Comme un match hors-concours du Canadien de Montréal pendant le camp d'entraînement.

C'est de cette façon qu'Alexandre Despatie abordera, ce week-end, le Grand Prix d'Allemagne à Rostock.

La raison en est fort simple: le plongeur québécois de 26 ans renouera alors avec la compétition pour la première fois en un an. L'épreuve du 3 mètres synchro qu'il disputera samedi en compagnie de Reuben Ross sera un simple prélude aux choses plus sérieuses.

Dans le cas de Despatie, ces choses plus sérieuses suivront du 20 au 26 février, à l'occasion de la Coupe du monde de Londres. Ce sera là une compétition qui s'avérera la dernière occasion, pour les hommes canadiens surtout, d'ouvrir des places pour leur pays aux Jeux olympiques qui se dérouleront cet été.

«C'est vraiment une étape de plus dans mon cheminement. Reuben et moi, on n'est pas ici pour gagner le synchro. C'est une chance qu'on a de disputer une compétition ensemble avant d'aller à Londres», a dit Despatie en entrevue téléphonique depuis Rostock, mercredi, en évoquant le long repos qu'il a dû s'accorder et la réadaptation qu'il a dû suivre afin de calmer les affres d'une tendinite au genou.

«Je mentirais si je disais qu'on s'attendait à gagner, parce qu'on n'a pas eu l'entraînement nécessaire ensemble pour ça. Donc pour nous, c'est de remettre les pieds dedans pour se sentir mieux dans une quinzaine de jours et pouvoir donner notre meilleur niveau possible à Londres.»

Un niveau qui, au minimum, devra permettre à Despatie et Ross de terminer parmi les 18 premiers afin d'obtenir au moins une place pour le Canada aux JO de Londres dans l'épreuve du 3 m synchro.

Despatie disputera également le 3 m individuel à Londres, mais pas à Rostock. Son repos forcé, cet été, a fait en sorte qu'il a raté la qualification pour l'étape allemande dans cette discipline.

Sauf qu'en disputant le 3 m synchro à Rostock, il retrouvera également ses réflexes en vue du 3 m individuel auquel il participera à la Coupe du monde.

«Ce que nous allons tester en Allemagne, parce qu'ils ne se sont pas beaucoup entraînés ensemble depuis un an, c'est de voir si Reuben et Alex seront assez bien préparés pour disputer l'épreuve synchro ensemble à Londres, a indiqué depuis Ottawa Mitch Geller, le chef principal technique de Plongeon Canada. En ce moment, c'est un peu une expérience parce qu'Alex a beaucoup gagné en masse musculaire, en force et en puissance en s'entraînant avec B2dix pendant sa réadaptation. Nous ne sommes pas sûr s'ils pourront synchroniser leurs plongeons aussi bien qu'avant.»

Despatie a toutefois assuré que ça s'était bien déroulé avec Ross, mercredi, quand le duo a pu se livrer à un premier entraînement complet en un an.

«Comme n'importe quoi, il va y avoir des journées qui vont être meilleures que d'autres. Mais je n'ai pas fait de changement à ma technique et lui non plus, alors on a vraiment repris là où on avait laissé, a commenté Despatie. C'est une question de retrouver les bonnes sensations et les points de repère. Notre synchro était bonne avant, alors elle va être bonne encore.»

Despatie s'est dit d'avis qu'il sera en mesure d'offrir des performances suffisantes, à Rostock puis à Londres, même si ça fait moins d'un mois qu'il a recommencé à plonger à pleine intensité.

«À chaque jour je me sens plus à l'aise. Je réagis bien à la quantité d'entraînement, a affirmé celui qui s'est récemment ouvert un compte Twitter. En ce moment, je suis content de la façon dont les choses se déroulent. Ça n'a pas été facile, je ne peux pas dire que tout a baigné dans l'huile. Mais en ce moment, les choses avancent de la bonne manière.

«C'est tout ce qui compte pour l'instant et dans deux semaines, le but sera de terminer parmi les 18 premiers. Après ça, les objectifs vont changer», a-t-il ajouté, en faisant allusion au fait qu'il cherchera alors à rehausser son niveau de performance, notamment en intégrant un nouveau plongeon à sa routine.

Comparable, mais différent

À quatre mois des Jeux de Pékin, Despatie avait subi une fracture au pied droit qui avait failli le priver de son aventure olympique en Chine. La situation actuelle diffère en ce sens que sa marge de manoeuvre, au chapitre de la remise en forme, est plus grande. Mais il n'a pas oublié les leçons de 2008, même s'il avait raflé la médaille d'argent aux JO.

«Je me souviens qu'à l'époque, quand j'avais recommencé à plonger les quelques premières semaines, je m'étais dit, «c'est impossible, je ne serai jamais prêt', a-t-il raconté, mercredi. Et encore, quand j'ai recommencé à m'entraîner cet automne, je me suis dit que je ne serais jamais capable de retrouver un assez bon niveau pour renouer avec la compétition en février. Mais en mettant les choses en perspective, en prenant ça une journée à la fois, ça devient plus facile et plus positif.

«Ce sera important de rester dans le moment présent et de ne pas m'emporter, de ne pas trop regarder trop loin devant», a noté Despatie, dont la qualification individuelle aux JO serait assurée si le Canada obtient une place au 3 m individuel.

«Alex semble toujours se retrouver dans une situation unique, d'une manière ou d'une autre, a fait remarquer Geller, qui ira rejoindre l'équipe canadienne à Londres le 16 février. Nous avons confiance en sa capacité de s'adapter et de livrer la marchandise, comme il l'a souvent fait dans le passé.»