Bien peu d'observateurs auraient parié là-dessus, mais Team Artemis sera au départ de la première régate de la demi-finale de la Coupe Louis-Vuitton, mardi, dans la baie de San Francisco.

On se souviendra que le premier voilier de Team Artemis avait été détruit dans un chavirage dramatique qui avait coûté la vie au Britannique Andrew Simpson. L'équipe, dirigée par le Britannique Iain Percy, a travaillé d'arrache-pied pour assembler et mettre à l'eau un second voilier, Big Blue, dans des circonstances très émotives.

Alors que les Italiens de Luna Rossa ont déjà plus de 80 jours d'entraînement dans les eaux de la baie, Team Artemis n'en a eu qu'une poignée pour découvrir et apprivoiser leur AC72.

Percy - qui a remporté deux médailles olympiques avec Simpson - a souvent répété qu'il devait à son ami de prendre part à la compétition, même dans des conditions difficiles. «L'accident nous a ébranlés», c'est évident, a-t-il souligné la semaine dernière.

«Mais nous avons vraiment tout testé, nous avons simulé tous les scénarios possibles et nous nous sentons en confiance sur le voilier. Nous sommes rapides et nous réussissons déjà des manoeuvres complexes -(les fameux empannages sur les foils notamment) -, mais le manque de compétition va nous pénaliser...»

Team Artemis a raté toutes les régates préliminaires de la Coupe Louis-Vuitton, dominées outrageusement par Emirates Team New Zealand, et disputera sa première régate de la compétition aujourd'hui. Dimanche, les deux voiliers se sont croisés à l'entraînement et ont improvisé une simulation de départs.

«Cela nous a beaucoup aidés d'avoir ainsi la chance d'évoluer bord à bord avec un autre concurrent, a souligné Percy. Manoeuvrer ces grands catamarans est difficile, surtout vent arrière. Nous ne serons pas complètement en terrain inconnu mardi.»

Le courageux retour de Team Artemis n'est pas sans impressionner ses rivaux. Dean Barker, le skipper néo-zélandais a vanté leur cohésion. «Ils étaient très agressifs dans les répétitions de départ (cinq au total) et ont montré qu'ils prêts pour de vraies compétitions.»

Max Sirena, le skipper de Luna Rossa, a insisté sur la fiabilité du voilier suédois. «Ils ont déjà atteint un niveau de performance très élevé sans connaître le moindre ennui. C'est très impressionnant quand on sait dans quelles conditions ils ont travaillé. Et ils semblent très à l'aise au portant, vent arrière, quand leur voilier reste très stable sur ses foils, même pendant les manoeuvres.»

Le jeune barreur australien Nathan Outteridge, qui sera à la barre de Big Blue, a expliqué qu'il avait beaucoup observé ses rivaux au cours des dernières semaines et qu'il croyait savoir à quoi s'attendre.

«Notre voilier est visiblement à son meilleur vent arrière et en ligne droite; sa stabilité est alors un avantage», a-t-il noté en point de presse. Luna Rossa semble plus maniable et ils ont visiblement accumulé beaucoup d'informations sur le plan d'eau et les conditions de navigation au cours des derniers mois.»

Le vainqueur de la demi-finale devra enlever quatre des sept régates prévues jusqu'au 16 août. La finale de la Coupe Louis-Vuitton (challengers), contre Emirates Team New Zealand, doit débuter le 17 août, alors que la finale de la Coupe de l'America, contre Oracle Team USA est programmée à compter du 7 septembre.

Ce serait évidemment une grosse surprise de voir Team Artemis surprendre Luna Rossa, mais le simple fait d'être au départ aujourd'hui méritera déjà au défi suédois la médaille du courage de cette 34e Coupe de l'America.