L'année 2016 sera-t-elle enfin la bonne pour Tim Raines ? À quelques heures du dévoilement des nouveaux élus au Temple de la renommée du baseball, l'ancienne gloire des Expos semble en bonne position pour se joindre à ce panthéon des légendes.

Du moins, c'est ce que laissent croire les données compilées par le blogueur Ryan Thibs, auteur du Baseball Hall of Fame Tracker (bbhoftracker.com). Chaque année, il recueille les choix des membres de la Baseball Writers' Association of America qui acceptent de rendre leurs votes publics.

Au moment d'écrire ces lignes, Raines recevait un vote sur 78,3 % des 166 bulletins que Thibs avait obtenus. Il serait ainsi l'un des quatre candidats intronisés cette année, avec Ken Griffey fils (100 %), Mike Piazza (86,7 %) et Jeff Bagwell (80,1 %).

Un joueur doit récolter au moins 75 % des voix pour être admis au Temple. Chaque électeur peut choisir un maximum de 10 joueurs parmi ceux qui figurent sur le bulletin de vote. On estime qu'environ 450 bulletins seront remplis au total.

L'an dernier, Thibs avait annoncé que Raines recevrait 60,2 % des votes. Il en a finalement obtenu 55 %. Les résultats officiels du présent scrutin seront connus à 18 h ce soir.

OPTIMISTE, MAIS PRUDENT

Joint par La Presse hier, Raines s'est dit optimiste quant à ses chances d'être immortalisé à Cooperstown cette fois-ci. Mais l'ex-voltigeur garde tout de même les deux pieds sur terre.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Tim Raines

Photo Bill Grimshaw, archives La Presse Canadienne

Tim Raines en 1989

Cela dit, Raines ne cache pas à quel point il serait honoré d'avoir sa place parmi les grands de son sport.

« Ce serait le glaçage sur le gâteau, dit-il. Ce serait la preuve que tout le travail que j'ai abattu et tous les hauts et les bas que j'ai vécus au cours de ma carrière dans le baseball majeur ont rapporté quelque chose. »

PLUS QUE DES STATISTIQUES

Les statistiques de Raines parlent d'elles-mêmes. En plus de ses 2605 coups sûrs, de sa moyenne au bâton de ,294 et de ses trois titres en Série mondiale, ses 808 buts volés le placent au quatrième rang de l'histoire du baseball majeur sur ce plan. Il a d'ailleurs réussi 70 vols ou plus à chacune de ses six premières saisons complètes, de 1981 à 1986.

Mais pour ceux qui l'ont côtoyé, l'impact de Raines se mesure bien au-delà des chiffres.

« Sa durabilité, la façon dont il filait vers le marbre... On paierait pour le voir. De nos jours, il n'y a pas beaucoup de joueurs pour lesquels je paierais afin de les voir », lance son ancien coéquipier Warren Cromartie.

« Je n'ai jamais entendu quelqu'un parler contre Tim Raines. Il semait la bonne humeur partout. Il prêchait par l'exemple », affirme pour sa part Jacques Doucet, descripteur des matchs des Expos à la radio de 1972 à 2004.

SYSTÈME À REVOIR

Pourquoi alors n'a-t-il pas déjà une plaque à son nom à Cooperstown ?

Selon Jacques Doucet, le fait que Raines ait surtout évolué à Montréal, un marché parfois obscur pour certains journalistes américains, peut peser dans la balance. Tout comme les problèmes de dépendance à la cocaïne dont il a souffert durant les années 80.

Mais à ses yeux, ce sont surtout les règles du scrutin qui ont privé Raines d'une place au Temple jusqu'ici.

« J'ai toujours eu beaucoup de difficulté à accepter qu'ils ont droit à 10 choix, mais que certains votent pour seulement sept joueurs. C'est un privilège de pouvoir voter. [...] Ce n'est pas parce que tu fais partie de l'Association que tu devrais voter. Tous les membres y ont droit, incluant des gens qui sont sortis du métier depuis longtemps ou qui sont là depuis peu », déplore-t-il.

Quoi qu'il en soit, le temps presse pour Raines, qui en est à sa neuvième et avant-dernière année d'admissibilité. S'il n'est toujours pas élu en 2017, les portes du Temple se refermeront devant lui pour de bon.

« Si je n'y suis pas, c'est peut-être parce que c'était voulu ainsi, observe Raines. Il y a une raison pour laquelle les choses se produisent. Ça n'enlève rien à ce que j'ai fait, et le baseball a été bon pour moi. C'est certain que je serais déçu, mais pas au point où ça pourrait m'envahir. »

La patience de celui qu'on surnomme Rock sera-t-elle finalement récompensée cette année ? On aura la réponse ce soir.