Perché dans les hauteurs du champ droit de Fenway Park, Dennis Eckersley pouvait voir tous les espoirs s'estomper pour les Red Sox de Boston. Il pouvait aussi l'entendre: pas de son, ni d'espoir.

«Les gens étaient assis en silence. Je ne me souviens pas avoir connu cet endroit aussi silencieux», a déclaré le membre du temple de la renommée, vendredi. 

«Ce n'est pas comme si les Rays avaient marqué leurs points sur des roulants. Ils ont frappé circuits par-dessus circuits. Boom! Boom! Boom!», a ajouté l'ancien as des Red Sox, maintenant analyste pour le réseau TBS, au cours d'un entretien téléphonique.

Et puis, soudainement, tout a changé jeudi soir.

Tirant de l'arrière par sept points après deux retraits en septième, les champions en titre de la Série mondiale sont venus de l'arrière pour remporter le match et resserrer l'écart qui les sépare des Rays de Tampa Bay, qui mènent la série de championnat de la Ligue américaine 3-2.

«Assez magique» a dit le gérant des Red Sox, Terry Francona.

Alors que les deux clubs ont profité d'une journée de congé, le reste de la planète baseball a tenté de découvrir comment les Red Sox avaient pu combler le plus important écart en séries depuis la saison 1929.

Peut-être que ça a commencé quand le gérant des Rays, Joe Maddon, s'est tourné vers son enclos trop tôt. Ou quand le releveur numéro un des Red Sox, Jonathan Papelbon, est entré dans le match plus tôt. Peut-être que ça a été la tentative d'amorti de David Ortiz. Ou bien Dustin Pedroia qui frappe une balle fausse à la suite d'un dur lancer.

Les plus surpris ont dû être ceux qui ont quitté Fenway, qui ont fermé leur téléviseur ou qui ont changé de chaîne pour ne jamais revenir. Des millions d'entre eux, en fait.

Voici ce qu'ils ont manqué: 7-0 Rays. Deux retraits en septième. Un coureur sur les sentiers. Les Red Sox l'ont finalement emporté 8-7.

J.D. Drew est venu couronner cette remontée historique un peu après minuit, en frappant un simple bon pour un point après deux retraits en neuvième. Une erreur de la recrue toute étoile Evan Longoria sur un roulant de Kevin Youkilis a permis à Drew de venir frapper contre J.P. Howell au lieu de porter le match en 10e.

Retiré du match en cinquième, le partant des Red Sox Daisuke Matsuzaka fait partie des gens qui ont raté cette remontée. Il avait mieux à faire que de défier le destin.

«J'étais dans le vestiaire, car je m'y trouvais en septième et en huitième manches quand nous avons marqué tous ces points. J'ai bien vu que le vent tournait en notre faveur, a-t-il dit avec l'aide d'un traducteur. Je n'étais quand même pas pour bouger de là.»

Assis avec Manny Delcarmen dans un sofa du vestiaire, Matsuzaka et son traducteur n'avaient qu'un conseil pour le releveur des Red Sox.

«Ils m'ont dit de ne pas bouger», a avoué Delcarmen.

Peu importe, ça a fonctionné.

Quand Coco Crisp a produit le point égalisateur avec un simple en huitième, le vieux stade a tremblé.

«C'est pas mal le moment le plus incroyable que j'aie vécu dans ma carrière», a admis Crisp.

Les choses regardaient plutôt mal pour les Red Sox. Quelques manches plus tôt, Scott Kazmir dominait les Bostoniens et les amateurs ont même hué Ortiz après qu'il eut été retiré. Mais l'histoire a été réécrite.

Les Red Sox tenteront maintenant de créer l'égalité samedi, alors que Josh Beckett affrontera James Shields à Tampa Bay. Maddon a été clair: cette équipe aura oublié ce qui s'est passé - ou aura tenté de le faire - et sera prête.

«Plus on ressasse du négatif, plus ça vous empoisonne l'existence. Alors on ne fera pas ça», a-t-il conclu.