La convention collective de la LCF viendra à échéance le 5 juin, et les négociations entre la Ligue et l'Association des joueurs seraient au point mort. Or, une rencontre entre les deux parties est prévue le 26 avril et les joueurs ont bon espoir qu'un conflit de travail pourra être évité.

«Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais je reste optimiste. Il n'y a pas eu de conflit de travail dans la LCF depuis 1974 et notre ligue ne peut pas vraiment se permettre de cesser ses activités. Il faut comprendre que c'est le jeu des négociations qui se déroule», a rappelé l'avocat et joueur des Alouettes Matthieu Proulx, hier.

Le quotidien The Gazette rapportait dans son numéro d'hier que le président de l'Association des joueurs, Stu Laird, avait récemment envoyé un courriel à ses membres afin de les aviser de bien se préparer à l'éventualité d'un arrêt de travail. L'extrait principal publié par The Gazette rappelait aux joueurs que la menace d'un lock-out planait toujours.

«Le comité exécutif de l'Association des joueurs considère que la possibilité que la LCF impose un lock-out est bien réelle. Ce faisant, les joueurs devraient prendre les dispositions financières nécessaires au cas où ils ne recevraient pas de chèques de paie lors de l'ouverture des camps d'entraînement, le 6 juin», a écrit Laird dans le courriel qu'il a envoyé aux joueurs, lundi.

Un mot d'ordre de ne pas commenter le déroulement des négociations publiquement a été donné aux deux parties il y a plusieurs mois déjà, et Laird a respecté cette consigne à la lettre, hier.

«Notre position a toujours été de ne pas commenter les négociations publiquement, et c'est ce qu'on continuera de faire», a-t-il systématiquement répondu à nos questions en entrevue téléphonique.

Proulx s'interrogeait d'ailleurs quant à l'intérêt de divulguer le contenu du courriel confidentiel envoyé par Laird. «Je ne veux pas dire que c'est une tempête dans un verre d'eau, mais c'était un peu alarmiste pour rien. L'Association des joueurs nous avise depuis le mois de juin de nous préparer à cette possibilité, ce n'est rien de nouveau. C'est sûr que si on n'est pas au courant du déroulement des négociations et qu'on voit un courriel comme celui-là, ça peut faire peur. Mais on nous avait déjà dit tout ça.»

Proulx ne croit pas que la possibilité d'un lock-out soit maintenant plus grande. «Je ne pense pas que l'Association ait envoyé ce courriel parce que la menace est soudainement plus importante. C'est plutôt afin de rappeler aux joueurs que la possibilité d'un arrêt de travail existe, et qu'il faut être prévoyant. On ne gagne pas des millions dans notre ligue, alors c'est important d'économiser.»

Un autre joueur des Alouettes, qui a requis l'anonymat, tenait essentiellement le même discours que Proulx.

«Suis-je inquiet? Pas vraiment, mais je me suis préparé à toute éventualité. De toute façon, c'est toujours ce qu'on doit faire lorsqu'on est en négociations, il n'y a rien de sorcier là-dedans.»

Moins de joueurs canadiens?

Parmi les points litigieux, notons le désir de la partie patronale de diminuer, ou même d'éliminer, le pourcentage des recettes qui doit être versé aux joueurs. Ceux-ci auraient touché 56% des revenus de la ligue en 2009, alors que chacune des équipes devait respecter un plafond salarial de 4,2 millions.

La LCF aimerait également que le ratio de joueurs canadiens soit revu à la baisse. Les équipes doivent avoir au moins 20 Canadiens parmi leurs 42 joueurs réguliers.

La LCF voudrait diminuer ce nombre, car les Américains commandent généralement des salaires moins élevés que les Canadiens.

Mais selon un autre joueur ayant requis l'anonymat, le résultat d'une telle initiative pourrait au contraire coûter plus cher aux propriétaires.

«Ça permettrait aux meilleurs joueurs canadiens de gagner plus d'argent, car c'est évident qu'ils auraient un plus grand pouvoir de négociation.»

Proulx ne pense pas que le règlement en question changera.

«Personnellement, je pense que c'est un outil de négociation. Ça n'a aucun sens. C'est une ligue canadienne, le calibre des joueurs d'ici n'a jamais été aussi bon, et les partisans veulent pouvoir s'identifier à des joueurs canadiens.»