En novembre dernier, l'ère Danny Maciocia à la barre des Carabins s'était ouverte dans la controverse avec la contestation des joueurs du non-renouvellement du contrat de son prédécesseur, Marc Santerre.

Dix mois plus tard et à quelques heures du début de saison face à McGill, la controverse a largement cédé la place à l'espoir. Celui de réaliser une bonne campagne 2011 et de voir le programme de l'Université de Montréal franchir une nouvelle étape.

«Ça n'a pas été compliqué de convaincre les joueurs, a indiqué Maciocia, nouvel entraîneur montréalais. On avait besoin de s'asseoir avec les joueurs actuels et de discuter de ma vision pour la saison 2011. Ils ont décidé de rester et on a été capables de faire du recrutement et d'aller chercher une trentaine de joueurs.»

Après 14 saisons avec les Alouettes de Montréal et les Eskimos d'Edmonton, Maciocia a abordé le camp des Carabins de la même façon que dans la Ligue canadienne de football. Avec l'accent placé sur les mots «professionnalisme» et «compétition» pour résumer l'état d'esprit qu'il souhaite implanter.

«Cela se traduit par un effort mental et par de la discipline», a raconté le quart-arrière Alexandre Nadeau-Piuze. Les Carabins ont souvent péché à ce chapitre lors des dernières saisons. «Il veut qu'on travaille fort à tous les jeux et même si on n'est pas sur le terrain, on doit visualiser ce que l'on ferait à la place de son coéquipier.»

«La grande différence par rapport aux années précédentes, c'était le tempo des entraînements, a ajouté le porteur de ballon Rotrand Sené. Ça roulait vraiment vite et cela ressemblait plus à des entraînements professionnels.»

Les compteurs à zéro

Avec son arrivée et autant de nouveaux visages dans l'équipe, Maciocia a tenu à remettre les compteurs à zéro. Peu importe les performances collectives et individuelles des saisons passées, aucun joueur n'est arrivé au camp avec une place garantie au sein de l'équipe partante.

Cette situation a entraîné de belles luttes, mais aucune n'a été aussi disputée que celle pour le poste de quart-arrière. Nadeau-Piuze et Yan Cyr se sont livrés un duel qui a longtemps poussé Maciocia à verser dans l'indécision avant d'opter pour ce dernier pour le match d'ouverture.

Si Nadeau-Piuze, partant en 2010, possédait l'avantage de bien connaître la maison, Cyr a pu brandir son expérience de trois saisons aux États-Unis, au Hartnell College et à Notre-Dame (NAIA). «On s'entend super bien, a admis Nadeau-Piuze. C'est la meilleure chose qui peut arriver à une équipe et un joueur quand quelqu'un est capable de te pousser. Surtout quand la compétition est saine, on peut réellement s'aider.»

Cyr, vanté par son concurrent pour son bras puissant, reconnaît qu'il a dû s'adapter aux règles du football universitaire canadien. «Ça change le jeu de passer de quatre à trois essais, mais c'est aussi le cas pour 11 à 12 joueurs. Je vois ici des schémas défensifs que je ne voyais pas aux États-Unis. C'est sûr que j'ai aussi dû m'ajuster à un plus gros terrain.»

Mieux distribuer le ballon

La défense des Carabins est depuis longtemps le moteur de l'équipe. La saison dernière, elle a ainsi battu un record d'équipe en ne concédant que 444 verges contre le jeu au sol. Pour faire aussi bien et pallier la perte de joueurs clés, l'UdeM a attiré plusieurs beaux espoirs du niveau collégial dont le demi défensif Anthony Coady et le secondeur Byron Perez-Archambault.

Le joueur de ligne défensive et recrue de l'année au football universitaire québécois en 2010, David Ménard, estime que ce secteur sera aussi efficace cette année.

«Il y a eu des départs importants comme Julien Hamel, le maraudeur et leader de la défense, mais je pense que ceux qui prennent la relève vont être capables de bien relever le défi. Je ne suis pas inquiet pour la défense.»

Maciocia espère également apporter une nouvelle dimension à une attaque qui a inscrit 25,5 points en moyenne en 2010, loin derrière Laval et Sherbrooke. Cela passe par un meilleur équilibre entre le jeu aérien et les courses de Sené qui a, par ailleurs, visionné beaucoup de vidéos pour «améliorer sa lecture du jeu et sa protection de passes.»

«Cette année à l'attaque, il faut établir le jeu au sol, a expliqué Maciocia, ancien DG des Eskimos. On possède une excellente ligne à l'attaque et de très bons porteurs de ballon. Mais il faut aussi distribuer le ballon. Si on peut impliquer tout le monde, je pense que cela peut causer des problèmes et que l'on va connaître du succès.»

Ce succès devra passer par de bonnes performances face à Laval. Depuis 2007, les Bleus n'ont réussi à prendre le dessus sur leurs rivaux qu'à une seule reprise. Malgré un effectif jeune, Maciocia ne doute pas que son groupe emprunte un bon chemin.

«Il faut comprendre qu'à Laval, il y a une structure, une discipline et une continuité en place. Je ne pense pas que c'était le cas à Montréal. On est allé chercher les deux premiers éléments et on aura la continuité avec le temps.»