C'est un Anthony Calvillo souriant et visiblement soulagé qui a indiqué, vendredi après-midi, qu'il se portait bien après avoir subi un traitement de thérapie par l'iode radioactif. Il a du même coup confirmé qu'il sera à son poste pour une 18e saison dans la LCF, sa 14e dans l'uniforme des Alouettes de Montréal.

Le quart-arrière, qui a subi l'ablation de la glande thyroïde en décembre dernier, a complété le seul traitement de radiothérapie nécessaire à son rétablissement. Selon le docteur Roger Tabah, qui a effectué la chirurgie, il a très bien répondu aux traitements.

«Je me sens très bien. Mes médecins sont satisfaits de mes progrès, a confié Calvillo lors d'un point de presse en compagnie du docteur Vincent Lacroix et de sa femme Alexia, vendredi midi. Après avoir pris le temps de régler mes problèmes de santé, j'ai maintenant hâte de me préparer pour la saison 2011.»

Calvillo a toutefois reconnu qu'il était passé par toute une gamme d'émotions après avoir appris de la bouche du docteur Tabah qu'il devait de nouveau passer sous le bistouri, le 21 décembre dernier, afin de subir, cette fois-ci, une thyroïdectomie totale.

Opéré la semaine précédente pour retirer une lésion suspecte découverte lors d'examens subis en août dernier, les résultats de pathologie avaient révélé la présence de cellules malignes. La thyroïdectomie, qui s'est bien déroulée, a été effectuée à l'Hôpital général de Montréal.

«Honnêtement, je n'ai été déprimé que pendant une seule heure après avoir appris le disgnostic, a avoué Calvillo. Je me suis cependant consolé en me disant que, contrairement au cancer d'Alexia, qui menaçait véritablement sa vie, le mien n'était pas si important. Sur une échelle de un à 10, le sien était à 10, et le mien à un.»

Son épouse, qui a souffert d'un grave cancer - un lymphome malin à cellules B - en 2007, a notamment indiqué que son expérience lui avait permis de mieux épauler son mari face à ce qui l'attendait au cours des mois qui ont suivi l'annonce de son cancer.

«J'ai déjà été aux prises avec un cancer, et je crois que mon expérience nous a aidés à passer au travers, a dit Alexia Calvillo. Ce que j'ai appris, c'est que le cancer n'est pas une maladie, mais plutôt un évantail de maladies qui compte plus de 300 types différents avec des traitements particuliers à chacun. Nous savions que c'était mineur, et donc j'étais certaine qu'il allait passer au travers.»

Bien que ce type de cancer n'ait jamais menacé la vie du quart des Oiseaux, Calvillo a indiqué qu'il devra prendre des comprimés de Synthroïde - un médicament qui sert à remplacer les hormones qui sont habituellement sécrétées par la glande thyroïde - pour le restant de sa vie.

Il a ajouté qu'il sera constamment suivi par les médecins de l'équipe et a précisé qu'il procédait actuellement, en compagnie du docteur Lacroix, à des tests afin de trouver le dosage idéal pour lui permettre de performer à son plein potentiel sur le terrain.

«Nous devrions être en mesure de trouver le dosage idéal d'ici un mois, a mentionné le docteur Lacroix. C'est très important, car si la dose n'est pas suffisante, il pourrait avoir l'impression d'être lent et approximatif dans ses gestes - sans compter qu'il aura les cheveux gras -, et si à l'inverse la dose est trop grande, il pourrait devenir «hyper» et avoir de la difficulté à maîtriser ses mouvements.»

Le quart originaire de Los Angeles a toutefois rapidement fait taire les inquiétudes en mentionnant que tout rentrerait dans l'ordre d'ici février, soit la période au cours de laquelle il reprend habituellement son entraînement régulier en prévision du camp des Oiseaux, qui débutera en juin 2011.

Les médecins qui ont traité Calvillo se sont donc dits très satisfaits des progrès qu'il a démontrés, d'autant plus que les perspectives concernant ce type de cancer sont généralement très bonnes.

De son côté, Étienne Boulay, dont le grand-père a été emporté par le cancer alors qu'il n'avait que 10 ans, s'est dit très heureux pour Calvillo.

«Ce sont des super-nouvelles, a confié Boulay, visiblement heureux de la tournure des événements. Il m'avait dit cette semaine que ça allait bien, donc c'est bien pour l'organisation, pour lui et sa famille. Sa femme et lui sont passés au travers de moments difficiles, mais nous sommes juste heureux d'apprendre que sa santé va bien.

«C'est assez pour inspirer plus que des joueurs de football, c'est un modèle à suivre en terme de travail et de planification de sa santé, a poursuivi celui qui s'implique notamment auprès de la Fondation québécoise du cancer. D'être capable de «dealer» avec ses problèmes de santé et de remporter une deuxième Coupe Grey d'affilée, c'est vraiment quelque chose d'exceptionnel. Je suis très fier de l'avoir comme coéquipier.»

Calvillo veut assurer la transition

Par ailleurs, Calvillo a paraphé une nouvelle entente de deux ans - une saison assortie d'une année d'option - avec les Alouettes.

«Anthony est le meneur de notre équipe, a précisé le directeur général de l'équipe, Jim Popp. Il a gagné le respect inconditionnel de tout le monde par sa façon de jouer, sa détermination et sa combativité.»

En dépit des nombreux hommages qui lui ont été rendus depuis la conquête de cette deuxième Coupe Grey d'affilée en novembre dernier - sa troisième au total -, Calvillo a reconnu qu'il s'agirait peut-être de son dernier contrat en carrière.

«Ça fait quelques années déjà que j'y réfléchis. Et ce ne sera pas différent cette fois-ci, a-t-il dit. Mon plan, tandis qu'ils (les Alouettes) planifient leur avenir, c'est de jouer deux autres années. J'aurai alors 40 ans... Est-ce que je jouerai un an, deux ans ou trois ans encore? Je ne le sais pas.

«L'important, c'est que lorsque je serai arrivé au bout du chemin - et dans la réalité, ça peut-être d'ici un, deux ou trois ans - quelqu'un sera prêt à prendre la relève. Il faudra quelqu'un pour assurer la transition parce que, vous savez, je ne jouerai pas pour l'éternité.»

L'an dernier, il a complété 380 des 562 tentatives de passes pour des gains de 4358 verges. Il a réussi 32 passes de touché et été victime de seulement sept interceptions. Son taux d'efficacité de 108,1 a été le meilleur dans la LCF.