(Montréal) La nouvelle émanant du Bureau du maire de St. Petersburg ne pouvait que réjouir Stephen Bronfman.

Mercredi soir, tandis que les Nationals de Washington remportaient la première Série mondiale de leur histoire, le quotidien Tampa Bay Times rapportait que le maire Rick Kriseman a admis que les Rays de Tampa Bay ont « formellement » demandé la permission d’explorer la possibilité de disputer une partie de leur saison à Montréal.

« Oui, il y a longtemps », a déclaré Kevin King, un haut fonctionnaire de la Ville, avant d’en déferrer au maire Kriseman.

« C’est un autre geste positif dans cette histoire de la possibilité du retour du baseball majeur à Montréal ! », a déclaré Bronfman dans un échange de courriels avec La Presse canadienne, jeudi, au sujet de cette annonce du Bureau du maire de St. Petersburg.

PHOTO RYAN REMIORZ, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Stephen Bronfman

À la tête du Groupe de Montréal, un groupe de gens d’affaires désirant ramener le baseball majeur à Montréal, Bronfman tente de faire le moins de vagues possible dans ce dossier, ne commentant que très rarement les décisions prises par Tampa Bay ou la MLB.

D’abord dévoilé par Stuart Sternberg, propriétaire des Rays, en juin dernier, ce projet de disputer une demi-saison à Montréal à l’arrivée du temps plus clément dans la métropole québécoise, vers la mi-juin ou la fin de celui-ci. Quelques jours plus tôt, le commissaire du baseball majeur, Rob Manfred, avait indiqué que le comité exécutif de la MLB avait donné la permission à Sternberg d’aller de l’avant avec ce projet.

Le lendemain de la conférence de presse donnée par Sternberg à St. Petersburg, Bronfman a affirmé que cette idée était la sienne et qu’elle n’était qu’un projet, jusqu’à ce que le comité exécutif de la MLB donne son aval.

« Quel timing incroyable que la même année où nous avons fêté les 50 ans des Expos, nous soyons assis ici pour discuter de la possibilité du retour du baseball majeur à Montréal avec un partenaire, les Rays de Tampa Bay, avait-il lancé à l’époque. […] On a une vraie chance de ravoir le baseball majeur à Montréal. »

Le projet se butait toutefois à un écueil de taille : Kriseman avait catégoriquement refusé de donner sa permission aux Rays, liés par un bail exclusif visant tous leurs matchs locaux jusqu’à la conclusion de la saison 2027, d’explorer ce projet.

La direction des Rays a rencontré par trois fois le plus haut fonctionnaire de la Ville, sans toutefois qu’on sache si Sternberg avait formellement demandé la permission à Kriseman d’aller de l’avant. Ce que le Tampa Bay Times nous a appris mercredi, c’est que cette demande pour disputer la moitié des matchs de saison avant la fin du bail actuel avait formellement été faite.

Le Times rapporte toutefois qu’il ne s’agit que d’une demande orale, pas d’une demande écrite. Les Rays n’ont pas voulu commenter, mais lors de l’annonce en juin, Sternberg avait évoqué la saison 2024 comme le point de départ de ce partenariat. Or, la porte est maintenant ouverte à ce que ce projet voit le jour possiblement avant cette date.

La prochaine étape dans ce dossier sera l’achat, par le Groupe de Montréal, du terrain près du bassin Peel où il souhaite ériger son stade de baseball de 32 000 places. En mai, Bronfman avait précisé que le promoteur immobilier Devimco se porterait acquéreur du terrain avec Claridge, société d’investissements détenue par Bronfman, comme partenaire financier et de développement du site de quelque 950 000 pieds carrés.

PHOTO YVES TREMBLAY, LES YEUX DU CIEL

Le bassin Peel

Les terrains visés appartiennent à la Société immobilière du Canada, un organisme public. La ville de Montréal dispose d’un droit de préemption sur ceux-ci.

Au début octobre, Bronfman est venu présenter son projet de développement du quartier, où il souhaite construire ce stade devant l’Office de consultation publique de Montréal. Le rapport de ces audiences devrait être publié au début de 2020, a fait savoir la porte-parole de l’organisme. Bronfman a notamment reçu l’appui de Tourisme Montréal au cours de ces audiences. L’organisme public voit le retour du baseball comme l’un des trois points centraux de la revitalisation du secteur Bridge-Wellington, situé dans le quartier Griffintown.

Il reste encore plusieurs questions sans réponse dans ce dossier, notamment la façon dont le calendrier serait divisé entre les deux villes, où seraient disputées les rencontres éliminatoires et quel nom porterait cette formation.

Quant aux Rays, la question du financement d’un nouveau stade demeure. Ils souhaitent quitter le Tropicana Field, mais jusqu’ici, ils ont été incapables de trouver du financement pour un stade pour 81 rencontres. Seront-ils en mesure d’en trouver pour une saison écourtée ? La — faible — base de partisans qui suit l’équipe continuera-t-elle à le faire à temps partiel ?

En 2019, les Rays n’ont attiré en moyenne que 14 734 spectateurs par match, la deuxième plus faible moyenne du Baseball majeur. Ils ont attiré la plus faible foule de leur histoire — 5786 spectateurs — contre les Blue Jays de Toronto en septembre. L’équipe a terminé dernière au chapitre des assistances de 2012 à 2017, et 29e au cours des deux dernières campagnes.