Une équipe du baseball majeur est-elle viable à Montréal? L'ancien président du conseil d'administration des Expos, Jacques Ménard, ne voit qu'un seul «scénario plausible»: qu'un propriétaire américain y déménage son équipe et que l'économie montréalaise «performe davantage à la hauteur de son potentiel».

«Toute activité professionnelle de sport se limite à une réalité: il y a tant de capitaux de loisirs dans une ville donnée. Le budget de loisirs ou le budget publicitaire sont des enveloppes fermées dans une ville. De là l'importance d'un mouvement comme "je vois mtl". Il va falloir que Montréal performe encore davantage comme métropole au Québec pour qu'on puisse renouer avec des capacités comme on avait dans le passé (à l'époque des Expos)», a dit Jacques Ménard, président de BMO Groupe financier au Québec.

Pour l'instant, il estime que le débat entourant le retour d'une équipe du baseball est «académique». Un groupe d'une dizaine de gens d'affaires, incluant l'ancien copropriétaire des Expos Stephen Bronfman, Bell, le PDG de Caesars Acquisition Mitch Garber et le PDG de Dollarama Larry Rossy, s'intéresse au projet de ramener une équipe du baseball majeur à Montréal. «La question, c'est: est-ce que le baseball majeur a le goût (de revenir à Montréal)? Je n'en ai aucune idée, aucune raison de croire que oui», a indiqué Jacques Ménard.

Au début des années 2000, l'ancien président du C.A. des Expos avait piloté un projet de stade au centre-ville, qui aurait été financé entièrement par le secteur privé. Le scénario privilégié par les études d'Ernst & Young évoque un partage des coûts de 33% par les propriétaires et 67% par les contribuables.

«Depuis, le gouvernement a mis 400 millions dans un stade à Québec. Est-ce que ça se fait dans la conjoncture actuelle? Peu de nouveaux stades sont construits sans un apport important de l'État. Ce serait le même cas à Montréal (...). À Québec, l'amphithéâtre a une mission sociétale plus large. On peut faire plusieurs choses. Un stade de baseball n'a d'utilité que pour 80 jours par année.»

Implication du privé

Réunis hier midi pour une conférence au Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), quatre patrons du sport professionnel à Montréal estiment tous qu'il est sage d'étudier la possibilité de ramener une équipe du baseball majeur à Montréal - une tâche qui revient au groupe de gens d'affaires chapeauté par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Citant une étude du Conference Board, le président de l'Impact, Joey Saputo, croit que Montréal peut faire vivre quatre équipes de sport professionnel (il y en a actuellement trois: le Canadien, l'Impact et les Alouettes). Il estime toutefois que les futurs propriétaires d'une équipe de baseball devraient payer au moins 50% du coût d'un nouveau stade.

«C'est délicat quand on parle de l'argent du gouvernement pour construire des stades ou ramener des équipes, dit-il. (Pour l'Impact en MLS), 80% a été du privé. C'est bien quand les gouvernements aident pour appuyer, mais la majorité de l'argent doit être du secteur privé (pour construire un stade).»

«Il y avait de la place quand les Expos étaient là, dit Geoff Molson, président du Groupe CH (Canadien, Centre Bell, evenko). Je reconnais combien c'est difficile de gérer une équipe et faire de l'argent, point final. Je n'ai pas la réponse, mais les Montréalais et les Québécois aiment le sport et le baseball, alors ça vaut la peine (d'étudier la question du retour du baseball majeur).»

Le promoteur du Grand Prix de F1 du Canada, François Dumontier, estime pour sa part que «Montréal serait un bon marché» pour le baseball majeur.

«Montréal est probablement la 16e agglomération urbaine en Amérique du Nord, dit-il. Des villes plus petites ont plus d'équipes. Montréal est un marché qui doit être développé.»

Le directeur de la Coupe Rogers, Eugène Lapierre, résume le débat comme suit: «Le simple citoyen va dire: "Est-ce que ça va me coûter quelque chose?"»