«Merci Sam.» C'est ce message simple que les Alouettes de Montréal affichent sur leur site Internet depuis samedi, jour où Sam Etcheverry est décédé à la suite d'un combat de sept ans contre le cancer.

Et c'est de cette façon que Larry Smith a conclu son éloge funèbre, jeudi, à l'occasion des funérailles de l'ancien quart légendaire de la Ligue canadienne de football.

«Merci Sam, nous l'apprécions», a dit Smith, président de l'équipe actuelle des Alouettes et joueur de la formation montréalaise qu'Etcheverry a dirigée dans les années 1970.

Ce qui était approprié dans les circonstances, à la suite d'une cérémonie sobre, en hommage à un homme qui l'était tout autant.

«Je me rappelle qu'à ma première année avec les Alouettes, personne ne m'avait dit si j'avais été retenu avec l'équipe à la fin du camp, a raconté Smith. J'étais allé voir Sam pour lui demander et tout ce qu'il a répondu, c'est: «Je te revois dans quatre minutes'. J'ai insisté et insisté, j'ai dit: 'Sam, dis-moi si j'ai fait l'équipe ou non'. Et il m'a répondu: «Je te revois dans quatre minutes'. J'ai alors compris qu'il allait me garder.

«C'était ça, Sam Etcheverry: un homme de peu de mots. Quand il parlait, ça voulait dire quelque chose», a ajouté Smith, alors qu'il était à quelques mètres du cercueil d'Etcheverry, à la gauche duquel on avait placé une photo en noir et blanc du quart dans l'une de ces poses typiques de l'époque.

«Sam était un catalyseur», a aussi dit Smith en énumérant les différents aspects de la personnalité d'Etcheverry, qui a été admis au Panthéon du football canadien en 1969. «Il a été un catalyseur de l'équipe dans les années 1950. C'est grâce à lui si l'organisation (des Alouettes) est devenue ce qu'elle est aujourd'hui.

«Sam était une superstar. J'ai vu sa détermination, son instinct de compétiteur, sa fierté. C'était un homme coriace, qui menait par l'exemple. Il était juste. Et sensible, bien qu'il fallait apprendre à le connaître pour voir son côté plus sensible. C'était aussi un homme sans prétention.

«Et Sam a fait sa vie à Montréal, à une époque où les joueurs américains qui décidaient de rester étaient très rares.

«Au cours de notre vie, nous nous demandons tous si nous avons fait une différence d'une façon ou d'une autre. Dans le cas de Sam, la réponse est claire: il a fait une énorme différence», a aussi dit Smith de celui qui a été le premier quart dans l'histoire de la LCF, en 1956, à atteindre le cap des 4000 verges de gains par la passe en une saison.

«À une époque où toutes les équipes couraient plus souvent qu'autrement avec le ballon», a souligné Smith.

La cérémonie a été tenue devant un peu plus de 200 personnes à la Basilique Saint-Patrick, au centre-ville de Montréal. Parmi les personnes venues «célébrer la vie» d'Etcheverry, comme l'a indiqué l'abbé Francis Coyle, et offrir leurs condoléances à l'épouse d'Etcheverry, Sinikka, ainsi qu'à ses enfants Steve, Mike, Nancy et Jennifer, on retrouvait notamment des membres des équipes des Alouettes des années 1960, tels que Willie Lambert et Gino Berretta, et aussi des joueurs qui ont joué sous les ordres d'Etcheverry dans les années 1970 tels que Smith, Pierre Desjardins et Peter Dalla Riva.

Les joueurs de l'édition actuelle des Alouettes sont présentement à Vancouver. L'équipe affrontera les Lions de la Colombie-Britannique vendredi soir.

Un père avant tout

«Pour nous, il n'était pas un joueur de football, il n'était pas une légende, il était notre père», a déclaré Steve Etcheverry après avoir escorté le cercueil, drapé d'une bannière ornée de l'ancien logo des Alouettes, à la sortie de la basilique. «Il a été très bon pour nous, les enfants. Il soutenait tout ce que nous faisions. Il va nous manquer beaucoup.

«Il était juste, honnête, sincère. C'était un gros travaillant. Il avait beaucoup d'affection pour sa famille et ses amis, a ajouté le fils aîné de la famille. C'était également important pour nous, au sein de la famille, de voir à quel point les gens avaient beaucoup de respect et d'affection pour lui.

«Sa mort est pour lui une délivrance. Il avait toujours été très actif et les derniers mois avaient été très difficiles à vivre.»

Près de ses joueurs

Pierre Desjardins a joué pour Etcheverry en 1970, l'année où ce dernier a remporté la première coupe Grey de sa carrière. Les Alouettes avaient alors surpris en remportant le championnat, après avoir connu une saison moyenne.

«(Etcheverry) avait décidé de transformer l'équipe de façon importante. On avait plusieurs nouveaux joueurs, des jeunes, qui ont été la base des succès de l'équipe plus tard dans les années 1970, a indiqué Desjardins lorsque croisé à son arrivée à la basilique. Ces joueurs-là avaient tellement d'admiration pour Sam qu'il pouvait leur demander n'importe quoi et ils le faisaient.

«De voir Sam, le jour de notre conquête de la coupe Grey, lui qui ne l'avait jamais gagnée après avoir participé à plusieurs finales... C'était évident que pour lui, c'était un très grand moment.

«Il partageait beaucoup ce que vivaient les joueurs. Par moments, c'était difficile pour lui de se dissocier de l'émotion et d'avoir un peu de recul. Mais moi, en ce qui me concerne, il a été une personne fantastique.»

«Il adorait se retrouver dans le vestiaire avec les gars, et les fréquenter après les matchs, a affirmé Dalla Riva. On avait toujours beaucoup de plaisir quand il était là.»