoluer dans la LCF. Je ne sais pas si je vais jouer au football ou dans quelle ligue je vais le faire, mais je vais donner le meilleur de moi-même chaque jour et à chaque botté.»