Décidément, Matt Stairs ne lâche pas le morceau. Certains jugeront qu'il s'accroche, d'autres diront plutôt qu'il fait preuve de persévérance ou qu'il aime tout simplement son boulot.

Quoi qu'il en soit, le baseballeur canadien de 43 ans s'est taillé une place dans l'alignement des Nationals de Washington après qu'on l'eut invité au camp d'entraînement de l'équipe, un contrat des ligues mineures dans ses bagages. Sans garantie.

Sa moyenne offensive de ,350 assortie d'un circuit, 5 points produits, 6 buts sur balles (,481 de présences sur les sentiers et ,600 de puissance) pendant les rencontres préparatoires ont visiblement convaincu le directeur général, Mike Rizzo, et le gérant, Jim Riggleman.

Embauché par les Expos de Montréal comme joueur autonome international en janvier 1989, Stairs porte donc cette saison l'uniforme d'une 13e équipe en carrière, un record si l'on considère que les Expos et les Nationals forment deux entités distinctes.

Avant Stairs, les lanceurs Ron Villone (entre 1995-2009) et Mike Morgan (entre 1978 et 2002) détenaient les curriculum vitae les plus diversifiés avec 12 employeurs différents dans le baseball majeur.

Récapitulons le parcours de notre homme: Montréal (1992-93), un saut au Japon (1993), Boston (1995), Oakland (1996-2000), les Cubs de Chicago (2001), Milwaukee (2002), Pittsburgh (2003), Kansas City (2004-2006), Texas (2006), Detroit (2006), Toronto (2007-2008), Philadelphie (2008-2009), San Diego (2010) et Washington (2011)...

Ses meilleurs moments? En 1998 et 1999 avec les Athletics de Jason Giambi, Miguel Tejada et compagnie, Stairs s'est offert deux saisons de plus de 500 présences au bâton - les deux seules de sa carrière d'ailleurs. Le résultat: un total de 64 circuits et 208 points produits.

Certains observateurs soutiennent que Matt Stairs, dans des conditions plus favorables, aurait compilé des statistiques bien supérieures aux 265 longues balles et 897 points produits qu'il affiche aujourd'hui.

«Fier de cette marque»

Le joueur originaire de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, campera le rôle de frappeur suppléant chez les Nationals en plus de prendre le gant au premier coussin, sporadiquement, quand Adam LaRoche profitera d'une journée de congé.

«Je pensais bien que la saison 2010 serait ma dernière, mais j'ai connu beaucoup de succès vers la fin du calendrier régulier (avec les Padres) et j'ai donc cru que je pourrais continuer d'évoluer au niveau majeur», a confié Stairs au Telegraph-Journal de Saint-Jean.

Avant le match d'hier entre les Nationals et les Marlins de la Floride, Stairs comptait 23 circuits comme frappeur suppléant, un record du baseball majeur. «Je suis très fier de cette marque, qui montre mon efficacité dans toutes sortes de situations au fil des ans», a-t-il admis.

Avec 445 apparitions au marbre, 99 coups sûrs, 58 buts sur balles et une moyenne de puissance de ,509, le champion de la Série mondiale en 2008 domine tous les joueurs actifs des grandes ligues comme frappeur suppléant.

Les dirigeants des Nationals, surtout Rizzo, ont essuyé leur part de critiques après avoir constitué un groupe de réservistes avec de vieux routiers comme Stairs, Alex Cora, Laynce Nix et Jerry Hairston fils.

«Nous recherchions des joueurs expérimentés qui accepteraient la mission spécifique qu'on leur proposerait plutôt que d'exiger d'autres athlètes moins motivés qu'ils s'adaptent aux circonstances particulières du travail de réserviste», a dit Riggleman.

La philosophie des Nationals? Maximiser la progression des jeunes loups de l'équipe - Ian Desmond, Danny Espinosa et Wilson Ramos, par exemple - en les entourant de vétérans qui ne diminueront pas leur temps de jeu et dont la présence dans le vestiaire allégera l'atmosphère.

Stairs répond exactement au critère du «joueur qui accepte son rôle sans rouspéter», le genre d'individu aimé de ses coéquipiers et que les instructeurs adorent diriger.

Au complexe d'entraînement des Nationals à Viera en Floride, ce printemps, un photographe s'est excusé auprès du nouveau venu Stairs après l'avoir confondu avec un autre membre de l'organisation.

«Par ici, coach!» lui avait-il lancé avant de constater qu'il se trouvait en présence... d'un joueur.

Stairs l'a trouvée bien drôle...