Un an après la fermeture controversée du centre national de Montréal, Natation Canada veut le faire renaître après les Jeux olympiques de Rio en 2016. Cette nouvelle mouture passerait par la création d'un centre d'entraînement pour nageurs paralympiques, qui ouvrira ses portes bientôt au Parc olympique.

D'ici peu, la fédération canadienne affichera un poste d'entraîneur-chef pour ce groupe qui travaillera en parallèle avec le Programme d'entraînement intensif (PEI)-Montréal, mis sur pied il y a un an sur les cendres de l'ancien centre national.

«Ce sera une première mondiale», s'est félicité hier le directeur de la haute performance de Natation Canada (SNC), John Atkinson, au sujet de cette collaboration entre des programmes d'entraînement olympiques et paralympiques. La Fédération de natation du Québec (FNQ), l'Institut national du sport du Québec, le Comité paralympique canadien, Sport Canada et À nous le podium sont les autres partenaires du projet.

Sans rien promettre, Atkinson a clairement indiqué que son but était de rétablir à Montréal un véritable centre national comme il en existe à Toronto, Vancouver et Victoria.

«L'objectif à long terme a toujours été de voir comment ça peut devenir un centre national», a précisé le directeur, rencontré hier matin avant le début des essais de Toronto pour les Mondiaux et les Jeux panaméricains. «Ce n'est pas encore fait, mais ça a toujours été l'ambition affichée pour l'avenir.»

Un centre national dispose de ressources financières et humaines nettement plus importantes que l'actuel PEI-Montréal, où l'entraîneur-chef Tom Rushton dirige une demi-douzaine de nageurs, pour la plupart en phase de développement. La FNQ prend à son compte la moitié du salaire de l'entraîneur.

«C'est très important pour Natation Canada d'avoir un programme national basé à Montréal, a affirmé Atkinson. Mais à l'origine, ce programme commençait sans beaucoup d'appuis auxiliaires. Le programme continue de grandir avec Tom Rushton et on ajoute maintenant la composante paralympique.»

«Réévaluation»

Successeur de Pierre Lafontaine, le Britannique Atkinson a causé une petite commotion dans le monde de la natation québécoise en annonçant l'an dernier la suspension pour «réévaluation» du centre national de Montréal. Ce coup de massue est survenu alors que les piscines du Parc olympique étaient déjà fermées depuis l'automne 2013 pour des rénovations majeures. Après quelques reports, elles doivent rouvrir le 24 mai prochain.

L'entraîneur-chef Benoit Lebrun a perdu son emploi. Il a néanmoins accepté de continuer à diriger les doubles olympiennes Audrey Lacroix et Victoria Poon. «Je le fais sur une base bénévole, a-t-il précisé. Les filles ne voulaient pas se déplacer et on a une bonne relation. J'ai du temps. Je suis à la retraite.» Il a refusé de commenter les projets de SNC.

Lacroix est toutefois à bout de patience. La médaillée d'or aux derniers Jeux du Commonwealth songe à partir s'entraîner à l'extérieur du Québec après les sélections. «Les conditions ne sont vraiment pas bonnes», a dit l'athlète de 31 ans après sa quatrième place au 50 mètres papillon hier soir. «Personnellement, ça me cause beaucoup de stress.» Elle déplore l'incurie de la fédération québécoise dans le dossier de la fermeture du centre national. «Les athlètes n'ont eu aucun droit de parole.»

Période creuse

Lui aussi laissé en plan, Benoit Huot s'entraîne au centre national de Toronto après un essai à l'Université de Montréal avec Pierre Lamy, ancien entraîneur au centre. «On ne se le cachera pas: la perte du centre de Montréal, de Benoit et de Pierre, on en souffre tous, même aujourd'hui», a souligné le multiple champion paralympique en faisant référence à ses ex-coéquipiers Lacroix, Poon, Barbara Jardin et Charles Francis, qui a pris sa retraite.

Après avoir milité en ce sens pendant des années, Huot applaudit l'instauration d'un centre pour nageurs paralympiques. Même si les conditions sont excellentes à Toronto, le Montréalais de 31 ans admet qu'un retour «à la maison» le tente au plus haut point dans les circonstances.

Les projets de Natation Canada à Montréal surviennent à une période creuse pour la natation québécoise, en particulier du côté masculin. «Le climat n'est pas bon», a tranché Audrey Lacroix. «Les coachs entre eux, la fédération...»

Tout un contrat en perspective pour Michel Bérubé, fraîchement nommé directeur performance, relève et développement à la FNQ. «On a du gros travail à faire», a admis l'ancien entraîneur de Yannick Lupien. À ses yeux, la réouverture d'un centre national est indispensable pour retrouver la voie du succès. «Le défi sera de créer une synergie entre un centre et les clubs, et de faire en sorte que les athlètes, les entraîneurs et les administrateurs veuillent travailler ensemble», a prévenu Bérubé.