Lorsque l'équipe du Québec de la division Big League s'est amenée au championnat canadien des petites ligues de baseball, qui avait lieu à Thunder Bay en juillet, elle ne se doutait pas qu'elle allait réécrire l'histoire de ce tournoi quelques jours plus tard. À tel point que certains de ses joueurs sont désormais convoités par des recruteurs américains.

Elle ne s'en doutait tellement pas, en fait, qu'elle a bien failli ne pas être de la compétition.

«On ne savait pas si on allait participer ou non, raconte le lanceur et joueur de premier but Guillaume Gravel, en entrevue à La Presse. On s'est décidés à la dernière minute. On voulait surtout triper et avoir du fun.»

À son premier match, contre l'équipe de l'Ontario, le Québec a gagné 2-1. Le club a continué d'enchaîner les victoires par la suite, jusqu'à ce qu'il rejoigne la Colombie-Britannique en finale.

Puis, en manche de prolongation, Guillaume a donné la victoire aux siens en envoyant la balle dans la clôture, alors que les buts étaient remplis, pour faire 11-10 en faveur du Québec.

«Quand j'ai frappé, je n'ai même pas regardé la balle, se souvient le jeune homme de 19 ans. J'ai juste vu l'un de mes coéquipiers courir vers moi en sautant.»

Non seulement il s'agissait d'une première victoire en 33 ans pour l'équipe québécoise, c'était aussi la première fois que l'équipe championne ne connaissait pas la défaite (7-0) au cours du tournoi. Un record qui risque fort de tenir longtemps.

Des options sur la table

Ce triomphe a permis à la formation québécoise d'obtenir son billet pour les Séries mondiales Big League, disputées à Easley en Caroline-du-Sud au mois d'août. L'aventure américaine s'est toutefois déroulée bien différemment, alors que le club a perdu tous ses matchs.

«Le calibre de jeu n'est pas comparable. Quand tu joues contre des gars de 16 ans qui lancent à 95 km/h, ce n'est pas la même chose», fait valoir Guillaume.

Qu'à cela ne tienne, la simple présence de l'équipe du Québec n'a pas manqué d'attirer l'attention de dépisteurs issus de différentes universités américaines. Quelques joueurs ont été approchés, dont Guillaume.

Celui-ci contemple actuellement ses options. Des universités de l'Ohio, du New Jersey et de New York, entre autres, l'ont contacté. Il aimerait pouvoir aller jouer aux États-Unis dès le mois prochain, ou encore en septembre.

«Je dirais que j'ai parlé à 30 ou 40 équipes, explique-t-il. (...) Je veux rester près de ma famille, mais en même temps, c'est plus le fun d'aller au chaud, car tu peux jouer au baseball toute l'année.»

En attendant, Guillaume continue de travailler pour une entreprise de transport afin d'amasser de l'argent pour son séjour américain. S'il se garde bien de se laisser emporter par l'enthousiasme, il rêve déjà d'être repêché par une équipe du baseball majeur.

«J'aimerais être choisi par les Dodgers de Los Angeles, car je pourrais jouer avec mon joueur favori, Clayton Kershaw. Évidemment, ce serait un rêve de jouer pour les Expos si le baseball revenait à Montréal», conclut-il.