Le gérant des Phillies de Philadelphie, Charlie Manuel, peut certainement en confondre quelques-uns avec son fort accent des Appalaches et son parler parfois folklorique.

Il n'est pas toujours évident, pour ceux qui ne côtoient pas Manuel très souvent, de bien saisir tout ce qu'il dit. Né en Virginie occidentale, il a grandi en Virginie et possède l'accent prononcé de cette région des États-Unis. 

Manuel n'est pas à l'aise devant les caméras et les microphones, et il ne donne pas l'impression d'être un grand maître de la langue anglaise.

Le sympathique homme de 64 ans aurait bien cadré dans la distribution des Dukes of Hazzard. Des membres des médias de Philadelphie et des amateurs ont déjà tourné en dérision son élocution et son parler, mais ses habiletés comme gérant ne font aucun doute.

«Il suffit de voir la progression de cette équipe pour savoir à quel point il a été important, a dit Dallas Green, qui dirigeait les Phillies lors de leur seule conquête de la Série mondiale, en 1980. Il est demeuré constant et positif. Il a discrètement instauré une discipline et fait comprendre à l'équipe qu'il y a des règles à suivre, et qu'ils doivent les respecter.»

Manuel a plus de facilité à s'exprimer en petits groupes, ou bien lors d'entrevues individuelles. Lorsqu'il ne fait que parler de choses et d'autres, Manuel est un excellent raconteur, qui peut être très drôle. Et il ne passe pas par quatre chemins pour dire ce qu'il a dire. Il dit les vraies choses, mais il ne va pas se mettre à critiquer ses joueurs.

De Manny Ramirez à Chris Coste, aussi bien les vedettes que les réservistes adorent jouer pour Manuel. Lorsqu'il était le gérant des Indians de Cleveland, il avait une relation si forte avec Ramirez que les deux hommes la considèrent comme une relation père-fils.

«Il y a déjà assez de pression comme ça et ce n'est pas lui qui va en ajouter, a dit Coste. Il a sa façon à lui de vous faire sentir comme si vous avez eu une journée de quatre en quatre, même si vous avez été 0 en 4. Quand il arrive dans le vestiaire, il est comme votre oncle préféré ou votre grand-père préféré. Vous voulez aller lui donner l'accolade, c'est le genre de gars qu'il est.»

Manuel est un bonhomme sincère et authentique. Certains gérants aiment bien garder leurs distances des journalistes, mais Manuel est amical et affable.

Il envoie personnellement des cartes de Noël signées de sa main aux journalistes, dans le temps des Fêtes. Et parfois, dans la saison morte, on le voit s'arrêter dans les bureaux des Phillies et jaser avec des employés qu'il n'a jamais rencontrés auparavant.

Dans ses jeunes années, Manuel a décliné une bourse d'études de la très réputée Université de la Pennsylvanie, où il aurait joué au basketball, car il devait supporter sa mère et une très grande famille.

Le père de Manuel est décédé quand ce dernier était à sa dernière année d'école secondaire. Manuel, fils aîné parmi 11 enfants, est alors devenu la figure du père dans la famille, ainsi que celui qui amenait de l'argent aux siens.

Même s'il brillait dans trois sports, Manuel n'a pas hésité à délaisser la chance d'aller à l'université et d'y exercer un sport. Il savait que sa famille avait besoin de lui. Il a travaillé de nuit dans une scierie, en même temps qu'il terminait son secondaire, et il était payé moins de 50 $ US par semaine. Un an plus tard, Manuel a signé un contrat avec les Twins du Minnesota, ce qui lui a permis d'envoyer plus d'argent à sa famille.

Manuel n'a pas connu une longue carrière dans les majeures, montrant une moyenne de ,198 en 242 matches avec les Twins et les Dodgers de Los Angeles. Il s'est toutefois distingué comme cogneur au Japon, frappant 189 circuits en six saisons là-bas; si certains trouvent que Manuel a des ennuis en anglais, imaginez-le en train de parler japonais.