Le chemin inhabituel qu'a emprunté Joe Maddon jusqu'au bureau du gérant des Cubs de Chicago est passé par un parc de véhicules récréatifs de Pensecola, en Floride. Sa première sortie publique a été dans un bar de l'autre côté de la rue du Wrigley Field, où Maddon a offert une tournée aux clients présents.

«C'est la façon Hazleton», a-t-il dit, en référence à sa ville natale de Pennsylvanie.

Si les premiers pas de l'association entre Maddon et les Cubs se veulent un tant soit peu une indication des années à venir, ce sera très intéressant.

Maddon a apporté son style peu conventionnel avec lui à Chicago, lundi, où il a officiellement été présenté à titre de nouveau gérant des Cubs, leur cinquième depuis le début de 2010. Celui qui vient de signer un pacte de cinq ans et 25 millions $ US remplace Rick Renteria, congédié après seulement une saison. Entouré des très souriants Theo Epstein et Jed Hoyer - respectivement président et directeur général -, Maddon a enfilé une chemise rayée no 70 et n'a cessé de répéter à quel point il est excité par son nouveau boulot.

Peut-être plus important encore, du moins pour les partisans des Cubs des 100 dernières années, Maddon a parlé de gagner. Maintenant.

«Écoutez-moi bien: je vais parler de séries dès l'an prochain. Je peux vous le garantir, a-t-il insisté. Car pour moi, il n'y a pas d'autre façon de faire que de parler de séries dès le début du camp d'entraînement. Je suis incapable de faire autrement. Pourquoi je me pointerais là sinon?»

Âgé de 60 ans, Maddon a compilé une fiche de 754-705 en neuf saisons à Tampa Bay, menant le club à quatre participations en séries, deux titres de l'Est de l'Américaine et une participation à la Série mondiale, perdue en cinq matchs contre les Phillies de Philadelphie en 2008. Avant d'être embauché par les Rays en novembre 2005, celui qui a reçu deux fois le titre de gérant de l'année de l'Américaine a agi pendant six saisons comme instructeur de banc de Mike Scioscia avec les Angels d'Anaheim.

Les Rays n'ont pu faire mieux que 77-85 cette saison et Maddon a quitté après que le directeur général Andrew Friedman eut décidé d'accepter un poste avec les Dodgers de Los Angeles, le 14 octobre. Les Cubs ont terminé avec une fiche de 73-89 sous Renteria, qui n'a dirigé qu'une seule saison. Renteria disposait d'un contrat encore valide, mais Epstein a estimé qu'il ne pouvait laisser filer l'occasion d'embaucher Maddon.

«Ça a été une grande lutte intérieure. Comme personne, je ne voulais pas le faire, a expliqué Epstein, qui avait aussi interviewé Maddon pour le poste de gérant des Red Sox de Boston en 2004 avant d'embaucher Terry Francona. Je ne veux jamais me montrer injuste à l'endroit de qui que ce soit. Mais à titre de dirigeant à qui on a mandaté de remporter la Série mondiale, je n'avais d'autre choix. C'était clairement la bonne décision à prendre pour les Cubs.»

Après qu'Epstein eut confirmé avec le Baseball majeur que Maddon s'était bel et bien prévalu de sa clause de retrait, Hoyer a informé Renteria de ce qui se tramait. Epstein et Hoyer se sont ensuite dirigés vers la Floride pour rencontrer Maddon, qui voyageait avec sa conjointe, Jaye.

«Nous étions assis à l'arrière de Cousin Eddie - c'est le nom de mon véhicule récréatif de 43 pieds - et nous n'avons discuté que de philosophie, de la façon dont ça se passerait, a raconté Maddon. C'est ce qui était le plus important pour moi: de savoir que nous partagions la même philosophie.»

Cette embauche met en péril tout le personnel de Renteria, mais l'instructeur des lanceurs, Chris Bosio, a assisté à la conférence de presse de Maddon et Epstein a laissé entendre que la plupart des instructeurs seraient de retour.

Maddon hérite d'un impressionnant groupe d'espoirs et d'une liste de paie beaucoup plus généreuse, après un fructueux séjour dans l'un des plus petits marchés des Majeures. Mais il s'amène aussi après que l'équipe eut connu une série de cinq saisons perdantes et une disette en Série mondiale qui dure depuis 1908.

Les Cubs n'ont pas participé aux séries depuis que l'équipe a remporté le titre de la Centrale de la Nationale avec Lou Pinella comme gérant, en 2008. Epstein a été embauché après que l'équipe eut compilé une fiche de 71-91 en 2011, amorçant un processus de reconstruction avec une saison de 101 défaites en 2012.

Mais Epstein croit que les Cubs sont prêts à lutter pour le titre dès maintenant et l'embauche de Maddon démontre que l'équipe est suffisamment mûre pour que le gérant puisse faire une différence. Le premier-but Anthony Rizzo et l'arrêt-court Starlin Castro ont tous deux été sélectionnés au sein de l'équipe d'étoiles cette année, et les jeunes cogneurs de puissance Javier Baez et Jorge Soler ont connu de bons moments à leurs premiers pas dans le Baseball majeur.

«Nous croyons qu'après une période de trois ans au cours de laquelle nous avons engrangé beaucoup de jeunes talents, nous serons compétitifs», a indiqué Epstein.

Le plus grand défi de Maddon sera de développer ce noyau de jeunes talents en plus de paver la voie à une deuxième vague d'espoirs, qui comprend le troisième-but Kris Bryant et l'arrêt-court Addison Russell.

«Pourquoi ne voudriez-vous pas accepter ce défi dans cette ville, dans ce stade, dans ces circonstances et avec tout ce talent? a demandé Maddon. C'est un moment extraordinaire.»