L'emploi le plus ingrat chez les Alouettes, c'est Scott Milanovich qui l'occupe. Même s'il est le coordonnateur offensif du club depuis quatre ans et que l'attaque est irréprochable depuis ce temps, l'amateur moyen ne le connaît probablement même pas.

On lance régulièrement des fleurs à Marc Trestman et à Anthony Calvillo, pendant que Milanovich fait son boulot dans un quasi-anonymat. Sa contribution à l'équipe passe trop souvent sous silence. Dire qu'il est sous-estimé est un euphémisme.

Un facteur explique cependant ce manque de reconnaissance. Contrairement à la grande majorité des coordonnateurs offensifs, Milanovich n'est pas responsable de la sélection de jeux pendant les matchs, un travail qui est plutôt accompli par Trestman.

«Scott est très engagé dans le processus puisqu'on discute beaucoup pendant les matchs. On communique également avec Marcus Brady (l'entraîneur des receveurs) et Jonathan Himebaugh (l'entraîneur de la ligne offensive). Mais au bout du compte, la sélection des jeux est ma responsabilité», confirme Trestman.

Un coordonnateur offensif qui ne choisit pas les jeux, c'est un peu comme un cuisinier qui ne choisit pas les épices ou un scénariste qui ne choisit pas les dialogues. C'est l'essence du travail. Milanovich accepte-t-il mieux de céder cette responsabilité vu l'impressionnante feuille de route de Trestman?

«C'est difficile de répondre à cette question. C'est de cette façon que les choses fonctionnent ici, et je suis heureux de mon rôle. Marc a fait du très bon travail à ce chapitre depuis qu'il est à Montréal. Je pense qu'il m'a donné le plus de responsabilités qu'il le pouvait, et ça témoigne de la confiance qu'il a en moi. Je le constate et l'apprécie», observe Milanovich, qui préférerait sélectionner les jeux, il va sans dire.

«J'ai augmenté les responsabilités de Scott et celles des autres entraîneurs chaque année, car ils le méritent pleinement», souligne Trestman, qui a ajouté le poste d'adjoint à la description de tâches de Milanovich en 2009.

À défaut de décider quels jeux seront faits, Milanovich est très impliqué dans l'ébauche du plan de match dans les jours qui précèdent les rencontres. «C'est un travail collectif dans lequel chacun de nous a des responsabilités précises. Les jeux doivent être acceptés par tous les entraîneurs, on doit être sur la même longueur d'onde», explique Trestman.

Entraîneur-chef en devenir

Candidat sérieux au poste d'entraîneur-chef des Argonauts de Toronto au terme de la saison de 2009, Milanovich a rencontré les Roughriders de la Saskatchewan afin de succéder à Ken Miller, l'hiver dernier. Selon ceux qui le côtoient, l'ancien quart réserviste des Buccaneers de Tampa Bay obtiendra un poste de pilote avant longtemps.

«Ce n'est qu'une question de temps. Mais on espère que ce ne sera pas dans un trop proche avenir, car on l'apprécie énormément», a exprimé Calvillo.

«J'estime que tous nos entraîneurs possèdent l'intelligence et les aptitudes pour être des entraîneurs-chefs. Je me compte très chanceux d'être entouré d'un groupe d'hommes aussi vifs d'esprit. Ils pourraient tous devenir des entraîneurs-chefs, et Scott est au sommet de la liste», croit Trestman.

Milanovich apprécie ces bons mots et ne cache pas qu'il aimerait un jour se retrouver à la barre d'une équipe. Il évite par contre de trop en parler, par peur de créer une distraction à l'équipe.

«Lorsque je jouais à Tampa Bay, Mike Shula (le coordonnateur offensif des Bucs à l'époque) me disait souvent qu'il fallait se préoccuper de son emploi actuel, pas du prochain. Et mon emploi actuel me comble. Les Alouettes m'ont toujours bien traité, et j'ai la chance de travailler avec le meilleur quart et le meilleur entraîneur de la ligue.»