Les adversaires des Alouettes en avaient déjà plein les bras avec Jamel Richardson. Voilà que c'est maintenant au tour de S.J. Green de gravir les échelons de la hiérarchie des receveurs de la LCF à une vitesse folle. En bon français, on pourrait apposer le surnom «Double Trouble» aux deux imposants demis insérés.

Les Lions de la Colombie-Britannique estimeraient sûrement que c'est un sobriquet assez juste. Jeudi dernier, Richardson et Green ont totalisé 15 attrapés pour 250 verges et ont marqué 3 touchés de plus de 40 verges, tous en première demie. Le reste de l'équipe a saisi 7 passes pour 62 verges et aucun touché...

Ayant passé la majorité de son temps au sein de l'équipe de développement des Alouettes, Green n'a capté que 26 passes de 2007 à 2009 avant d'en attraper 58 la saison dernière. Il a aussi été l'un des trois receveurs du circuit à inscrire au moins 10 touchés en 2010.

«Je n'aurais pas voulu l'entendre à cette époque, mais je crois que ces années passées dans l'équipe de développement m'ont été très bénéfiques. Avec le recul, je n'étais pas prêt du tout à être un joueur régulier à cette période», avoue Green, qui aurait pu accepter de se joindre aux Argonauts de Toronto, en 2009, et qui a eu un essai avec les Jets de New York l'année suivante. Père de deux enfants, il a plutôt opté pour une certaine sécurité.

«J'ai jugé que la meilleure option pour ma famille et moi était de rester ici et de prendre mon mal en patience. Tout a fini par tomber en place, c'était la bonne décision», dit-il.

Si Richardson est un receveur plus mûr, il n'en demeure pas moins qu'il est de plus en plus difficile de différencier les deux joueurs sur le terrain. À un point tel que leur entraîneur-chef peine à établir une différence entre les deux coéquipiers.

«Leur style de jeu se ressemble baucoup. Ils sont très physiques, attrapent des passes hautes et réussissent des jeux importants. Ils sont très intelligents et des meneurs de notre équipe. À part leur numéro, c'est très difficile de les différencier», répond Marc Trestman.

Après y avoir réfléchi pendant quelques secondes, Richardson est parvenu à noter quelques différences entre son dauphin et lui. «Je pense que j'ai plus de feintes dans mon répertoire et que j'amasse plus de verges après l'attrapé que lui. En revanche, les tracés de S.J. sont très bons, surtout pour un receveur aussi imposant.»

Les deux joueurs causent déjà passablement de problèmes aux tertiaires adverses, dont la plupart des membres ne mesurent pas 6'. Un léger désavantage contre Richardson et Green, qui font 6'3 et 6'2, et qui jouent comme des gars de 6'4 ou 6'5.

«Les défenses jouent différemment contre nous. Elles sont plus robustes qu'elles le sont contre des équipes qui possèdent de petits receveurs. Certaines équipes ne posent pas un doigt sur les receveurs, jusqu'à ce qu'elles nous affrontent», explique Richardson.

«On veut créer des problèmes grâce à notre style de jeu et notre gabarit. Si les défenses accordent trop d'importance à Jamel ou à moi, c'est le jeu au sol qui en profitera», rappelle Green.

Le gabarit des deux receveurs ne fait justement pas que servir le jeu aérien, il est également d'une grande utilité sur les jeux au sol. Et c'est un élément essentiel, selon Richardson.

«C'est une très grande source de fierté pour nous. On ne veut pas seulement être perçus comme des receveurs qui attrapent bien le ballon. On veut être des joueurs complets, qui font mal à tous ces petits demis défensifs. Ils ne veulent pas souffrir à chaque jeu, et on le sait très bien.»

Une belle complicité

Richardson domine la LCF depuis qu'il est arrivé à Montréal, en 2008, période durant laquelle il a réussi 289 attrapés, un sommet. Impossible toutefois de lui faire dire qu'il est le meilleur de sa profession. Pourtant l'un des joueurs les plus volubiles de l'équipe, Richardson ne veut pas s'autoproclamer le meilleur receveur, mais estime être le plus complet.

«En raison de mes blocs, notamment. Je ne pense pas qu'il y ait un autre receveur qui bloque aussi bien que moi, sauf peut-être S.J.», analyse-t-il. Décidément, les numéros 18 (Richardson) et 19 (Green) en ont, des choses en commun!

«Lorsque je suis arrivé ici, il y a trois ans, je me suis revu en S.J.. J'avais vécu une expérience similaire à la sienne en Saskatchewan. Je me disais qu'il aurait dû être un joueur dominant avec tout le talent qu'il possédait, et j'ai tout simplement essayé de l'aider», raconte Richardson en faisant référence au séjour de Green dans l'équipe de développement et au sien avec les Roughriders.

«Jamel a joué un rôle essentiel dans le succès que je connais actuellement. Il m'a pris sous son aile même si je ne jouais pas et qu'il se dirigeait vers une saison de 16 touchés. On a passé beaucoup de temps ensemble et il m'a beaucoup appris.»

Non seulement Richardson est-il un monstre entre les lignes de touche, il a aussi aidé à la création d'un deuxième. «Double Trouble.» Les coordonnateurs défensifs de la LCF vous le confirmeront.