Il y a de l'espoir, après tout, pour les Pirates de Pittsburgh... Tampa Bay, Colorado, Detroit; trois organisations qui croupissaient dans les bas-fonds du classement du baseball majeur avant de se qualifier pour la Série mondiale lors de chacune des trois dernières saisons. Même la présence des White Sox de Chicago à la classique automnale de 2005 représentait une surprise.

Comme quoi le temps où les Yankees de New York et les Braves d'Atlanta pouvaient réserver leur place en séries éliminatoires dès le mois d'avril est révolu. 

Parité. Équilibre. Voilà les deux mots à la mode dans les cercles du baseball majeur.

«Il n'était pas nécessaire de s'appeler Albert Einstein pour comprendre qu'il existait un problème majeur, a déclaré le commissaire Bud Selig. Nous avons besoin de procurer de l'espoir, parce que c'est ce qui permet à notre sport de survivre d'un bout à l'autre des États-Unis.»

Et c'est la raison pour laquelle Selig est heureux de voir Tampa Bay et Philadelphie s'affronter en Série mondiale.

Grâce à leur incroyable revirement qui leur a permis de passer de pire équipe du baseball à champions de la Ligue américaine, les Rays sont devenus la troisième formation à atteindre la Série mondiale après avoir connu au moins 10 saisons consécutives perdantes. Les Tigers de Detroit avaient enduré 12 saisons perdantes d'affilée avant leur volte-face de 2006.

À qui le tour, maintenant. Kansas City? Les Royals n'ont pas participé aux séries éliminatoires depuis 1985, mais ils ont progressé en septembre et semblent compter sur des dirigeants de qualité.

Peut-être les Pirates, qui viennent d'égaler un record des ligues majeures avec une 16e saison consécutive sous la barre de ,500.

«Leurs chances sont minces, a affirmé Pat Gillick, directeur général des Phillies, au sujet des Royals et des Pirates, parce que ces équipes n'ont pas la masse salariale pour rivaliser avec les équipes de tête. Si elles y parviennent, je ne dirai pas que c'est de la chance, mais je pense que ce sera très difficile.»

Néanmoins, les formations qui vivent des moments difficiles depuis quelques années peuvent s'inspirer des Rays, des Rockies et des Tigers.

Les Rays ont amorcé la saison avec une masse salariale de 44 millions $ US, la plus basse du baseball majeur exception faite des Marlins de la Floride. Malgré tout, les Rays avaient de bonnes raisons de rêver.

En février, lorsque les joueurs se sont présentés au camp d'entraînement, le directeur général Andrew Friedman leur a rappelé que les Rockies du Colorado et les Diamondbacks de l'Arizona s'étaient affrontés en série de championnat de la Ligue nationale à peine quatre mois plus tôt.

Regardez avec quelle rapidité ils ont gravi les échelons, leur a-t-il dit. Regardez tous leurs jeunes joueurs.

«Nous pensions que nous avions un talent similaire et il n'y avait aucune raison qui nous empêchait d'accomplir quelque chose d'aussi valable, s'est remémoré Friedman. Je ne croyais pas que nous y arriverions nécessairement cette année, mais vous ne m'entendrez pas me plaindre.»

Huit mois plus tard, les Rays se sont ajoutés à la liste des négligés ayant atteint la Série mondiale.

«Je pense que c'est merveilleux, s'est exclamé le premier-but Carlos Pena. C'est ça, le baseball. Tout peut survenir. J'adore cet aspect imprévisible que l'on retrouve dans notre sport.»

Et plusieurs observateurs estiment que ce côté imprévisible assainira le baseball.

«Des gens disent qu'ils veulent voir les équipes des gros marchés, pour les cotes d'écoute. Mais en tant qu'amateur, j'ai toujours aimé voir un club négligé atteindre les sommets, a confié Joe Maddon, le gérant des Rays. J'ai toujours cru que ça rendait la compétition plus intéressante. Lorsque vous pouvez créer de l'espoir pour un plus grand nombre d'équipes, je pense que ça favorise tout le monde.»