Dans le coin bleu, les Giants de New York. Dans le coin vert, les Eagles de Philadelphie. On regarde ça, et on voit quoi? On voit deux équipes qui ne s'aiment pas beaucoup.

Cette haine remonte très loin. Elle était là dans les années 1970. Des les années 1980 et 1990 aussi. Aujourd'hui, si ça se trouve, c'est encore pire. Surtout depuis que certains membres des médias ont osé comparer ces Eagles aux Giants de 2007...

Pas besoin de vous dire que les Giants n'ont pas apprécié.

«Aucune équipe ne peut être comparée à nous sans avoir gagné le Super Bowl, a tenu à préciser le secondeur vedette des Giants, Antonio Pierce, vendredi. Ce n'est même pas un sujet qui devrait être abordé. On ne devrait même pas en parler...»

Son pote Justin Tuck, l'ailier défensif, s'est montré un brin plus cinglant. «Si vous voulez trouver les Giants de 2007, allez voir par-là», a-t-il dit en pointant le vestiaire de son équipe.

C'est clair, il y a certains joueurs new-yorkais qui vont avoir du feu dans les yeux cet après-midi, au moment de sauter sur le terrain pour cette finale de division face aux Eagles. Même si ce sont les gars en bleu qui ont le titre en main, c'est plutôt la bande de Philadelphie qui est le choix branché des experts. Des experts qui voient en cette bande en vert une équipe du destin... à la manière des Giants d'il y a un an.

Les Eagles, c'est vrai, se sont mis à jouer au bon moment. Après un mois de novembre presque désastreux, les Eagles ont conclu avec quatre victoires à leurs cinq derniers matchs, incluant une claque de 44-6 administrée aux Cowboys lors d'un match crucial en fin de saison. À l'ouverture des séries il y a une semaine, les Eagles se sont permis d'aller au Minnesota pour y surprendre les Vikings.

Et voilà qu'ils s'amènent au New Jersey pour y affronter les champions. Pourront-ils poursuivre sur leur formidable lancée, eux qui ont battu les Giants ici même le 7 décembre, par la marque de 20-14 ?

«La dernière fois, ils étaient plus affamés que nous, a reconnu le demi Brandon Jacobs, qui va effectuer un retour au jeu aujourd'hui. En même temps, on connaît ces gars-là, on joue contre eux deux fois à chaque saison. Ce ne sera pas facile, on va en avoir plein les bras.»

Probablement, oui. Derrick Ward, le pote de Jacobs dans le champ-arrière des Giants, a parlé d'un choc «épique», rien de moins.

«Nous avons affronté de bonnes défenses cette saison, a dit Ward. Baltimore, Pittsburgh... Je pense que la défense des Eagles fait aussi partie de cette catégorie. Ça va être une bataille entre deux bonnes équipes.»

Même l'entraîneur Tom Coughlin, un monsieur qui n'a pas l'habitude de se laisser aller aux débordements d'avant-match, semblait tout excité à l'approche du grand jour cette semaine.

«On parle ici d'une grande rivalité entre rivaux de division, a expliqué le coach. Souvent, quand on joue contre eux, l'enjeu n'est pas décidé avant la dernière remise du ballon. C'est toujours très serré.»

Les Giants, qui sont du genre à avoir la mémoire longue, n'ont toujours pas digéré la défaite de décembre face aux Eagles. Ces derniers sont d'ailleurs les seuls visiteurs à avoir pu arracher une victoire dans la cour des Giants cette saison.

Le domicile des hommes en bleu, disons-le, n'a pas très bonne réputation. Ça va des fans, dont le langage ordurier pourrait faire rougir n'importe quel groupe de gangsta rap, aux célèbres vents du Meadowlands, qui pourraient finir par faire tomber les poteaux des buts un de ces jours.

«Nous n'aimons pas quand nous sommes incapables de finir le travail, et la dernière fois qu'ils sont venus ici, on a été incapables de finir le travail, a fait savoir Justin Tuck. Ce match va nous donner l'occasion de corriger certaines choses...»

Tuck, l'un des leaders en défense dans le camp new-yorkais, sera bel et bien au poste cet après-midi, même s'il traîne encore des blessures à la jambe et au genou. Mais ça, c'est juste un détail. C'est les séries, après tout.

«Oui, j'ai mal partout, a admis Tuck. Mais vous savez quoi? Tout le monde a mal partout à ce moment-ci de la saison. Je ne suis pas à 100 %, mais je vais être sur le terrain, même si c'est sur une seule jambe...»