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L'équipe canadienne de nage synchronisée a confirmé son retour en force sur la scène internationale en remportant la médaille de bronze de l'épreuve combinée aux 13es Championnats du monde aquatiques FINA, hier, à Rome.

Inspirée par le street dancing et livrée sur une musique hip-hop, la chorégraphie des Canadiennes, résolument moderne, a retenu l'attention tant du public romain que des juges.

«Les nageuses adorent tellement le combo. C'est leur combo et ça se sentait. Elles l'ont nagé avec une énergie incroyable», a raconté l'entraîneuse-chef, Denise Sauvé, aux anges après ce deuxième podium du Canada à Rome. Marie-Pier Boudreau-Gagnon, membre de l'équipe combinée, avait aussi remporté le bronze, lundi, au solo technique.

«Elles étaient d'attaque parce qu'on a un programme très innovateur, a poursuivi Mme Sauvé. On a osé sur le plan du programme, de la musique et du maillot.»

Gonflées à bloc après leur quatrième place à l'épreuve technique en équipe, dimanche, les 10 nageuses canadiennes, dont six recrues, ont reçu 96.167 points pour leur prestation. Seules les Espagnoles (98.333) et les Chinoises (97.667) les ont devancées. Les Italiennes (95.667) ont fini quatrièmes.

Jointe en début de soirée à Rome, Ève Lamoureux, capitaine de l'équipe, pensait déjà à l'avenir après ce tout premier podium dans un grand championnat international senior.

«Ça donne envie d'en avoir encore plus! a lancé l'athlète de 22 ans. C'est le premier sentiment que j'ai eu en sortant de la piscine: je veux qu'on reproduise ça au cours des trois prochaines années et jusqu'au Jeux olympiques. C'est tellement une grande motivation de récolter le fruit de nos efforts et de voir que ça paye en bout de ligne. En plus, c'est un travail d'équipe, ce qui est très satisfaisant. On est encore plus en feu pour le reste de la compétition!»

Le Québec est plus que largement représenté dans cette équipe, qui s'entraîne au Centre d'excellence des sports aquatiques du Québec, au Parc olympique, à Montréal. Outre Lamoureux et Boudreau-Gagnon, Camille Bowness, Jo-Annie Fortin, Stéphanie Leclair, Élise Marcotte, Karine Thomas, Valérie Welsh et Chloé Isaac, qui a aussi fini quatrième des préliminaires du solo libre plus tard en soirée, sont toutes Québécoises. Sandy Gill est originaire de Coquitlam, en Colombie-Britannique.

Cette médaille de bronze est la première en équipe depuis les Mondiaux de Fukuoka, en 2001, où le Canada avait aussi fini troisième. Les années suivantes ont été plus laborieuses, le Canada dégringolant jusqu'au sixième rang aux Mondiaux de Melbourne, en 2007.

«Juste d'avoir remonté de deux-trois rangs en nage synchronisée, ça veut dire beaucoup, a rappelé Lamoureux. Il y a de la politique et il faut prouver aux juges qu'on est meilleures sur plusieurs compétitions jusqu'à ce qu'ils se décident à la mettre, la note.»

Parlant de politique, l'entraîneuse Julie Sauvé, qui dirige l'équipe avec sa soeur Denise, a déploré ce qu'elle considérait comme une surreprésentation européenne parmi les juges. Sur les 10 juges de la finale, sept provenaient du continent européen, ce qui n'a pas échappé à Julie Sauvé, qui n'en rate jamais une. Le Canada aurait souhaité un meilleur équilibre avec l'Asie et l'Amérique. La demande, soumise en matinée, n'a cependant pas été retenue.

L'épreuve combinée a été boudée par les Russes, qui avaient balayé les trois finales précédentes à Rome. Le Canada en a profité, a reconnu Ève Lamoureux. Mais cela ne diminue en rien le mérite de son équipe, a précisé la capitaine.

«On a réussi à préparer les programmes technique, libre et combiné en équipe, en plus des solos et des duos. Quand tu parviens à faire ça, ça veut dire que tu es un pays organisé», a rappelé la Montréalaise.

L'épreuve combinée a été ajoutée au programme des Mondiaux FINA de 2003, à Barcelone. Très prisée du public, elle inclut, de façon intégrée et continue, des éléments en solo, en duo et en équipe. À Rome, le Canada a largement misé sur les éléments en équipe, offrant ainsi un «meilleur impact visuel», dixit Denise Sauvé.

Selon cette dernière, le combo fera ses débuts aux Jeux olympiques de Londres, en 2012. «On part avec de bons outils», a souligné Ève Lamoureux, qui y rêve déjà.