John Farrell a pris les rênes des Blue Jays de Toronto en n'ayant pas d'expérience à titre de gérant, que ce soit dans les ligues majeures ou mineures. Ça a ses avantages, dit-il.

«J'arrive ici avec un dossier vierge, indique Farrell. Je n'ai pas beaucoup d'idées préconçues sur les choses que je pourrais voir ou faire dans un match de baseball.»

Les désavantages? «C'est Alex qui pourrait les avoir. Il pourrait dire qu'il a pris une chance», explique Farrel, sourire aux lèvres.

Alex Anthopoulos, le directeur général des Jays, doute qu'il ait à défendre son choix. En Farrell, il n'a pas qu'embauché l'instructeur des lanceurs des Red Sox de Boston des quatre dernières saisons. Il a aussi embauché l'ex-directeur du développement des joueurs des Indians de Cleveland.

De 2002 à 2006, Farrell a supervisé tout le réseau de développement des Indians - les joueurs, les entraîneurs, le personnel - ainsi que leurs programmes au Venezuela et en République dominicaine. Il s'occupait d'acquérir des joueurs des majeures et de mettre sous contrat des joueurs autonomes des ligues mineures.

«Il passe d'un enclos à 12 lanceurs à un personnel de 25 joueurs, a résumé Anthopoulos. Avec Cleveland, il était en charge de tous leurs clubs-école.»

Anthopoulos a mis Farrell sous contrat en octobre dernier pour remplacer Cito Gaston. Celui qui a mené les Jays à deux conquêtes de la Série mondiale, en 1992 et 1993, en était à son deuxième séjour avec le club.

Farrell n'est pas le seul à avoir emprunté ce chemin. Plusieurs gérants des majeures ont connu du succès sans fourbir leurs armes dans les ligues mineures, notamment Gaston, Lou Piniella et Joe Torre. Plusieurs équipes l'ont courtisé au fil des ans. C'est pourquoi les Red Sox lui avaient octroyé un lucratif contrat - assorti d'une clause l'empêchant de discuter avec d'autres équipes avant la fin de 2010 - à l'issue de la saison 2008.

C'est ce qui a empêché les Indians, avec qui il a lancé dans cinq de ses huit saisons dans le baseball majeur, de lui offrir le poste quand ils ont congédié Eric Wedge à l'automne 2009.

Maintenant que Toronto lui a mis la main dessus, l'une de ses premières et plus importantes tâches est d'écouter ses instructeurs, dont quelques-uns faisaient partie de l'équipe de Gaston. Et il croit arriver avec un avantage sur lequel plusieurs gérants ne peuvent pas compter.

«Il ne s'agit pas ici d'un club qui a subi 100 défaites et qui fait table rase, a expliqué Farrell. C'est une équipe qui a remporté 85 matchs et qui s'en va dans la bonne direction. En les affrontant, vous pouviez voir plein de belles choses. En parlant avec Alex, j'ai confirmé ce que j'avais vu.»

Les nouveaux gérants arrivent souvent avec leurs adjoints. Si Farrell a invité l'ex-gérant des Mariners de Seattle Don Wakamatsu à se joindre à lui à titre d'instructeur de banc, il a retenu les services de trois principaux alliés de Gaston: Brian Butterfield (troisième but), Bruce Walton (lanceurs) et Dwayne Murphy (frappeurs).

«Je serais fou de ne pas les écouter, a dit Farrell. C'est important d'offrir aux gens la chance de donner leurs opinions.»

Farrell dit que les discussions commencent souvent vers 5h30, autour d'un café, «juste pour élaborer les scénarios possibles dans les matchs à venir».

«Une partie de ça est dû au fait que c'est la première fois que je me retrouve dans cette position. Je veux entendre ce que ces gars ont à dire. C'est là que d'arriver avec aucune idée préconçue me vient en aide.»