Lorsque Gary Carter est revenu avec les Expos en 1992 pour sa dernière saison en carrière, Darrin Fletcher en était à sa première année à Montréal. Étant lui-même receveur, il a bien sûr vu en Carter un modèle comme joueur. Mais l'inspiration allait bien plus loin.

«Ce que j'aimais de Gary, c'était la façon dont il a concilié sa vie personnelle avec sa vie professionnelle. Il avait une femme et trois enfants, et le fait qu'il ait pu leur donner autant de temps au cours de sa carrière, c'était quelque chose de bien», a-t-il dit en entrevue à La Presse.

Fletcher n'est pas le seul à avoir été marqué par celui que l'on surnommait le Kid. Tous les amateurs de baseball montréalais conservent un souvenir indélébile du no 8, qui a d'abord fait la pluie et le beau temps avec les Expos de 1974 à 1984.

Et vendredi soir, les partisans qui seront au Stade olympique pour le premier match entre les Blue Jays de Toronto et les Mets de New York auront l'occasion de saluer à nouveau la mémoire de Carter, qui nous a quittés il y a deux ans à la suite d'un long combat contre le cancer, puisqu'on lui rendra hommage avant la rencontre.

Autre équipe, même impact

George Vecsey, chroniqueur à la retraite du New York Times, a couvert le tout premier match des Expos, en 1969. Il n'a jamais cessé de suivre les activités du club par la suite. Il a donc été un témoin privilégié de l'éclosion de Gary Carter.

«Après les premières années avec [Gene] Mauch et [Rusty] Staub, j'ai pu apprécier le développement des Expos. Gary Carter était la pièce centrale. C'était un plaisir de le voir courir. Il méritait vraiment son surnom de Kid», a-t-il expliqué à La Presse.

Le vétéran columnist a également pu observer Carter de plus près lorsque les Expos l'ont échangé aux Mets à la fin de la saison 1984-1985. Changement de décor, peut-être, mais il a continué de jouer un rôle tout aussi important avec sa nouvelle formation, assure M. Vecsey.

«Il a contribué à faire des Mets une équipe plus complète parce qu'il n'a pas eu à en faire trop. Ils possédaient déjà une certaine puissance et du leadership. Il pouvait se concentrer sur son travail de receveur et être positif», analyse-t-il.

Charisme légendaire

Comme on le sait, Gary Carter n'était pas réputé que pour ses prouesses sur le terrain. Sa personnalité, son charisme et son sourire contagieux en ont fait l'un des personnages les plus appréciés du public.

«Il était le plus gentil des hommes», affirme M. Vecsey.

Mais selon ce dernier, c'est peut-être justement en raison de son côté affable que Carter n'a jamais pu diriger une équipe des ligues majeures après sa retraite, et plus particulièrement les Mets.

«Dans un monde meilleur, ou peut-être une autre ville, il aurait eu la chance de gérer une équipe. Mais New York a certaines exigences, incluant parfois une carapace solide. [...] Je suppose qu'il était considéré un peu trop gentil pour supporter toutes les mauvaises phases de New York et de l'ère électronique. Et je pense qu'il avait compris cela. C'était triste.»

Mais ce n'est pas ce que les partisans auront en tête au Stade, vendredi soir, lorsqu'on rendra hommage au Kid. Ils penseront plutôt à tous ces moments excitants qu'il leur aura fait vivre. Et à ce sourire qui était devenu sa marque de commerce.