Les Red Sox de Boston ont prouvé en 2013 qu'un groupe de joueurs tissé serré peut accomplir de grandes choses. Mais les champions de la Série mondiale seront attendus avec une brique et un fanal cette saison. Nos observations sur la Ligue américaine.

ORIOLES DE BALTIMORE

Gérant: Buck Showalter, cinquième saison

En 2013: 85-77 (3es dans la division Est)

C'est connu: les Orioles de Baltimore misent sur la puissance pour gagner des matchs. Inspirés par Chris Davis et ses 53 réussites, les hommes vêtus d'orange et noir ont totalisé 212 longues balles la saison dernière, deux douzaines de plus que leurs plus proches poursuivants (Mariners de Seattle) au premier rang des ligues majeures. L'arrivée de Nelson Cruz apportera encore davantage de force brute dans un alignement qui compte également Adam Jones, J.J. Hardy et Matt Wieters. L'inaptitude des lanceurs de contenir suffisamment l'adversaire devrait cependant être le principal obstacle des Orioles, surtout dans une division aussi coriace que l'Est de la Ligue américaine. On doute que l'embauche d'Ubaldo Jimenez constitue une solution valable.

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RED SOX DE BOSTON

Gérant: John Farrell, deuxième saison

En 2013: 97-65 (1ers dans la division Est, champions de la Série mondiale)

Au printemps dernier, personne n'aurait prédit les succès que les Red Sox de Boston allaient connaître quelques mois plus tard. Impossible! Mais les leaders de l'équipe - Pedroia, Ortiz, Napoli, Lester et compagnie - ont pris les choses en mains pour faire oublier le passage houleux de l'incomparable Bobby Valentine aux commandes de l'équipe en 2012, et tous les morceaux du puzzle sont miraculeusement tombés en place sous la férule du nouveau gérant John Farrell. Résultat : une troisième conquête de la Série mondiale au cours de la dernière décennie. Les Red Sox ont perdu les services du rapide voltigeur Jacoby Ellsbury au profit de l'ennemi juré, les Yankees de New York, ce qui représente une perte sèche de 52 buts volés. Mais ils survivront.

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WHITE SOX DE CHICAGO

Gérant: Robin Ventura, troisième saison

En 2013: 63-99 (5es dans la division Centrale)

Reconstruira, reconstruira pas? Les White Sox de Chicago, qui semblaient toujours pris entre l'arbre et l'écorce, donnent finalement l'impression d'emprunter un véritable virage jeunesse alors que des joueurs comme Avisail Garcia et Adam Eaton sauteront sur le terrain chaque jour en 2014. Tantôt compétitive, tantôt pathétique, l'équipe dirigée par Robin Ventura montre aussi quelques signes encourageants au monticule avec la présence du gaucher Chris Sale et du droitier Jose Quintana. La prochaine étape, au cours des prochaines années, sera de récolter les fruits produits par un réseau de filiales qu'on ragaillardit lentement, mais sûrement. Pour la saison qui s'annonce au niveau majeur, viser le seuil de respectabilité serait un objectif fort louable.

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INDIANS DE CLEVELAND

Gérant: Terry Francona, deuxième saison

En 2013: 92-70 (2es dans la division Centrale)

C'est fou comme un changement de gérant peut parfois transformer une équipe de baseball. Les Indians de Cleveland cherchaient la lumière au bout du tunnel depuis quelques saisons avant qu'un certain Terry Francona débarque en ville. Après avoir perdu 94 matchs en 2012, la Tribu a poussé l'audace jusqu'à disputer un match éliminatoire l'automne dernier, dans une cause perdante contre les Rays de Tampa Bay. Mais voilà: les Indians ont possiblement plafonné avec les effectifs en place. Ce serait effectivement étonnant que l'équipe fasse encore mieux que 92 victoires et un improbable statut de quatrième tête de série dans la Ligue américaine avec des meneurs de jeu comme Michael Bourn et Nick Swisher. Pas impossible, mais peu probable.

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TIGERS DE DETROIT

Gérant: Brad Ausmus, première saison

En 2013: 93-69 (1ers dans la division Centrale)

Les Tigers de Detroit flirtent avec les plus grands honneurs depuis quelques saisons déjà, mais il manque chaque fois une pièce précise pour pousser la machine au maximum. L'acquisition du stoppeur Joe Nathan réglera assurément un problème de taille chez les Tigers: l'incapacité des membres de l'enclos de relève de museler l'adversaire quand ça compte vraiment. Qui sait, cette équipe aurait peut-être gagné la Série mondiale avec une unité plus étanche? En attaque, les Tigers perdront au change avec le départ de Prince Fielder pour le Texas (remplacé par Ian Kinsler), mais cela ne signifie pas nécessairement qu'on soit en présence d'une équipe moins dangereuse. La rotation de partants - Verlander, Scherzer, Sanchez - demeure une réelle force.

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ASTROS DE HOUSTON

Gérant: Bo Porter, deuxième saison

En 2013: 51-111 (5es dans la division Ouest)

Le moins qu'on puisse dire, c'est que les partisans des Astros de Houston aiguisent leur patience de façon exemplaire. L'organisation qui réécrit constamment son propre livre des records (106, 107 et 111 défaites enregistrées au cours des trois dernières saisons) poursuit sa reconstruction intégrale. En dépit de résultats toujours plus médiocres, croirez-vous que tout ce beau monde se dirige effectivement dans la bonne direction? Avis aux plus sceptiques: faites confiance au directeur général Jeff Luhnow, qui orchestre probablement le plus profond redressement dans l'histoire récente du sport professionnel. Quand le «pipeline» de jeunes talents des Astros alimentera finalement le grand club, ça va être laid. Pour les adversaires, on s'entend.

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ROYALS DE KANSAS CITY

Gérant: Ned Yost, cinquième saison

En 2013: 86-76 (3es dans la division Centrale)

Depuis le temps que les Royals de Kansas City préparent leur grand retour parmi l'élite du baseball majeur, doit-on conclure que l'année 2014 sera enfin la bonne? Il faut dire que la progression était lente, mais constante pour les Royals depuis 2009 : 65, 67, 71 et 72 victoires. L'année dernière? Quatre-vingt-six triomphes, cinq longueurs et demie derrière les détenteurs de la dernière place disponible dans les éliminatoires, les Rays de Tampa Bay. L'acquisition du voltigeur japonais Norichika Aoki dans une transaction avec les Brewers de Milwaukee et l'embauche du joueur d'intérieur Omar Infante sur le marché de l'autonomie pourraient représenter gros pour les Royals. Gros comme une participation aux éliminatoires peut-être?

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ANGELS DE LOS ANGELES

Gérant: Mike Scioscia, 15e saison

En 2013: 78-84 (3es dans la division Ouest)

Pour que les Angels de Los Angeles reviennent dans le paysage, il faudra, au moins, que les bâtons de Josh Hamilton et Albert Pujols résonnent davantage. Et que le lanceur partant Jered Weaver retrouve la forme de 2012, quand il dominait outrageusement la concurrence. Les Angels ont tellement sous-performé la saison dernière, malgré un alignement rempli de talent, que la majorité des observateurs leur confèrent au mieux la troisième place dans la division Ouest de la Ligue américaine derrière le Texas et Oakland (dans l'ordre ou le désordre). On le répète: cette équipe compte sur Pujols, Hamilton et Weaver. Mais aussi sur le meilleur joueur du baseball majeur, Mike Trout. Le temps est venu pour les Angels de répondre aux attentes. Point final.

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TWINS DU MINNESOTA

Gérant: Ron Gardenhire, 13e saison

En 2013: 66-96 (4es dans la division Centrale)

Les lanceurs partants des Twins du Minnesota pouvaient difficilement faire pire. Les droitiers Ricky Nolasco et Philip Hughes tenteront de rétablir un certain équilibre au sein d'une rotation qui a montré la pire moyenne de points mérités collective du baseball majeur (5,26) la saison dernière. Mais pour que les Twins retrouvent un semblant de crédibilité, il faudra aussi marquer davantage de points, un problème qui reste entier. En d'autres termes, ces gens-là partent de trop loin pour déranger quiconque dans la Ligue américaine. Les choses seront beaucoup plus intéressantes quand le voltigeur Byron Buxton et le joueur de troisième coussin Miguel Sano, deux parmi les cinq plus beaux espoirs sur la planète baseball, accéderont aux grandes ligues.

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YANKEES DE NEW YORK

Gérant: Joe Girardi, septième saison

En 2013: 85-77 (4es dans la division Est)

Pour une organisation qui disait vouloir éviter la taxe de luxe imposée aux grands dépensiers du baseball majeur, les Yankees de New York ont lamentablement (mais volontairement) échoué. Pendant l'hiver, les Bombardiers ont perdu les services de Robinson Cano, parti pour Seattle, mais Jacoby Ellsbury, Carlos Beltran, Brian McCann et le lanceur japonais Masahiro Tanaka portent dorénavant l'uniforme rayé. La facture: 438 millions en nouveaux engagements financiers. L'attaque ne fera donc pas défaut dans le Bronx. Les succès - ou déboires - des Yankees dépendront apparemment des performances livrées par les lanceurs partants. Messieurs Sabathia, Kuroda, Tanaka, Nova et Pineda, vous tenez le sort de l'équipe entre vos mains.

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ATHLETICS D'OAKLAND

Gérant: Bob Melvin, quatrième saison

En 2013: 96-66 (1ers dans la division Ouest)

Les Athletics d'Oakland n'affichent en avant de grandes vedettes au salaire mirobolant, budget limité oblige. Mais ils ne montrent aucune faiblesse marquée sur le terrain: tous les joueurs semblent convaincus par le système du gérant Bob Melvin, qui valorise la contribution de chacun. Il faut croire que cette philosophie fonctionne puisque les «petits» Athletics viseront cette année un troisième championnat consécutif dans la division Ouest. Une seule chose: les A's devaient-ils absolument dépenser 22 millions pour obtenir les services du lanceur gaucher Scott Kazmir? Le cinématographique directeur général Billy Beane, habituellement prudent avec les fonds de l'organisation, devait savoir quelque chose que ses homologues ignoraient. À suivre.

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MARINERS DE SEATTLE

Gérant: Lloyd McClendon, première saison

En 2013: 71-91 (4es dans la division Ouest)

Ce n'est pas l'embauche de Robinson Cano qui représente un mauvais coup potentiel, mais bien la durée du contrat que les Mariners de Seattle ont accepté de signer avec l'ancienne vedette des Yankees de New York: 10 ans et 240 millions, rien de moins. Certes, Cano était le meilleur joueur disponible sur le marché de l'autonomie professionnelle pendant la saison morte, sauf que les pactes d'une décennie peuvent vraiment faire mal paraître une organisation. Pensez au dossier Alex Rodriguez, par exemple. Les jeunes joueurs de talent pullulent à Seattle, mais en attendant leur éclosion, ça prendra plus que Cano et les efforts quasi surhumains du lanceur Felix Hernandez pour faire des Mariners une équipe vraiment compétitive. L'an prochain, peut-être.

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RAYS DE TAMPA BAY

Gérant: Joe Maddon, neuvième saison

En 2013: 92-71 (2es dans la division Est)

S'il fallait trouver un synonyme d'efficacité dans l'administration d'une organisation du baseball majeur, les Rays de Tampa Bay seraient l'exemple parfait. Avec des moyens limités, l'équipe floridienne tire admirablement bien son épingle du jeu dans la plus impitoyable division des grandes ligues (l'Est de la Ligue américaine). La recette des Rays est toujours la même: des bons jeunes lanceurs, une défense solide et la touche incomparable du gérant Joe Maddon. L'attaque menée par l'excellent Evan Longoria et Wil Myers, recrue par excellence en 2013, devrait par ailleurs offrir une production amplement suffisante pour permettre aux Rays d'en découdre sans complexes avec leurs adversaires fortunés, la plupart du temps avec des résultats positifs.

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RANGERS DU TEXAS

Gérant: Ron Washington, huitième saison

En 2013: 91-72 (2es dans la division Ouest)

Après quatre participations consécutives aux éliminatoires sans savourer la victoire ultime, les Rangers du Texas auront cette année une autre chance de retourner dans le grand tournoi automnal. Question de rivaliser avec des concurrents mieux nantis au monticule - comme les Athletics d'Oakland, par exemple - , le directeur général Jon Daniels s'est offert le cogneur de puissance Prince Fielder dans une transaction assez surprenante avec les Tigers de Detroit, ainsi que le voltigeur Shin-Soo Choo sur le marché des joueurs autonomes. La force de frappe offensive des Rangers ne faisant absolument aucun doute, comme d'habitude, les succès de l'équipe dépendront largement de la capacité des lanceurs d'éviter l'infirmerie. C'est la clé.

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BLUE JAYS DE TORONTO

Gérant: John Gibbons, deuxième saison

En 2013: 74-88 (5es dans la division Est)

Les attentes étaient immensément élevées envers les Blue Jays de Toronto la saison dernière après le grand bouleversement orchestré par le directeur général québécois Alex Anthopoulos, mais des performances fort décevantes - surtout au monticule - ajoutées aux trop nombreuses blessures auront calmé le vent d'optimisme qui soufflait avec vigueur sur la Ville reine. Les Blue Jays ont toujours le même problème : ils évoluent dans la division Est de la Ligue américaine et leur rotation de partants, menée par les vétérans R.A. Dickey et Mark Buehrle, représente un énorme point d'interrogation compte tenu des résultats catastrophiques (4,81) de 2013. Quand vos rivaux immédiats s'appellent les Red Sox, les Yankees ou les Orioles, c'est inquiétant.

Trois joueurs à surveiller

Masahiro Tanaka, lanceur partant, Yankees de New York

C'était une question de temps - et d'argent - avant que le lanceur japonais Masahiro Tanaka traverse l'océan Pacifique, surtout avec des performances comme celles de 2013 (24-0, 1,27 avec les Tohoku Rakuten Golden Eagles). Tanaka s'adaptera-t-il aux rigueurs des ligues majeures nord-américaines? Les Yankees paieront 155 millions pour le savoir.

David Robertson, releveur, Yankees de New York

David Robertson chaussera de grands souliers cette année. Non seulement le releveur droitier des Yankees occupera dorénavant le rôle important de stoppeur, mais il remplacera le meilleur de tous les temps, un certain Mariano Rivera, nouveau retraité. Bonjour la pression! Espérons que les médias de New York laisseront faire les comparaisons...

Jurickson Profar, joueur de deuxième but, Rangers du Texas

Il fallait absolument faire une place pour Jurickson Profar dans la formation des Rangers du Texas. La solution? Échanger Ian Kinsler (aux Tigers de Detroit). Profar, actuellement blessé à l'épaule droite, s'installera quelque part en mai comme joueur de deuxième but permanent de l'équipe, avec le talent qu'on lui connaît. Et les attentes qui l'accompagnent.

Photo Charlie Neibergall, AP

Masahiro Tanaka