C'est un contrat historique que Russell Martin vient de signer.

Le receveur de 31 ans a signé lundi avec les Blue Jays de Toronto une entente de 5 ans d'une valeur de 82 millions qui fait de lui l'athlète québécois le mieux payé du sport professionnel.

Le contrat en soi est l'un des plus lucratifs de l'histoire du sport québécois. Au hockey, Vincent Lecavalier a déjà signé un contrat de 85 millions avec le Lightning de Tampa Bay, mais il était échelonné sur 11 ans. À vrai dire, le salaire moyen de 16,4 millions que s'est négocié Martin surpasse à peu près tout ce qui s'est vu chez les sportifs d'ici, y compris l'ex-lanceur Éric Gagné qui, en deux occasions, a touché 10 millions par année.

C'est également plus que les 12 millions qu'aurait touchés en 2013 le combattant Georges St-Pierre, selon l'évaluation de la revue Forbes.

En fait, seul le coureur automobile Jacques Villeneuve - qui, selon La Presse, empochait un salaire de 21 millions de l'écurie BAR en 2002 - peut se targuer d'avoir fait davantage en une seule année.

On peut aussi parler d'un contrat historique dans la mesure où, dans un sport dominé par les Américains et les pays d'Amérique latine, c'est une première de voir un Québécois occuper un poste de directeur général et octroyer un contrat des majeures à un joueur québécois.

Historique aussi pour les Blue Jays, une organisation traditionnellement peu encline à se tourner vers les joueurs autonomes. Le DG Alex Anthopoulos a fait de Martin la plus importante embauche dans l'histoire de la concession et lui a consenti le deuxième contrat en importance chez les Jays, après celui de Vernon Wells en 2006.

Deux années déterminantes

Pourquoi tout cet argent? En raison de deux saisons à Pittsburgh qui ont changé le cours de la carrière de Russell Martin.

Lorsque ce dernier a quitté les Yankees de New York à l'automne 2012, il pouvait monnayer une excellente réputation et un nombre de circuits qui avait augmenté dans l'enceinte du Yankee Stadium. Mais aux yeux de plusieurs, sa moyenne au bâton avait annoncé un déclin suffisant pour qu'on évite de s'engager à long terme avec lui. Martin s'était fait présenter des offres à court terme et avait fini par accepter un pacte de deux ans des Pirates de Pittsburgh.

Or, il a connu en 2014 l'une de ses meilleures saisons offensives en carrière, présentant une moyenne au bâton de ,290, avec 11 circuits et 67 points produits. Il a par ailleurs affiché une redoutable moyenne de présence sur les sentiers de ,402.

De plus, le Québécois s'est en quelque sorte imposé comme le capitaine de l'équipe pendant ses deux saisons à Pittsburgh. Même si le voltigeur Andrew McCutchen est considéré comme le joueur par excellence de la formation, on a reconnu l'influence déterminante de Martin dans la percée des Pirates, qui ont récolté respectivement 94 et 88 victoires lors des 2 dernières campagnes, après avoir pataugé dans la médiocrité pendant 2 décennies.

Qui plus est, il a continué à cimenter sa réputation d'excellent receveur défensif. Le lauréat du Gant d'or en 2007 a été finaliste pour le même honneur cette saison non seulement en raison de sa façon de diriger les lanceurs et de bloquer les lancers imprécis, mais aussi parce qu'il a réussi à épingler 28 coureurs en tentative de vol, le deuxième total des ligues majeures.

Rendez-vous au Stade olympique!

Ayant ramené sa moyenne au bâton au niveau où elle était à ses meilleures saisons avec les Dodgers de Los Angeles, l'athlète de 31 ans avait donc tous les éléments en main pour négocier en position de force et aller chercher le gros lot.

Et c'est ce qu'il a fait lundi.

Les Pirates voulaient le retenir, les Dodgers souhaitaient le rapatrier, et selon FOXSports, les Cubs de Chicago lui auraient offert dimanche un contrat de 4 ans évalué à 64 millions. En fin de compte, toutefois, Martin a choisi Toronto, là où il est né avant que ses parents déménagent à Montréal lorsqu'il avait 2 ans.

Ironiquement, son arrivée chez les Blue Jays pourrait forcer le départ de Dioner Navarro, le même receveur que Martin avait tassé à son arrivée dans les majeures lorsqu'il s'était imposé comme receveur numéro un des Dodgers.

Anthopoulos a parié sur un receveur qui aura 32 ans la saison prochaine pour aider au développement de quelques partants prometteurs. Ça lui a coûté cher, mais Martin améliorera certainement les Jays dès 2015.

Quant aux amateurs de baseball qui avaient l'intention d'assister aux deux matchs préparatoires des Jays au Stade olympique, le printemps prochain, ils viennent de recevoir un bonbon inattendu!