Selon l'un de nos espions qui se trouvait dans les estrades du stade Percival-Molson, vendredi dernier, plusieurs spectateurs se posaient la même question pendant que les Alouettes rossaient les Argonauts de Toronto: «Avon who?»

La réponse est bien sûr Avon Cobourne, joueur-clé dans les deux plus récents championnats du club, doit-on le rappeler. Mais le rendement de Brandon Whitaker, depuis qu'il a succédé à son mentor, est tel que ses admirateurs se multiplient à une vitesse record.

Joueur offensif par excellence de la dernière semaine, Whitaker est le meneur du circuit pour les verges au sol (259); sa moyenne de 6,6 verges par course est la meilleure; et en prime, il trône au sommet de la LCF avec 19 attrapés. On a déjà vu pire comme début de carrière.

Normalement, un jeune joueur risquerait d'avoir la tête perchée dans les nuages en connaissant autant de succès, aussi rapidement. Ce n'est pas le cas de Whitaker, qui a patienté trop longtemps avant d'obtenir l'occasion de jouer régulièrement. Il ne tombera pas bêtement dans le piège, croyant qu'il est soudainement un joueur-étoile.

«C'est pour ça qu'on me paie, je ne fais que ce qui est exigé de moi. C'est excitant pour mes parents et ma famille, mais mes objectifs n'ont pas changé: protéger A.C. (Anthony Calvillo) et permettre à l'équipe de maintenir son niveau de jeu. Lorsqu'on aura réussi les mêmes exploits qu'au cours des dernières saisons (un championnat), je pourrai célébrer un peu.»

Le match de la Coupe Grey est dans plus de quatre mois, mais Whitaker a déjà quelques beaux collants dans son cahier pour la bonne protection offerte à Calvillo. Parce que les répercussions qu'aurait le départ de Cobourne sur cet aspect du jeu ont été analysées minutieusement au cours des mois précédents, et parce qu'il avait connu des ennuis à ce niveau en 2010, Whitaker ressentait une certaine nervosité par rapport à la protection du quart-arrière.

«Avon est tellement bon en protection, alors oui, j'étais nerveux. Mais la nervosité diminue lentement. Cela dit, il y a plusieurs bonnes défenses qu'on n'a toujours pas affrontées, plusieurs fronts défensifs qui utilisent des formations qu'on n'a pas encore vues», fait remarquer le demi offensif des Oiseaux.

Les Alouettes ont toutefois déjà affronté leurs prochains adversaires, il y a deux semaines. Mais Whitaker pense que les Roughriders de la Saskatchewan opteront pour une nouvelle stratégie défensive. «Ils connaissent un début de saison difficile et ils joueront avec beaucoup d'énergie. On s'attend à ce qu'ils utilisent le blitz souvent, d'autant plus que notre bloqueur du côté gauche sera une recrue (Jeraill McCuller).»

Plus robuste que la NCAA

Lors du match de vendredi dernier, les Argonauts ont forcé Calvillo à lancer de courtes passes en exerçant de la pression avec seulement trois joueurs. La grande majorité du temps, neuf Argos se repliaient afin de contrer les passes intermédiaires et longues. Le quart des Alouettes s'est donc souvent contenté de courts relais en direction de Whitaker, qui en a saisi 11.

«Qu'il m'ait démontré une telle confiance m'aidera. Ça augmentera mon niveau de confiance, et ça améliorera notre complicité encore un peu plus», estime Whitaker, qui a capté 58 passes avec les Bears de l'Université Baylor, en 2007.

«J'ai attrapé entre 9 et 13 passes dans un match à quelques reprises dans les rangs universitaires. Je considère d'ailleurs que c'est l'une de mes principales forces.»

Le demi de 25 ans occupe le premier rang de la LCF pour les verges au sol et les réceptions, est solide en protection, et ses réponses en entrevue feraient le bonheur de n'importe quel entraîneur.

Il y a cependant une chose qu'il devra améliorer: son endurance. Ce qui est normal compte tenu de son rôle de réserviste au cours des dernières années.

«C'est plus physique que mental. Encaisser autant de plaqués dans un match n'est vraiment pas facile. Je m'en ressens. Je devrai me réhabituer, car ça faisait trois ans que je n'avais pas eu à le faire», avoue-t-il.

Et les plaqués font un peu plus mal au football professionnel qu'à l'université... «Le jeu est nettement plus robuste dans la LCF. Il l'était dans la NCAA, mais là, c'est un tout autre niveau.»

En communication avec Cobourne

C'est précisément pour cette raison que les gens devraient se garder un peu de réserve lorsqu'il est question de Cobourne. À défaut d'être aussi rapide et explosif que son dauphin, on sait une chose au sujet du porteur des Tiger-Cats de Hamilton: il est toujours à son meilleur lors des séries éliminatoires, même s'il a subi des centaines de plaqués dans les mois précédents. Il faudra évidemment attendre avant de savoir si Whitaker sera en mesure d'en faire autant.

Les partisans estiment peut-être que le nouveau demi est déjà meilleur que l'ancien, mais n'allez pas dire ça à Whitaker. Cobourne, c'est un grand frère pour lui.

«On communique ensemble environ deux fois par semaine. Je lui demande encore quelques conseils de temps à autre. Il m'a félicité pour mon début de saison, qui lui est grandement attribuable. Les dernières saisons ont parfois été frustrantes, mais j'ai immensément appris en observant Avon jouer.»

Bon élève en plus...