Laure Manaudou, la plus grande championne française des années 2000, a annoncé vendredi à l'âge de 22 ans qu'elle prenait sa retraite, après avoir dominé la natation mondiale entre 2004 et 2007.

Championne olympique et du monde, seule sportive française contemporaine dont l'image a largement dépassé les limites de son sport, Manaudou a choisi de s'exprimer dans le quotidien Le Parisien de vendredi: «C'est décidé. J'arrête. Cela n'a pas été une décision difficile à prendre. Elle s'est imposée à moi petit à petit. Ce n'est pas un coup de tête. Tout cela a mûri doucement», a-t-elle déclaré.

Enceinte, selon plusieurs sources dans son entourage, elle est aujourd'hui installée à Marseille, où elle partage sa vie avec Frédérick Bousquet, l'un des meilleurs nageurs au monde sur 50 et 100 mètres.

La médaillée d'or aux JO d'Athènes en 2004 (400 m nage libre) n'avait plus nagé en compétition depuis les Jeux de Pékin en août 2008, qui avaient tourné au fiasco pour elle. Fatiguée moralement, parfois désorientée, elle avait décidé de faire une longue pause. Depuis longtemps, elle évoquait ses envies de connaître autre chose que la natation.

«Avec un tel talent, j'étais convaincu qu'elle pouvait se remettre en selle pour 2012», regrettait vendredi le directeur technique national (DTN) Christian Donzé. «C'est une grande championne et cela va bien au-delà du sport. Elle a une aura médiatique qui dépasse largement les bassins»

Pour Roxana Maracineanu, ancienne championne du monde et «modèle» de Manaudou au début de sa carrière, Laure «était la meilleure nageuse de tous les temps. Et pas uniquement Française. C'était Michaël Phelps au féminin. (...) On aurait même pu penser que grâce à sa polyvalence, elle aurait pu rayonner sur une olympiade supplémentaire».

«Je suis timide...»

À 22 ans, c'est clairement par lassitude que Manaudou a jeté l'éponge. Après avoir passé son adolescence, depuis l'âge de 14 ans, à nager au moins 14 km par jour et à fréquenter les salles de musculation, elle avait tout simplement perdu l'envie.

Depuis qu'elle avait quitté fin 2007 Philippe Lucas, l'entraîneur qui l'avait menée au sommet, la nageuse n'avait jamais retrouvé le niveau qui avait été le sien entre les Jeux d'Athènes et les championnats du monde de Melbourne en 2007, l'apogée de sa carrière (4 médailles dont deux d'or). Et la longue pause qu'elle avait observée depuis les Jeux de Pékin ne lui a pas rendu sa motivation.

«L'envie n'est pas revenue», avoue-t-elle. «J'ai aujourd'hui d'autres centres d'intérêt, d'autres passions (...) Je sais juste que, quand je me lève le matin, je ne me sens pas prête à aller nager».

«Il y a aussi la pression médiatique. Quoi que je fasse, je suis toujours épiée (...) J'espère qu'on va me laisser tranquille», avoue aussi l'ex-championne, dont la vie était devenue un feuilleton pour magazines people, qui ont suivi de près ses aventures amoureuses ces dernières années.

Malgré sa réussite totale sur le plan sportif, Manaudou regrette d'avoir abandonné ses études à 14 ans pour tout sacrifier à la compétition. «J'ai toujours parlé de natation toute ma vie, confesse-t-elle. Quand je suis en face de quelqu'un qui n'est pas de ce milieu, je n'ai pas grand chose à raconter. Et en plus, je suis timide».

Aux jeunes qui rêvent d'une carrière comme la sienne, Manaudou conseille aujourd'hui la prudence: «Qu'ils vivent leur passion... mais qu'ils n'arrêtent pas leurs études. C'est important pour se construire, s'évader, penser à autre chose. Moi, j'aurais eu besoin parfois d'avoir quelque chose à côté de la natation».