Tous les poolers qui ont promptement jeté leur dévolu sur Albert Pujols en première ronde de leur repêchage le printemps dernier arrivent au même constat: le dangereux cogneur accuse du retard par rapport aux énormes résultats qu'il génère habituellement.

Non, personne ou presque dans le baseball majeur ne crachera sur une moyenne de ,262 avec 9 circuits et 31 points produits après 57 matchs (la fiche de Pujols avant la rencontre d'hier contre les Giants de San Francisco, champions de la Série mondiale).

Des dizaines de joueurs gagnent des millions pour moins que ça. Mais pour Pujols, ces statistiques représentent l'inconnu, une sorte d'incursion dans le monde des joueurs «ordinaires».

Pujols totalise en moyenne 41 longues balles et 123 points produits sur une base annuelle depuis le début de sa phénoménale carrière, en 2001. Au rythme actuel, celui qu'on surnomme le «prince Albert» terminera la saison 2011 avec 26 circuits et 88 points produits.

Du jamais vu... pour le principal intéressé, on s'entend. Qu'en pense-t-il justement?

«Je ne m'occupe pas des chiffres, et je me moque bien de ce que les gens disent ou écrivent, a-t-il déclaré la semaine dernière, après avoir enfin réussi un circuit - son huitième de la saison - qui soulageait une sécheresse de 105 présences au bâton.

«Si vous ne pensez qu'au coup de canon, vous êtes dans le pétrin. Mon travail est d'aider l'équipe à gagner, et non de me présenter au marbre en pensant systématiquement à catapulter la balle hors du stade», a-t-il ajouté.

Évidemment, environ les deux tiers de la saison restent au calendrier, et les chances sont excellentes pour qu'un frappeur du calibre de Pujols ouvre la machine avant longtemps.

Chez les Cardinals, bons premiers dans la division Centrale de la Ligue nationale malgré tout, des gars comme Matt Holliday (,342) et Lance Berkman (,329) se sont notamment occupés de l'attaque pendant les difficultés relatives de Pujols.

D'ailleurs, il ne serait pas surprenant de voir ces deux messieurs représenter les Cardinals au match des Étoiles dans quelques semaines en Arizona, en admettant que Holliday se remette complètement d'un malaise au quadriceps gauche.

«Si nous attendons toujours qu'Albert (Pujols) frappe la balle de l'autre côté de la clôture ou que Matt (Holliday) produise trois points, nous connaîtrons un succès relatif, mais nous ne gagnerons pas avec suffisamment de régularité», a expliqué Berkman.

Beaucoup d'argent

Le contrat de Pujols trouvera son échéance après la présente saison. L'imposant joueur de premier but devait faire sauter la banque comme jamais auparavant dans l'univers du baseball. C'est maintenant moins certain.

Pujols touchera quand même beaucoup d'argent, mais autant que désiré? Oubliez la somme historique de 300 millions.

Honnêtement, bien peu d'équipes peuvent se permettre d'embaucher Pujols. Les Cardinals tenteront assurément de retenir ses services pendant l'hiver. La plupart des autres organisations n'ont toutefois pas les moyens de telles ambitions ou misent déjà sur un joueur de premier but établi. Ça laisse peu d'options pour Pujols, outre son employeur actuel, et peut-être un groupe de trois ou quatre équipes désireuses de se lancer dans de grandes dépenses.

Parmi lesquelles les Cubs de Chicago?

D'ailleurs, que voulait dire cette accolade entre Pujols et le directeur général des Cubs, Jim Hendry, le 10 mai avant un match au Wrigley Field? Chose certaine, ce geste en apparence anodin a fait couler une tonne d'encre.

Rappelons que les Cubs ont accordé en décembre dernier un contrat d'une saison et 10 millions au joueur de premier coussin Carlos Peña. L'équipe de la Ville des vents devra donc pourvoir ce poste pour 2012, en principe. Et quelle meilleure façon pour faire suer royalement les grands rivaux de St. Louis - et leurs fidèles partisans - que de mettre le grappin sur Pujols, joyau de l'organisation des Cards, voire du baseball majeur?

Les propriétaires des Cubs, les membres de la richissime famille Ricketts, doivent saliver juste à l'idée de voir Pujols démolir les lanceurs adverses... dans l'uniforme des Oursons.

La suite l'hiver prochain.