Normalement, j'aurais dû bondir devant l'écran et m'extasier devant cette course prodigieuse de Paul Biedermann. Paul qui? Biedermann, cet Allemand qui, en 48 heures à Rome, a fait tomber deux monuments de la natation, Ian Thorpe et Michael Phelps.

Il y avait quelque chose de triste de voir Phelps se faire déborder dans la dernière longueur du 200 mètres libre, une course qu'il avait réinventée.

J'étais au Rod Laver Arena quand Michael Phelps a battu le record mondial du 200m libre dans le cadre des Championnats du monde de Melbourne, en mars 2007. Au pays de la natation, tout le monde avait été soufflé par cette performance alliant maîtrise technique, concentration et culot. Même Thorpe, le détenteur de la marque précédente qui était dans les gradins ce soir-là, n'en était pas revenu.

Phelps en avait rajouté une couche - de polyuréthane - l'été suivant aux Jeux olympiques, portant le record à 1:42.96. C'est resté, à mes yeux, l'effort le plus impressionnant de l'octuple médaillé d'or à Pékin.

L'Américain avait réalisé cette performance dans le LZR Racer de Speedo, un maillot de bain avec plaques de polyuréthane. Les autres équipementiers ont poussé l'idée plus loin et, ironiquement, c'est dans une combinaison entièrement en polyuréthane, qui se rapproche plus de la combinaison de plongée sous-marine que du maillot de bain proprement dit, que Biedermann a abaissé le record de presque une seconde.

On ne peut reprocher à l'Allemand, qui mérite sa victoire, d'avoir choisi d'utiliser l'équipement le plus rapide à sa disposition. Et, de la même façon, de tenir rigueur à Phelps d'être resté fidèle à Speedo et ses millions.

Mais en fin de compte, ce qui devrait être un spectacle extraordinaire me laisse dans un état de quasi-indifférence.

Pendant ce temps, polyuréthane ou pas, les nageurs canadiens, sauf exceptions, peinent à refermer l'écart les séparant du reste de la planète natation. Il leur reste quand même cinq jours de compétition pour se remettre à flot.