Les rapports au sujet du niveau dangereusement élevé de virus et de bactéries dans les eaux de Rio de Janeiro ont soulevé - et renouvelé - les craintes selon lesquelles les athlètes risquent de tomber malades aux Jeux olympiques l'été prochain.

Les Américains Kalyn Robinson et Chip Peterson ne peuvent s'empêcher de se demander si leurs problèmes de santé n'ont pas un lien avec les courses en eau libre qu'ils ont disputées lors des Jeux panaméricains de 2007 à Rio, où les eaux regorgent de déchets humains.

Les inquiétudes se sont intensifiées lorsque 13 athlètes américains ont connu des maux d'estomac aux récents championnats du monde junior d'aviron. Une médecin de l'équipe a déclaré qu'elle soupçonnait que c'était dû à la pollution dans le lac qui sera utilisé pour les épreuves d'aviron et de canoë aux Jeux olympiques.

Les autorités médicales mentionnent que des milliers d'autres athlètes ont disputé des compétitions dans les eaux de Rio sans tomber malades. Et les médecins de Robinson et Peterson ne sont pas en mesure de dire si c'est leur présence dans les eaux de la plage de Copacabana qui a causé ou même contribué à leur diarrhée, crampes inexpliquées et douleurs d'estomac insupportables qui ont commencé deux semaines après les compétitions d'il y a huit ans.

Les deux athlètes ne sauront peut-être jamais s'il y a un lien.

«C'est la question à un million de dollars», a précisé Robinson, qui compétitionnait sous son nom de fille, Kalyn Keller.

Mais l'inquiétude est toujours présente.

«Je trouve suspect que les deux, Kalyn et moi, nous avons été diagnostiqués avec des maladies semblables», a soutenu Peterson.

Robinson a finalement appris qu'elle souffrait de la maladie de Crohn et elle a été contrainte de prendre sa retraite de la natation tandis que Peterson doit composer avec la colite, une maladie inflammatoire de l'intestin similaire qui a conduit à l'ablation de son colon en 2013.

Une analyse menée par l'Associated Press des eaux où les événements auront lieu l'année prochaine pendant les Jeux olympiques - et essentiellement le même site utilisé pour les épreuves en eau libre lors des Jeux panaméricains - a démontré un risque pour la santé des athlètes, avec des taux dangereusement élevés de virus et de bactéries qui pourraient également avoir des conséquences pour les compétiteurs de triathlon et de voile.

Le Dr. Scott Snapper, un professeur au Harvard Medical School qui dirige la recherche sur la maladie inflammatoire de l'intestin dans deux hôpitaux de la région de Boston et préside le comité scientifique national de la maladie de Crohn et de la colite Foundation of America, a été intrigué par les cas impliquant Robinson et Peterson. Il a dit qu'ils pourraient être d'une grande aide dans la compréhension de ce qui cause leurs maladies, avec quelques théories pointant vers une prédisposition génétique.

Snapper a souligné que personne ne peut dire que les eaux de Rio ont causé directement les maladies de Peterson et Robinson, mais il a pu être un facteur contributif dans le déclenchement de la maladie des deux personnes qui étaient déjà à risque génétiquement.

«S'ils ne l'avaient pas contracté alors, ils l'auraient peut-être eu six mois plus tard, a déclaré Snapper à l'Associated Press. Peut-être en auraient-ils souffert après un cas d'intoxication alimentaire ou après un contact avec des enfants malades.»

N'empêche, l'un des entraîneurs de natation les plus éminents d'Amérique a exprimé de sérieuses réserves au sujet des plans olympiques de Rio.

Bob Bowman, qui travaille avec le multiple médaillé d'or Michael Phelps et autrefois l'entraîneur de Robinson, a soutenu que la compétition olympique en eau libre devrait être déplacé vers endroit plus propre et plus sûr, même si cela prive Rio d'épreuves sur l'une des plus célèbres plages au monde.

«Je suis extrêmement préoccupé que des gens vont nager dans ces eaux, a déclaré Bowman. Vous ne pouvez pas mettre la santé de l'athlète en danger parce qu'il s'agit d'une installation de prestige.»

À la régate d'aviron qui a réuni plus de 500 concurrents et qui s'est conclue le week-end dernier, les responsables ont mentionné qu'il n'y avait rien d'anormal avec le nombre de cas de maladies rapportées.

L'entraîneuse d'aviron américaine Susan Francia, double médaillée d'or olympique, a déclaré à l'AP que 13 athlètes et quatre membres du personnel - dont elle-même - ont souffert de divers symptômes gastro-intestinaux pendant les deux semaines d'entraînement de l'équipe à Rio qui se sont terminées pendant le week-end avec la compétition Rodrigo de Freitas Lagoon.

Le Dr Kathryn Ackerman, médecin de l'équipe américaine, a déclaré que les athlètes de plusieurs autres pays sont demeurés au même hôtel que les Américains, mais n'ont pas semblé être aussi malade. Les responsables n'écartent pas la possibilité que la nourriture ou l'eau soient en cause.

Un porte-parole du comité d'organisation de Rio a attribué les malaises de l'équipe américaine aux «symptômes de voyage classiques» et a déclaré qu'un médecin de l'événement avait soigné huit Américains, trois Britanniques et trois Australiens pour des symptômes comme la diarrhée.