À pareille date il y a quatre ans, Jennifer Abel était une jeune plongeuse prometteuse un peu mal assurée. À sa grande surprise, l'athlète de 16 ans avait fini deuxième Canadienne à la compétition CAMO Invitation, se qualifiant pour la Coupe du monde, sa première épreuve internationale senior.

Ce beau résultat venait avec une responsabilité: assurer une place à son pays en vue des Jeux olympiques de Pékin. Bonjour la pression. «Je pleurais tellement j'étais traumatisée», raconte Abel quatre ans plus tard. «J'étais super stressée. Je faisais tout le temps des cauchemars...»

La Lavalloise s'était brillamment acquittée de sa mission. Quelques mois plus tard, aux JO de Pékin, elle avait confirmé son immense potentiel en accédant à la demi-finale du 3 mètres. Elle était la plus jeune demi-finaliste par presque quatre ans.

Aux yeux d'Abel, cette aventure pékinoise était presque un accident de parcours. Elle considère donc la prochaine saison comme son premier véritable processus de qualification olympique.

Ce ne sont pas ses deux médailles aux derniers Championnats du monde de Shanghai - bronze au 3 m et argent au 3 m synchro avec Émilie Heymans - qui lui feront prendre les choses à la légère. À deux semaines des Championnats canadiens de Victoria, qui serviront de qualification pour la très importante Coupe du monde FINA de Londres, Abel ressent déjà une bonne dose de pression.

«C'est très présent», constatait-elle hier midi, en marge d'un entraînement de la compétition internationale CAMO Invitation, à laquelle elle ne participe pas, préférant se préparer pour Victoria. «Même si j'ai eu des médailles aux Championnats du monde, ça ne veut pas dire que j'aurai une aussi belle année. Tout le monde travaille fort et je ne suis pas imbattable. Je ne suis pas une Chinoise.»

La mieux placée

N'empêche, bien qu'elle n'aime pas se le faire rappeler, Abel est actuellement la plongeuse canadienne la mieux placée en vue de la sélection olympique. Sa prestation aux Mondiaux de Shanghai lui a permis de mettre un maximum de points en banque. Le processus se poursuivra lors des compétitions internationales pour culminer aux sélections olympiques de Montréal, du 25 au 27 mai.

Contrairement au convalescent Alexandre Despatie qui doit encore garantir une place au Canada dans son épreuve, Abel n'aura pas ce souci à Londres. Tant à l'épreuve individuelle qu'en synchronisé, Heymans et elle ont réglé la question à Shanghai. La Coupe du monde représente néanmoins une générale avant les JO et une occasion d'ajouter des points dans son passeport olympique.

Avant de s'y projeter, Abel garde un oeil sur ses rivales, dont Émilie Heymans, triple olympienne, et sa coéquipière Pamela Ware, une jeune plongeuse de 18 ans qui vient à peine de compléter sa carrière junior. «Je n'ai qu'un an et demi de différence avec elle, rappelle Abel. La seule différence est que j'ai plus d'expérience au niveau senior.»

Ware juge néanmoins Abel intouchable. Elle croit plus réaliste de pouvoir devancer Heymans, vice-championne du monde en 2009. «Émilie et moi, on a été pas mal égales toute l'année», a rappelé l'athlète de Beloeil, qui se remet d'une blessure à une épaule. «On verra comment ça va se passer.»

Championne panaméricaine junior, Ware a augmenté le coefficient de difficulté de deux de ses plongeons. «Si elle veut avoir la moindre chance de joindre l'équipe olympique, elle a besoin de ces deux plongeons-là», a fait valoir son entraîneur Aaron Dziver.

La négligée

Un peu comme Abel il y a quatre ans, Ware joue le rôle de la négligée. «Pamela est une athlète très puissante et elle adore la compétition, a souligné Dziver. Au niveau junior, elle a démontré sa capacité à livrer les performances au moment où elle en a besoin. On essaie maintenant de transférer cette mentalité au niveau senior.»

Ware a plus d'une carte dans son jeu. Autant au 3 m qu'à la tour, elle visera une qualification olympique dans l'épreuve synchronisée avec sa soeur aînée, Carol-Ann Ware. La compétition est cependant très relevée: Abel et Heymans sont vice-championnes mondiales au 3 m, tandis que Meaghan Benfeito et Roseline Filion ont multiplié les podiums sur la scène internationale au 10 m la saison dernière.

Ces dernières sont loin de penser que la partie est gagnée. «Depuis 2008, c'est vraiment important de ne jamais sous-estimer nos adversaires», ont rappelé celles qui avaient causé la surprise en devançant les favorites Émilie Heymans et Marie-Ève Marleau aux sélections olympiques.

À partir d'aujourd'hui et jusqu'à dimanche, les soeurs Ware seront en action au Complexe sportif Claude-Robillard dans le cadre de la compétition CAMO Invitation. Première épreuve du calendrier international, CAMO Invitation accueille 115 plongeurs seniors et juniors provenant de 11 pays.

Informations: www.camoinvitation.ca.

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TROIS COMPÉTITIONS CRUCIALES POUR LES PLONGEURS CANADIENS

15 AU 18 DÉCEMBRE: Championnats canadiens seniors à Victoria

20 AU 26 DÉCEMBRE: 18e Coupe du monde FINA de Londres

25 AU 27 MAI: Sélection olympique de Montréal