La prochaine fois que Randy Moss daignera donner une conférence de presse - en se posant lui-même les questions, bien entendu -, on espère qu'il aura le courage de nous expliquer pourquoi les Titans du Tennessee ont été les seuls à vouloir de lui.
Comment expliquer qu'un receveur aussi talentueux ait suscité si peu d'intérêt, dans une année où l'argent est un facteur moins prédominant pour les riches équipes de la NFL en raison de l'absence d'un plafond salarial?
Comment se fait-il que les Rams, Chiefs, Raiders, Redskins, Buccaneers, Bears et Seahawks aient tous préféré passer leur tour, même s'ils lutteront vraisemblablement pour une place en séries au cours des prochains mois et qu'ils ont tous une faiblesse au niveau des ailiers espacés? Les Titans, eux, ont probablement pris une chance en réclamant Moss au ballotage parce que leur jeune receveur Kenny Britt pourrait rater le reste de la saison.
Pour ceux qui ne le savaient pas, Moss ne répond plus aux questions des médias. Depuis qu'il a reçu une amende de 25 000$ parce qu'il refusait de leur parler, il a plutôt décidé de s'interviewer lui-même. La déclaration d'amour qu'il a faite à Bill Belichick et aux Patriots après qu'ils eurent défait les Vikings, dimanche dernier, n'a donc pas été sollicitée. Moss n'est pas tombé dans le panneau d'un méchant journaliste.
Mais ce n'est pas seulement en raison de son témoignage déplacé de dimanche que les Vikings lui ont indiqué la porte de sortie. Et ce n'est pas parce qu'il n'a aucun match de 100 verges à ses 16 derniers et une moyenne de 46 par rencontre durant cette période qu'à peu près personne ne voulait de lui. C'est parce qu'il est une petite personne.
Des membres des Vikings ont raconté que Moss avait humilié un restaurateur venu cuisiner un repas pour l'équipe au terme de l'un de ses entraînements de la semaine dernière. «Je ne servirais même pas ça à mon chien», aurait lancé le receveur, provoquant un malaise chez ses coéquipiers, pourtant parfaitement satisfaits de ce qu'ils mangeaient. La classe, ça ne se trouve pas sur Twitter ou au dépanneur du coin.
On serait dupe de croire que ce comportement éhonté à l'endroit d'un cuisinier est à l'origine de son renvoi des Vikings. L'entraîneur-chef Brad Childress est lui-même sur la corde raide, et n'avait surtout pas besoin d'un receveur effronté qui ne le respectait pas dans son club. Un gars qui chantait les louanges de l'entraîneur adverse une demi-heure après avoir perdu contre lui. Childress n'a pas perdu de temps, lui qui doit déjà cohabiter avec un autre joueur qui ne vieillit pas très bien, Brett Favre.
Belichick en est un autre qui n'a pas trop niaisé lorsqu'il en a eu soupé de Moss. Le receveur ne se sentait pas assez apprécié? Pas assez désiré? N'obtenait pas le mérite qui lui revenait? Dehors! Va bouder ailleurs.
Moss a obtenu ce qu'il voulait - ou plutôt ce qu'il disait vouloir -, en étant échangé au Minnesota, où il a commencé sa carrière en 1998. «Si je devais changer d'équipe, c'est avec celle-ci que je voulais me retrouver», a-t-il dit à son arrivée. Sauf qu'il a eu une drôle façon de le montrer. À ses quatre matchs avec les Vikings, Moss a affiché l'intensité d'une tranche de pain. Il l'a déjà dit, il joue quand le coeur lui en dit. Parlez-en à Al Davis et aux Raiders, qui ont dû se sentir assez ridicules d'avoir cru que Moss les aiderait à sortir de leur marasme.
Comme Barry Bonds?
Mon journaliste préféré est le cinglant Matt Taibbi, du Rolling Stone, qui écrit sur la politique américaine et, à l'occasion, sur la NFL. Avant même que les Vikings ne congédient Moss, Taibbi se demandait si celui-ci n'était pas le Barry Bonds du football, un joueur immensément talentueux, qui ne gagnera cependant jamais un championnat. À cause de l'aura qu'il traîne, de sa disposition, abhorrée par trop de joueurs dans le vestiaire.
Taibbi souligne que Moss faisait partie des Vikings de 1998, qui ont perdu en finale de conférence après avoir gagné 15 de leurs 16 matchs réguliers, et des Patriots de 2007, qui n'ont perdu qu'un match, celui du Super Bowl.
Apeurées par sa pas très édifiante feuille de route, certaines équipes ont regretté de ne pas avoir repêché Moss en 1998. Jerry Jones s'est même excusé auprès du joueur de 33 ans, il y a quelques semaines, un geste plein de sagesse. Si le proprio souhaite corriger son erreur, il pourra offrir à Moss le gros contrat que celui-ci tentera d'obtenir, cet hiver. Il saurait sûrement sortir les Cowboys de leur marasme, comme l'a fait Terrell Owens.
Calendrier du week-end
DIMANCHE 13H
Jets de NY c. Detroit
San Diego c. Houston
Tampa Bay c. Atlanta
La Nouvelle-Orléans c. Caroline
Chicago c. Buffalo
Arizona c. Minnesota
Nouvelle-Angleterre c. Cleveland
Miami c. Baltimore
DIMANCHE 16H
Giants de NY c. Seattle
Indianapolis c. Philadelphie
Kansas City c. Oakland
DIMANCHE 20h
Dallas c. Green Bay
LUNDI 20h30
Pittsburgh c. Cincinnati
Les choix de Miguel
Jets de NY 8
Houston 6
Atlanta 10
La Nouvelle-Orléans 15
Chicago 3
Minnesota 7
Nouvelle-Angleterre 11
Baltimore 9
Giants de NY 13
Philadelphie 4
Oakland 5
Green Bay 14
Pittsburgh 12