Est-ce une bombe ou la suite logique de ce qui mine le baseball depuis des années?

Samedi, le site internet de Sports Illustrated a dévoilé que la supervedette Alex Rodriguez était l'un des 104 joueurs ayant échoué un test antidopage en 2003, à sa dernière saison dans l'uniforme des Rangers du Texas.

Selon SI, le troisième-but des Yankees de New York aurait subi des contrôles positifs au Primobolan et à la testostérone.

«Comme lorsque le nom d'Éric Gagné est sorti dans le rapport Mitchell, je suis déçu, mais pas surpris», a indiqué Marc Griffin, ancien analyste aux matchs des Expos.

«Cette nouvelle ne fera pas plus mal dans l'opinion publique que ce qu'on a vécu ces dernières années avec le rapport Mitchell. Et puis, le mal est fait depuis Barry Bonds.»

John Hart, qui était le DG des Rangers du Texas en 2003, ne s'est pas dit surpris outre mesure par la nouvelle.

«Dans le climat qui prévaut aujourd'hui, il n'y a plus rien qui choque», a commenté Hart sur les ondes de MLB Network.

«Alex est probablement le meilleur joueur du baseball et cela m'attriste. Je crois que ça va l'affecter. Il est parfois capable d'oublier les distractions, mais à New York, il se retrouve dans un immense marché médiatique.

«Avec l'ouverture prochaine des camps d'entraînement, c'est sûr que ça va être un problème quand il va se présenter.»

D'où vient la fuite?

En 2003, le baseball majeur et l'Association des joueurs avaient convenu d'instaurer des mesures disciplinaires dès l'année suivante si plus de 5% des joueurs échouaient les tests antidopage effectués cette année-là de façon informelle.

En retour, la liste des joueurs testés positifs en 2003 devait rester secrète.

Or, dans le cadre de l'affaire BALCO, des agents fédéraux ont saisi les résultats de ces tests lors d'une perquisition dans un laboratoire de Californie.

Ce sont ces résultats que Sports Illustrated a dévoilés samedi, corroborés par quatre sources confidentielles.

L'une d'elles est-elle responsable de la fuite? Il sera intéressant de voir si Rodriguez se lancera dans une croisade légale afin d'avoir la réponse.

Rodriguez, qui a signé un nouveau contrat de 10 ans à raison de 275 millions, en décembre 2007, était passé aux Yankees en février 2004, quelques mois seulement après son contrôle positif.

L'équipe du Bronx, qui a déjà géré un scandale de stéroïdes lorsque Jason Giambi a été lié à l'affaire BALCO, pouvait-elle être au courant de la situation à l'époque? «Sans nécessairement être au courant et avoir tous les tests en main, les Yankees devaient peut-être le soupçonner, croit Marc Griffin. Il ne faut pas être dupe. Pendant des années, cette industrie-là aurait dû sanctionner davantage, mais elle balayait tout sous le tapis.»

Une génération maudite

Le Primobolan, qui contient une drogue de performance appelée métélonone, améliore la force physique et maintient des muscles maigres avec un minimum de prise de masse et d'effets secondaires.

Ces propriétés pourraient donc avoir permis à Rodriguez de maintenir sa silhouette et de se montrer au-dessus de tout soupçon.

Mais comme le rappelle Marc Griffin, les joueurs qui ont encore le bénéfice du doute se font rares.

«Toutes les vedettes qui se sont illustrées avant la sortie du rapport Mitchell - un rapport qui a surtout fait mal aux joueurs - sont remises en question. Il y en a une méchante gang qui sont tombés dans la potion!»

Si les jeunes joueurs arrivent maintenant dans un contexte plus réglementé, la génération des Mark McGwire et des Roger Clemens, en passant par Bonds et Rodriguez, est sous la loupe.

Et les membres votants au Temple de la renommée sont prêts à leur faire payer le prix, comme McGwire est en train de le constater.

Un nouveau surnom

L'article de Sports Illustrated est signé Selena Roberts, une journaliste dont le livre Hit and Run : The Many Lives of Alex Rodriguez sera publié le 19 mai prochain.

Cela ne donnera pas envie à A-Rod de passer à la librairie, d'autant plus qu'il y a quelques semaines, il a aussi défrayé la chronique à la veille de la publication de The Yankee Years, coécrit par l'ancien gérant Joe Torre.

Ce dernier, maintenant à la barre des Dodgers de Los Angeles, confie dans son livre que Rodriguez est obsédé par l'idée de projeter une meilleure image que son coéquipier Derek Jeter.

Torre raconte aussi qu'il aurait reçu le surnom de «A-Fraud» dans le vestiaire.

Mais comme l'a titré le New York Post de façon cinglante, il faudra désormais penser à l'appeler... «A-Roid».

- Avec Associated Press