Avant son départ pour les Championnats du monde de Windsor, Audrey Lacroix a recueilli les propos d'Alex Harvey après une Coupe du monde en Norvège. La nageuse a ensuite rédigé son tout premier texte dans le cadre de son stage en journalisme à l'agence Sportcom, qui a couvert la triple olympienne pendant une bonne partie de sa carrière.

Katerine Savard a pour sa part promis à ses bouts de chou d'une classe de maternelle de Montréal de leur rapporter une vidéo d'elle en course. Ainsi, ils comprendront mieux ce que fait aussi dans la vie leur enseignante stagiaire, qui arrive les cheveux mouillés tous les matins.

Toutes deux originaires de Pont-Rouge, les spécialistes du papillon abordent les Mondiaux en petit bassin de Windsor (aujourd'hui à dimanche) à un moment différent de leur parcours.

À 33 ans et après trois Jeux olympiques, Lacroix y fera son chant du cygne. Hésitante de prime abord, elle a réalisé la semaine dernière qu'elle avait bien fait de s'engager pour cette ultime compétition en voyant des photos du bassin temporaire construit dans l'aréna des Spitfires de Windsor, de la Ligue junior de l'Ontario.

«Après Rio, j'étais à bout, je ne pensais vraiment pas renager.»

Seizième du 200 m papillon, elle estime s'être présentée au Brésil épuisée physiquement et émotionnellement. Les 15 mois à Toronto, loin de la maison, ont fini par peser, surtout vers la fin alors qu'elle était le seul membre du groupe à s'entraîner pour un 200 m.

«Les filles étaient proches pour le relais, ce qui était bon pour elles, mais ça a fait en sorte que je me suis retrouvée seule, a-t-elle analysé. J'ai trouvé ça difficile. Peut-être que si j'avais vécu cette situation à Montréal, avec des coéquipières, des amis et la famille, ç'aurait été différent. C'est comme si j'étais à la piscine 24 heures sur 24.»

Au retour des JO, elle ne voyait pas comment elle pourrait reprendre la natation dans un contexte différent, où la performance de haut niveau ne représenterait plus la priorité absolue. Son ancien entraîneur Benoit Lebrun l'a contactée pour lui proposer de se joindre à son Académie de natation de Montréal.

«J'ai recommencé à m'entraîner sans trop me mettre de pression en lui disant que si ça ne me tentait plus, j'arrêterais, a expliqué Lacroix. Finalement, j'ai aimé ça. Physiquement, je me sentais mieux, et ça m'a permis de faire plus de choses, de préparer d'autres projets.»

À son retour de Windsor, elle reprendra son stage à Sportcom, où elle doit commencer officiellement en janvier. «Je continuerai à nager, mais ce ne sera plus la priorité.»



Photo Rob Schumacher, archives USA TODAY Sports

Audrey Lacroix

Savard en transition

À 23 ans, Savard a encore de belles années devant elle. Sans s'engager à long terme, elle vise une participation aux Championnats du monde de Budapest, l'été prochain.

Cette année de transition post-olympique lui a permis de replonger à plein dans ses études au baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire à l'Université de Montréal. En prévision des Mondiaux de Windsor, elle a commencé une semaine plus tôt son stage de maternelle à l'école Léonard-de-Vinci, dans le quartier Saint-Michel.

Ses petits élèves savent qu'elle nage, mais pas nécessairement qu'elle a participé aux Jeux olympiques de Rio, où elle a gagné une médaille de bronze au relais 4 x 200 m.

«Quelques-uns ont entendu parler des Jeux olympiques, parce que ça venait d'arriver, mais ils n'en comprennent pas nécessairement l'ampleur, a raconté la future enseignante. Je leur parle de natation, je fais les mouvements de bras pour leur expliquer. J'ai aussi amené des médailles pour qu'ils jouent avec, mais pas les plus importantes! C'est chouette.»

Pour Savard, ces Mondiaux seront l'occasion de renouer avec le 100 m papillon, l'épreuve qui lui avait échappé lors des sélections pour Rio. «J'ai quand même tourné la page», a-t-elle fait au sujet de cette cruelle déception. «Je vois cette compétition comme une nouvelle expérience.»

Les trois médaillées de Rio, dont sa compatriote Penny Oleksiak, n'y participeront pas. Le calibre sera néanmoins relevé, avec la présence de l'Américaine Kelsie Worrell, de la Hongroise Katinka Hosszu, de la jeune Japonais Rikako Ikee et de la Chinoise Yin Lu. «Si tu regardes ce qui s'est passé à Rio, c'est quand même très serré entre la première et la seizième.»

Physiquement, la papillonneuse est en excellente condition, estime son entraîneur. «Elle est tellement intense à l'entraînement, a souligné Claude St-Jean. Du moment qu'elle met le pied à l'eau, elle est à 100 milles à l'heure. Même que des fois, je devais la ralentir.»

Inscrite aux trois épreuves de papillon et au 200 m libre, Savard devrait aussi prendre part à plusieurs relais. Elle souhaite réaliser ses meilleurs temps et atteindre des finales individuelles. Et pourquoi ne pas rapporter une vidéo d'elle sur le podium?

PHOTO JAVIER SORIANO, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Katerine Savard