Au début de la saison 2011, plusieurs joueurs retenaient l'attention en raison des divers plateaux qu'ils allaient vraisemblablement atteindre.

Par exemple, il manquait 41 parties sauvegardées au releveur Mariano Rivera, des Yankees de New York, pour toucher au nombre magique des 600 en carrière. Seul le retraité Trevor Hoffman (601) peut se targuer d'avoir protégé davantage de rencontres que Rivera.

Le voltigeur Ichiro Suzuki, des Mariners de Seattle, et le frappeur désigné Johnny Damon, des Rays de Tampa Bay, s'approchaient dangereusement des 400 buts volés, et les chances semblaient bonnes pour que le lanceur Javier Vazquez, ancien représentant des Expos qui évolue avec les Marlins de la Floride, passe un 2500e frappeur dans la mitaine.

Suzuki s'est facilement acquitté de la tâche (413 buts volés avant les matchs d'hier), alors que Rivera (591 sauvetages), Damon (396 larcins) et Vazquez (2478 retraits sur des prises) devraient gagner leur pari avant longtemps.

C'est sans compter la régularité du premier-but Albert Pujols, des Cardinals de St. Louis, qui vient de concrétiser une 11e saison consécutive de 30 circuits en autant d'années d'ancienneté dans le baseball majeur, un record.

Mais deux baseballeurs s'attaquaient à des marques encore plus prestigieuses.

Les partisans des Yankees - et les amateurs de baseball en général, disons-le - attendaient avec impatience le jour où l'arrêt-court Derek Jeter allait frapper le 3000e coup sûr de sa carrière. C'est arrivé le 9 juillet contre les Rays au Yankee Stadium. Un circuit, par surcroît.

Puis, Jim Thome, des Twins du Minnesota, avait besoin de 11 circuits pour rejoindre Barry Bonds (762), Henry Aaron (755), Babe Ruth (714), Willie Mays (660), Ken Griffey fils (630), Alex Rodriguez (626) et Sammy Sosa (609) dans le «club des 600».

Plus discrètement que Jeter, le vétéran Thome s'est inscrit en lettres majuscules dans le grand livre du baseball, lundi, en claquant deux longues balles contre les Tigers de Detroit.

«Nous avons vraiment hâte qu'il (Thome) frappe son 599e circuit, a lancé le gérant des Twins, Ron Gardenhire, la semaine dernière, sans savoir ce que l'avenir réservait au puissant cogneur. Ce sera ensuite vraiment excitant chaque fois qu'il se présentera au marbre.»

Le problème pour Gardenhire, les partisans des Twins et les coéquipiers de Thome, c'est que le suspense n'aura duré que quelques dizaines minutes. Thome s'est débarrassé d'une énorme pression potentielle en deux présences consécutives au bâton. Bing! Bang! Et c'était réglé.

Pendant cette soirée historique au Comerica Park de Detroit, on comprendra que Thome est devenu le joueur ayant mis le moins de temps entre la réussite de ses 599e et 600e circuits.

Une petite manche!

D'ailleurs, aucune équipe n'aura subi les foudres du bâton de Thome aussi souvent que les Tigers. Le costaud frappeur gaucher compte maintenant 65 longues balles contre Detroit, plus du dixième de sa production totale depuis ses premiers pas dans les grandes ligues, en 1991.

Le jeune lanceur Daniel Schlereth, des Tigers, sera éternellement associé au 600e circuit de Thome. Ça l'agace?

«C'est correct, a-t-il dit. Il (Thome) a toujours été l'un de mes joueurs favoris. Si mon nom doit apparaître dans le livre des records, aussi bien qu'il soit accompagné par celui d'un homme comme Jim Thome, pour tout ce qu'il a représenté pour notre sport.»

Le constat général, dans l'univers du baseball, c'est que Thome a toujours fait les choses de la bonne façon. Sans raccourcis.

Dans un récent sondage, les gens de Sports Illustrated ont interrogé 290 joueurs du baseball majeur pour savoir quel collègue ils trouvaient le plus agréable à côtoyer. La réponse: Jim Thome.

Le héros des derniers jours croit-il maintenant en ses chances d'entrer au Temple de la renommée de Cooperstown?

«Je ne sais pas. La décision ne me revient pas, mais ce serait un rêve», a-t-il simplement déclaré aux nombreux journalistes qui l'entouraient, lundi soir, après son exploit.

Ce serait la consécration du gars ordinaire.