Après 13 saisons à attraper des ballons dans toutes les positions possibles, Ben Cahoon a décidé qu'il en avait assez.

Cahoon, le receveur de passes qui a effectué le plus d'attrapés (1017) dans l'histoire du football canadien, a confirmé sa retraite, mercredi. Le bruit courait déjà qu'il ne voulait plus continuer, et cela faisait quelques saisons qu'on lui prêtait l'intention de tout arrêter.

C'est maintenant confirmé, Ben Cahoon passe à autre chose.

«Je suis heureux de pouvoir me retirer debout et en santé, a-t-il dit dans une petite salle d'un hôtel de Dorval, mercredi après-midi. Il n'y a jamais rien de certain quand on pratique ce sport. Je savais depuis un an déjà que la saison 2010 allait être ma dernière.»

Et cette fois, c'est bel et bien terminé, a juré Cahoon. «Jim Popp m'a dit que je pouvais faire un Brett Favre de moi et changer d'idée, mais c'est fini», a-t-il blagué.

À 38 ans, Ben Cahoon doit donc songer à ce qu'il fera loin des terrains de football. Mais il ne veut pas trop s'en éloigner, justement. D'ailleurs, il est candidat au poste d'entraîneur des receveurs à l'Université Brigham Young, là où il a joué son football universitaire avant de faire le saut chez les Alouettes, en 1998.

«C'est un poste qui me tente, je devrais en savoir plus là-dessus d'ici 7 à 10 jours, a-t-il commenté. Si ça ne fonctionne pas, je vais faire autre chose. Je ne suis pas inquiet.»

Cahoon a parlé parfois avec émotion - surtout quand il a rappelé le rôle qu'a joué sa famille dans cette aventure - et souvent comme le receveur lucide que ses coéquipiers ont connu. Il a décrit le défilé du championnat de 2002 comme étant le moment le plus mémorable de sa carrière, et a exprimé des regrets de n'avoir jamais appris le français.

«Malheureusement, je n'ai jamais appris la langue, et c'est parce que je ne croyais pas jouer ici pendant si longtemps... J'ai toujours cru que j'allais un jour me retrouver à jouer pour une équipe de l'Alberta, afin de me rapprocher des membres de ma famille. Je n'ai jamais exigé d'être échangé, mais je croyais un jour aller jouer dans l'Ouest. Ce n'est pas arrivé, et je suis content d'avoir passé toute ma carrière ici.»

En entrevue téléphonique, le directeur général Jim Popp a parlé de Cahoon comme d'une «légende» du football canadien. Difficile de le contredire. L'ancien numéro 86 a récolté trois Coupes Grey avec les Alouettes, en plus de s'assurer une place importante dans le livre des records de l'équipe.

Il a, entre autres, capté au moins une passe au cours de 144 matchs consécutifs, et il est le receveur le plus productif de l'histoire du club, avec une récolte de 13 301 verges au cours de sa carrière, ainsi que 65 touchés, en plus de 32 matchs avec au moins 100 verges de gains.

Les partisans montréalais retiendront avant tout ses attrapés spectaculaires... et bien sûr son nom, qui était hurlé à pleins poumons au stade Molson chaque fois qu'il réussissait un catch.

Cahoon a toutefois reconnu que la dernière saison avait été difficile pour lui.

«Oui, ce fut une dure saison... J'ai eu des hauts et des bas, j'ai échappé des ballons dans des matchs consécutifs, et j'ai connu de mauvais moments comme jamais auparavant. Je me suis aussi remis en question. Mais au bout du compte, je crois que cette expérience va m'aider dans le métier d'entraîneur, ça va m'aider à comprendre certaines choses.»

Il n'est d'ailleurs pas exclu que l'on retrouve un jour Ben Cahoon sur les lignes de côté au stade Molson. «Je crois que s'il veut devenir entraîneur, il y aura une place pour lui au sein de notre organisation», a laissé savoir Jim Popp au bout du fil.

En attendant, il reste les souvenirs. Et ce «Cahooooooon!» entendu des centaines de fois au stade Molson. Ce cri d'approbation, les partisans de l'équipe ne vont sans doute jamais l'oublier.

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ILS ONT DIT

Matthieu Proulx: «Je pense qu'il est le symbole parfait de la réussite dans la modestie. C'est un gars qui ne s'est jamais pété les bretelles. Et je pense aussi qu'il est l'une des raisons de l'émergence du football au Québec. Il était là quand les Alouettes sont revenus à Montréal, et depuis le début, c'est lui la tête d'affiche.»

Danny Desriveaux: «J'ai toujours cru en la préparation et au travail, et lui, c'est ça qu'il représente. Ben Cahoon est un autre exemple de réussite par le travail.»

Étienne Boulay: «Ben Cahoon, c'est un exemple de constance. On savait qu'on pouvait toujours compter sur lui. Il faisait les attrapés spectaculaires, mais aussi les attrapés importants qui nous permettaient d'avancer avec le ballon. J'ai été fier de jouer avec lui.»

Anthony Calvillo: «Tout le monde parle du joueur, mais il y a aussi l'individu qui va nous manquer. Ben était un gars drôle qui faisait rire tout le monde dans le vestiaire. Je suis content qu'il ait décidé de rester avec nous pour deux autres coupes Grey.»