Les Steelers de Pittsburgh ont remporté le Super Bowl il y a trois ans, mais ça ne leur a pas permis d'effacer une question existentielle: pourquoi sont-ils incapables de gagner un match de championnat d'association devant leurs partisans?

Les grandes formations des Steelers des années 1970 salivaient à l'idée d'être les hôtes de la finale d'association au Three Rivers Stadium. Dans cette enceinte sportive maintenant démolie, les Steelers ont perdu le match de championnat de 1972 face aux Dolphins de Miami, que personne n'a battus cette année-là, avant de signer trois victoires en autant de tentatives entre 1975 et 1979.

Y avait-il quelque chose de plus intimidant pour un joueur visiteur que de voir tournoyer toutes ces «Terrible Towels» (Terribles Serviettes) lors d'un match éliminatoire à Pittsburgh?

Elles tournoyaient lorsque Terry Bradshaw complétait une longue passe à l'ailier espacé John Stallworth; elles tournoyaient de nouveau quand le demi Franco Harris complétait une course hors-bloqueur, et encore quand Joe Greene terrassait le quart rival.

Les Raiders d'Oakland se sont plaints de devoir jouer sur des terrains qu'on avait volontairement laissé geler et se sont dit victimes de mauvaises décisions - qui ne se souvient pas de l'Attrapé Miraculeux (The Immaculate Reception) par Harris en 1972. Mais un fait demeure: un match éliminatoire à Pittsburgh, à cette époque, poussait plus souvent l'équipe adverse vers les vacances.

Puis, pendant 15 ans, les Steelers n'ont plus accueilli un seul match de championnat de l'Association américaine et, soudainement, la magie a disparu.

Quand la ville de Pittsburgh est redevenue le site de la finale de l'AFC, l'avantage du terrain ne s'est jamais fait sentir. Les Steelers ont beau posséder la meilleure fiche à domicile depuis la fusion de 1970, leur dossier est de 1-4, depuis 1994, lorsqu'ils ont accueilli la rencontre ultime de l'Association américaine, chaque fois sous les ordres de l'ancien entraîneur en chef Bill Cowher.

Leur seule victoire, par un score de 20-16 face aux Colts d'Indianapolis en janvier 1996, a été le résultat d'un effort bien moyen. Les Colts avaient complété la saison avec un dossier de 9-7 et personne ne les croyait capables de franchir le premier tour éliminatoire. Les Steelers ont éventuellement subi une défaite de 27-17 face aux Cowboys de Dallas lors du Super Bowl.

Cinq membres des Steelers, cuvée 2008-2009, ont vécu les deux revers aux mains des Patriots de la Nouvelle-Angleterre en 2001 (24-17) et en 2004 (41-27).

«J'ai perdu deux de ces matchs à domicile, et ce n'est pas très plaisant», a reconnu l'ailier défensif Aaron Smith.

«Ces revers resteront gravés à jamais dans ma mémoire, a ajouté Smith. Peu importe le nombre de conquêtes du Super Bowl, vous n'oubliez jamais ces finales d'association que vous perdez.»

Après leur défaite contre les Patriots il y a quatre ans, et ce malgré une fiche globale de 16-1, les Steelers se sont relevés la saison suivante. Lors des séries éliminatoires, ils ont mérité trois victoires à l'étranger avant de vaincre les Seahawks de Seattle lors du Super Bowl. Le fait d'évoluer à l'extérieur de Pittsburgh, loin de tous ces échecs passés, a semblé avantager les joueurs des Steelers.

Ce dimanche, les Steelers retrouveront leurs partisans ce qui ne serait pas arrivé si les Ravens de Baltimore n'avaient pas surpris les Titans du Tennessee samedi dernier.

Smith a tenté d'expliquer à ses plus jeunes coéquipiers à quel point une finale d'association est différente d'autres matchs.

«Je crois que tout le monde saisit l'importance d'un tel match, mais les plus jeunes joueurs ne savent peut-être pas quelle allure cette rencontre prendra. Ce sera la partie la plus robuste de leur carrière et ils seront complètement vidés. C'est ce que les jeunes joueurs ne comprennent pas.»

Ce sera la 14e fois, dimanche, que les Steelers seront les hôtes de la finale de l'Association américaine, ce qui leur permettra de rejoindre les Raiders d'Oakland au premier rang à ce chapitre.

«Il y a de quoi être fier, a admis l'ailier espacé Hines Ward. Je ne veux pas de manquer de respect envers les Penguins ou les Pirates, mais les amateurs de sports ici veulent un gagnant du Super Bowl année après année. Ce sont leurs attentes et rien de moins n'est acceptable. Grâce aux grandes équipes des années 70, ils veulent gagner le Super Bowl tous les ans.»