Si le stade de baseball des Expos avait vu le jour au centre-ville de Montréal, il aurait été géré par le Canadien de Montréal, a révélé l'ex-président du Tricolore, Pierre Boivin, en entrevue à La Presse.

«Nous avions été approchés par la gang de Loria pour être partenaire-gestionnaire du stade. C'était normal, nous étions à côté, nous avions l'expertise en gestion de stade, la bouffe, les placiers, la billetterie. Nous aurions créé des stationnements communs. Ça leur aurait simplifié la vie de ne pas gérer le stade. Eux, ce qui les intéressait, c'était l'équipe de baseball», dit Pierre Boivin, qui a quitté la présidence du Canadien en juin dernier après 12 ans. Lundi dernier, il a commencé son nouvel emploi de président et chef de la direction chez Claridge, société d'investissement de Stephen Bronfman, ancien actionnaire minoritaire et coprésident du conseil d'administration des Expos.

Pierre Boivin ne croit pas au retour des Expos, même si le chroniqueur sportif Roger Brulotte a dit le mois dernier avoir été contacté par des investisseurs «sérieux» avec les «poches profondes» qui voulaient rencontrer le commissaire Bud Selig au sujet du retour du baseball majeur à Montréal. «J'ai lu ça durant mes vacances et je n'en reviens pas, dit Pierre Boivin. Chose certaine, on (Claridge) n'a pas été approché. Je considère que c'est un vrai longshot. D'abord, pas question de parler du retour des Expos sans construire un nouveau stade. A l'époque, il fallait un stade de 35 000 sièges au centre-ville.»

En février 2000, les Expos avaient dévoilé leur projet de stade de baseball au centre-ville de Montréal, au coin des rues Peel, Saint-Jacques, de la Montagne et Notre-Dame. Coût estimé à l'époque? 200 millions de dollars pour un stade de 36 287 sièges et 66 loges corporatives. Le stade aurait été la propriété de la Régie des installations olympiques (RIO), ce qui aurait dispensé les Expos d'une facture de 4 millions par année en impôt foncier. Les Expos auraient gardé la majorité des revenus du nouveau stade et auraient payé le Canadien pour en assumer la gestion quotidienne des opérations.

Mais le nouveau propriétaire de contrôle de l'équipe (le commandité), le marchand d'art new-yorkais Jeffrey Loria, a finalement décidé de ne pas exercer son option sur le terrain de la Société immobilière du Canada et de vendre l'équipe au baseball majeur pour 120 millions US. Loria a ensuite acheté les Marlins de la Floride pour 158 millions US et le baseball majeur a géré les Expos de 2002 à 2004 avant de déménager l'équipe à Washington.

Pas surpris du dénouement du lock-out dans la NFL

S'il a laissé la présidence du Canadien au copropriétaire Geoff Molson, Pierre Boivin, qui reste au conseil d'administration du Groupe CH, continue de suivre de près l'économie du sport professionnel.

Au terme du lock-out dans la NFL, les propriétaires ont obtenu des concessions salariales d'environ 480 millions US par saison alors qu'ils demandaient 600 millions au début des négociations. «J'aurais été très surpris qu'on ne commence pas la saison de football comme prévu, dit Pierre Boivin. Les propriétaires ont fait des concessions là où il fallait en faire. Ils se tiennent plus que jamais et la NFL est une ligue tellement bien gérée. L'entente dans la NFL est symptomatique des enjeux du sport professionnel: ce sont les propriétaires qui investissent, c'est leur capital qui est à risque.»

Selon Pierre Boivin, la situation est toutefois «très difficile à prédire» dans la NBA, en lock-out depuis le 1er juillet, et dans la LNH, dont la convention collective prendra fin après la prochaine saison. Cette fois-ci, le commissaire de la LNH, Gary Bettman, aura comme interlocuteur chez les joueurs Donald Fehr, qui a dirigé l'Association des joueurs du baseball majeur de 1986 à 2009 et qui n'a pas la réputation de faire dans la dentelle à la table des négociations. «Gary non plus!», s'exclame Pierre Boivin en riant.