Aux prises depuis 2015 avec une hausse du nombre de circuits qui a généré une pluie d'hypothèses de la part des observateurs, le baseball majeur a mandaté un groupe de scientifiques dont les conclusions ont été rendues publiques jeudi. Oui, la balle voyage davantage qu'auparavant, ont déterminé ceux-ci, mais ils ignorent pourquoi.

QU'EST-CE QUI A MENÉ À CETTE ÉTUDE ?

Depuis 2015, et plus précisément depuis la deuxième moitié de la saison 2015, de plus en plus de circuits sont frappés dans le baseball majeur. Le total a été de 6104 lors de la saison 2017, un record de tous les temps. Le record précédent (5693) datait de la saison 2000, en plein coeur de l'ère des stéroïdes, ce qui a évidemment soulevé plusieurs questions. De façon générale, un pourcentage de plus en plus élevé des balles frappées traversent la clôture

Les stéroïdes n'étaient toutefois pas la seule hypothèse lancée par les observateurs. La balle elle-même est en fait celle qui faisait l'objet du plus de soupçons.

QUELLES HYPOTHÈSES ONT ÉTÉ REJETÉES ?

L'équipe assemblée par le baseball majeur était composée de neuf membres, pour la plupart des experts des mathématiques, de la physique ou des statistiques. Voici quelques-unes des hypothèses étudiées qui ne se sont pas montrées concluantes : 

• la température : il ne semble pas y avoir d'écart d'une température à l'autre ;

• la puissance des frappeurs : la vitesse de la balle à la sortie des bâtons n'a pas changé ;

• l'angle : l'angle donné à la balle par les frappeurs n'a pas changé ;

• les lanceurs : la stratégie des lanceurs n'a pas eu d'influence statistique significative ;

• les stades : presque tous les stades ont connu une hausse des circuits ;

• la cible des frappeurs : les frappeurs pourraient avoir augmenté leurs chances s'ils s'étaient mis à frapper la balle plus près des lignes, où la distance à parcourir est moins grande, mais ce n'est pas le cas ;

• la présence de plus de frappeurs de puissance : tous les types de frappeurs ont vu leur nombre de circuits augmenter ;

• les dimensions de la balle : le poids, la taille, la hauteur des coutures et le coefficient de restitution (rebond) des balles n'ont pas changé. Une visite de l'usine de fabrication de Rawlings, au Costa Rica, n'a pas non plus démontré de changements importants dans le procédé.

MAIS ALORS, POURQUOI ?

Parmi toutes les hypothèses étudiées, une seule s'est avérée scientifiquement : les balles d'aujourd'hui voyagent plus loin que les précédentes quand elles sont projetées dans les mêmes conditions (vitesse, angle et rotation).

Pour une balle qui quitte le bâton à 100 milles à l'heure avec un angle de 30 degrés et une rotation rétro de 2500 tours/minute, une balle de 2017 pourrait parcourir jusqu'à 6 pi de plus qu'une balle de 2014, ont mesuré les chercheurs.

Cela est attribuable plus précisément à une réduction du coefficient de traînée de ces balles.

Malheureusement, les scientifiques ont été incapables d'expliquer précisément ce qui a causé cette réduction de la traînée des balles. Des études plus poussées seront nécessaires.

De façon générale, une balle parfaitement lisse voyage moins loin qu'une balle ayant une certaine rugosité, car celle-ci crée autour d'elle des turbulences qui favorisent l'écoulement de l'air.

QUE FAIRE POUR RÉTABLIR LA SITUATION ?

Le comité a produit une liste de sept recommandations pour les décideurs du baseball majeur. Cela inclut de mettre sur pied une procédure avec le fabricant Rawlings pour mieux mesurer et suivre la portée des balles.

On souhaite aussi que le baseball majeur impose aux équipes des conditions strictes quant à la température et au taux d'humidité relative auxquelles les balles devront être conservées avant leur utilisation.

Les scientifiques recommandent aussi de standardiser l'application de terre sur les balles, puisque cette pratique peut avoir un effet significatif sur leur coefficient de traînée.