Dans une ligue où les quarts de talent sont de plus en plus parsemés, celui des Alouettes n'en finit plus d'étonner. Au risque de se répéter, Anthony Calvillo continue de s'améliorer à un âge où la majorité des quarts-arrière récite des platitudes dans un studio de télé.

Pour la deuxième fois en moins de 10 mois et la troisième de sa carrière, Calvillo a lancé cinq passes de touchés, samedi à Regina. Sa cinquième, un jeu de 55 verges de Tim Maypray, lui a du coup permis de rejoindre Damon Allen au premier rang de l'histoire avec 394 passes de touchés. Autre menu détail, c'était également la 15e passe de suite qu'il réussissait. Juste ça.

Celui qui célèbrera son 39e anniversaire le mois prochain a terminé son travail de démolition avec 419 verges. Sa fiche après deux matchs? Huit touchés, 731 verges, une seule interception, survenue contre les Roughriders et dont la responsabilité incombe à Jamel Richardson, qui a perdu possession du ballon après l'avoir eu dans les mains.

Ailleurs dans le circuit, Kevin Glenn est sur le point de perdre son poste à Hamilton; Henry Burris et Darian Durant ont commis 4 et 6 revirements; Buck Pierce montre le pire coefficient d'efficacité parmi les partants (61.5); Travis Lulay n'a complété que 51,2% de ses passes, un résultat attribuable en partie à son groupe de receveurs qui échappe tout, faut le dire; et Cleo Lemon, c'est Cleo Lemon. C'est bien parti pour Ricky Ray, mais après sa saison de l'an passé, on va attendre un peu avant de s'emballer.

Bref, les Als sont chanceux de pouvoir compter sur le numéro 13 - et les partisans montréalais le sont tout autant de pouvoir le voir à l'oeuvre. Il y a quelques rigolos qui prenaient un malin plaisir à scander le nom de Marcus Brady (l'ancien quart réserviste des Oiseaux) lors des matchs au Stade Percival-Molson, il y a quelques années. Assis près de la galerie de presse, ils portaient tous un chandail de Brady. Depuis un an ou deux, ils se sont sagement tus.

Même les plus hostiles n'ont d'autre choix que de contempler le spectacle signé par Calvillo sans mot dire. Plus agile et précis, meilleure force de bras, et une lecture du jeu qui ne laisse à peu près aucune chance à l'adversaire. La façon qu'il décortique les défenses fait parfois penser à Peyton Manning (oui, j'assume entièrement ce que je viens d'écrire).

Bratton: un vrai professionnel

Maypray, Brandon Whitaker, S.J. Green et Brian Bratton, deux fois, ont inscrit les touchés dans la victoire de 39-25 des Alouettes, qui ont dominé les Roughriders au retour de l'intermission - lorsque Marc Trestman et ses lieutenants avaient apporté les correctifs nécessaires.

En dépit d'en avoir échappé deux ou trois, Richardson a capté 9 passes pour un deuxième match consécutif, mais parlons plutôt de Brian Bratton, qui continue d'accomplir un solide boulot dans l'obscurité.

Comment décrire Bratton, qui dispute déjà sa 5e saison à Montréal? Vaillant, fiable, polyvalent, constant, intelligent. Il peut retourner des bottés, même s'il n'est pas le plus rapide. Il peut jouer à toutes les positions de receveur parce qu'il maîtrise parfaitement l'attaque. Il ne dit jamais un mot plus haut que l'autre, et exécute toujours son travail impeccablement. Un professionnel sur toute la ligne.

Un navire à la dérive

Défensivement, les cinq membres réguliers de la tertiaire des Alouettes ont tous bien joué. La pression exercée sur Durant a été inégale, mais Jermaine McElveen l'a ébranlé avec un solide coup d'épaule et John Bowman a réussi son deuxième sac de la saison.

Les unités de couverture ont toutefois permis un autre long retour de botté, qui aurait résulté en un touché n'eût été de la vitesse de Chip Cox. Elles se sont ressaisies par la suite, mais demeurent le principal point d'interrogation du club.

Les Als ont fait la démonstration qu'ils demeuraient l'équipe par excellence du circuit, samedi, mais disons les choses franchement. Le navire des Roughriders s'en va à la dérive: aucun ailier défensif capable de presser le quart, une tertiaire pleine de trous, et une attaque qui manque cruellement de vitesse. Ce n'est pas de bon augure pour le nouvel entraîneur-chef, Greg Marshall.

Traités de mous par Marshall au terme de leur premier match, les joueurs des Riders pourraient cette fois être qualifiés de salauds. Whitaker, Green et Richardson ont tous été ébranlés par des coups casque à casque, et le premier n'est pas revenu au jeu. Pas fort. Laissons les Roughriders et leurs problèmes, et revenons aux Oiseaux.

Ce sera le bon moment de faire un saut dans le nid, vendredi soir. Calvillo éclipsera vraisemblablement la marque d'Allen, Ben Cahoon sera sur place alors qu'on célèbrera sa grande carrière, et ce seront les Argonauts qui seront en ville, une bande que les Als méprisent, même s'ils ne l'avouent pas. Puis on a entendu dire qu'il restait des billets.