Anthony Calvillo savait qu'il devrait répondre à mille et une questions au cours de la saison quant aux différentes marques qu'il s'apprête à battre. Et ça s'est vraiment amorcé, hier.

Le premier record dont prendra possession Calvillo est celui du nombre de passes de touché. Présentement à égalité avec Damon Allen, le quart-arrière des Alouettes occupera seul le premier rang de l'histoire lorsqu'il réussira sa prochaine, la 395e de sa carrière.

De la façon dont il a joué à ses deux premiers matchs de la saison, les chances qu'il y parvienne, vendredi soir contre les Argonauts de Toronto au stade Percival-Molson, semblent très bonnes, lui qui a inscrit au moins une passe de touché dans 44 de ses 50 dernières rencontres.

L'occasion serait bien choisie d'écrire cette page d'histoire, car il n'y aura pas que les Argos qui seront en ville. Plusieurs membres de la famille de Calvillo seront à Montréal, de même que son vieux complice, Ben Cahoon.

«Ben a été un membre très important de notre organisation, et a lui-même battu quelques records lorsqu'on jouait ensemble. Alors si tout se déroule comme on l'espère, ce sera spécial qu'il soit ici. Mais n'oublions pas qu'il sera sur place parce qu'on honorera sa propre carrière», a tenu à souligner Calvillo.

Calvillo a terminé le match de samedi à Regina avec 5 passes de touché et 419 verges de gains, ce qui lui a valu le titre du joueur offensif de la semaine dans la LCF. L'homme de l'heure a toutefois préféré parler de ses coéquipiers plutôt que de sa magnifique performance.

«Lorsqu'il n'y a aucune pression exercée sur le quart-arrière en raison du travail de la ligne devant lui, et que les receveurs réussissent constamment à se démarquer, son travail est nettement plus facile. L'attaque en entier a fait de l'excellent travail», a-t-il précisé.

Bien qu'il reste concentré sur le travail à accomplir contre les Argos - qui possèdent l'une des défenses les plus complexes du football canadien, selon lui -, Calvillo saisit très bien toute l'importance du record qu'il établira sous peu.

«Compte tenu de tout ce que j'ai vécu sur le plan personnel au cours des dernières années, j'ai appris qu'il fallait apprécier chaque moment. Je ne veux pas attendre que ma carrière soit terminée avant de le faire», a-t-il expliqué, faisant référence au cancer de sa femme et au sien.

Calvillo se garde cependant de détailler les émotions ressenties devant les caméras. «J'en discute à la maison avec ma famille, mais je ne peux pas exprimer tout ce que je ressens au sujet de ces records, car certaines personnes interpréteraient mes paroles de la mauvaise façon.»

La question n'est pas tant de savoir si Calvillo lancera une passe de touché, vendredi soir. À moins de subir une blessure, il devrait y parvenir, et assez tôt. Mais quel joueur attrapera sa 395e passe de touché. Aurait-il aimé voir son pote Cahoon la saisir?

«Il n'a pas la taille qu'on recherche dans cette équipe», a plaisanté Calvillo qui, comme on le sait, compte sur une collection de colosses au poste de receveur cette saison.

Une source de fierté

Depuis 2009, Calvillo n'a été victime que de 14 interceptions en 1185 tentatives de passes pour un pourcentage de 1,18%, ce qui est peut-être la plus impressionnante de ses statistiques. C'est d'ailleurs cet aspect de son jeu qui distingue Calvillo de ses confrères.

«On peut connaître un mauvais match, mais on aura tout de même la chance de le remporter si on ne commet pas de revirements», a observé celui qui a subi, samedi, sa première interception de la saison. Un jeu qui aurait toutefois pu être considéré comme un échappé de Jamel Richardson, qui a eu possession du ballon pendant un moment.

«Je discutais avec ma femme après le match, et elle a dit que j'avais été victime d'une interception. Je lui ai demandé de quelle interception elle parlait. Je lui ai dit que c'était un attrapé, suivi d'un échappé! On a bien rigolé. Alors, oui, je soutire une grande fierté à bien protéger le ballon.»