Voilà maintenant 10 ans que les Expos ont quitté Montréal. Encore aujourd'hui, nombreux sont ceux qui rêvent de revoir une équipe de baseball professionnel jouer dans la métropole. Et Warren Cromartie travaille fort pour faire en sorte que ce rêve devienne réalité.

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L'ex-voltigeur des Expos, porte-étendard de Projet Baseball Montréal, n'a pas chômé depuis la publication, en décembre dernier, de l'étude de la firme Ernst & Young sur la faisabilité d'un retour d'une équipe de baseball majeur en ville. 

L'étude affirme qu'une équipe de baseball majeur serait viable et profitable à Montréal à certaines conditions, dont la construction au centre-ville d'un nouveau stade inspiré du Target Field, domicile des Twins du Minnesota. L'édifice, qui coûterait 500 millions, serait payé aux deux tiers par les gouvernements (335 millions).

En entrevue avec La Presse, Cromartie, qui travaille de concert avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, affirme que les pourparlers avec d'éventuels investisseurs «se déroulent bien», même si on n'est pas près d'annoncer la résurrection des Expos.

«Il faut simplement voir ce qui convient à tous. Des gens peuvent avoir de l'argent, d'autres peuvent avoir de l'intérêt, mais ça ne veut pas nécessairement dire qu'ils se mélangent bien», explique-t-il.

Un sport rassembleur

Cromartie n'a visiblement rien perdu de sa verve. À ses yeux, en plus de générer d'importantes retombées économiques, une équipe de baseball aurait un impact social considérable sur Montréal.

«Le baseball peut sauver Montréal, martèle-t-il. Les Expos peuvent sauver Montréal. La situation est un peu inconfortable en ce moment. Le baseball peut transcender tout ça.»

Il ne le précise pas explicitement, mais on comprend que l'ancien numéro 49 fait référence ici aux multiples débats linguistiques, religieux et politiques qui font rage depuis un moment dans la province.

Cro, qui n'a jamais fait dans la demi-mesure, va même jusqu'à comparer l'effet qu'auraient les Expos sur Montréal à celui qu'ont eu, selon lui, les Yankees de New York dans les jours qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001.

«Au moment où les États-Unis étaient sous le choc et divisés, les Américains se sont unis pour un match des Yankees lors duquel le président George W. Bush a effectué le lancer protocolaire. Le baseball a amorcé le processus de guérison», soutient-il.

«Culture différente»

Cromartie n'est pas le seul à croire au retour des Expos. Andrew Zimbalist, professeur d'économie au Smith College, dans le Massachusetts, et auteur de plusieurs livres sur l'économie du baseball, est lui aussi convaincu de la viabilité d'une équipe de baseball majeur à Montréal.

«Pour moi, il n'y a pas de doute. Si Montréal possède un bon stade, c'est un marché positif. Je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas», indique-t-il, ajoutant qu'il prévoit que le baseball majeur procèdera à une expansion «dans les 10 prochaines années».

«La culture est différente qu'à Toronto ou ailleurs aux États-Unis, poursuit-il. Dans le passé, le baseball a déjà pris racine à Montréal. Ce pourrait être mieux à Montréal que dans des villes où on trouve déjà une équipe, comme Tampa Bay, Kansas City et Oakland.»

M. Zimbalist ne s'inquiète pas non plus d'une possible dévaluation du dollar canadien par rapport à la devise américaine, ce qui avait contribué au départ des Expos en 2004.

«Lorsque les Expos sont partis, le dollar était à 67 ou 70 cents. Ce n'est plus le cas maintenant. Et même s'il devait s'affaiblir, ce ne serait pas un problème insurmontable.»

La vente de billets va bon train

Cromartie sera au Stade olympique ce week-end pour les deux matchs entre les Blue Jays et les Mets. Son groupe profitera d'ailleurs de l'occasion pour tenir un souper-gala honorant les membres de l'édition 1994 des Expos après la rencontre de samedi. Larry Walker, Felipe Alou et Pedro Martinez, pour ne nommer que ceux-là, ont déjà confirmé leur participation à l'événement.

Le groupe evenko rapportait jeudi que plus de 35 000 billets avaient été vendus pour le match de vendredi et plus de 45 000 pour celui de samedi. Il était toujours possible de s'en procurer.

«Ça aura un grand impact sur ce que nous faisons. La présence des partisans est cruciale pour notre projet», indique Cromartie.

Malgré cela, il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Mais Cromartie insiste: ce n'est pas une raison pour ne plus y croire.

«Soyez patients. Nous sommes en plein dedans», dit-il.