«Garde tes amis près de toi, et tes ennemis plus près encore», disait Mario Puzo, le créateur de la trilogie Le Parrain. Même s'ils n'entretiennent aucune animosité envers les Français Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, les Canadiens Tessa Virtue et Scott Moir en savent quelque chose.

Alors qu'ils se préparent pour la Finale du Grand Prix de patinage artistique à Nagoya, au Japon, du 7 au 10 décembre, les médaillés d'or en danse sur glace aux Jeux de Vancouver en 2010 travaillent d'arrache-pied à Montréal afin de peaufiner leurs programmes court et libre en prévision de cette compétition.

Virtue, de London, en Ontario, et Moir, d'Ilderton, en Ontario, partagent quotidiennement leurs entraîneurs, Marie-France Dubreuil et Patrice Lauzon, avec Papadakis et Cizeron. Cette relation, qui peut paraître étrange de l'extérieur, ne l'est pas du tout de l'avis des principaux intéressés.

«Ce qui est bien avec le fait qu'on s'entraîne à Montréal, c'est que nous nous entraînons avec nos principaux adversaires, Gabriella et Guillaume, a indiqué Moir, dans le cadre d'un événement promotionnel organisé par Cheerios. Nous savons comment ils travaillent et ce qu'ils font.»

«Nous observons Gabriella et Guillaume tous les jours, et sommes témoins des derniers ajustements qu'ils apportent à leur routine et des progrès qu'ils réalisent, a renchéri Virtue. Ce n'est pas tant les aspects techniques de leur routine qui nous impressionnent que leur créativité, qui nous inspire à nous surpasser nous-mêmes. Je crois que c'est une relation très fructueuse entre nous.»

Les triples champions du monde, qui détiennent le record mondial pour le programme court avec 82,68 points, aimeraient non seulement l'emporter au Japon, mais envoyer un message fort à leurs adversaires en établissant un nouveau record mondial combiné.

Ce dernier leur a brièvement appartenu à l'automne, après avoir amassé 199,86 points dans le cadre des Internationaux Patinage Canada, mais Papadakis et Cizeron le leur ont ravi dès la semaine suivante en récoltant 200,43 points à la Coupe de Chine - une épreuve à laquelle ne participaient pas Virtue et Moir.

«Les Français l'ont fait (atteindre 200 points), alors nous sommes mieux d'y parvenir», s'est esclaffé Moir.

La Finale du Grand Prix de patinage artistique sera la dernière compétition d'envergure réunissant les meilleurs patineurs de la planète avant la tenue des Jeux olympiques de PyeongChang, et s'ils l'emportent, Virtue et Moir termineraient l'année en beauté en demeurant invaincus pour une deuxième année de suite.

«C'est énorme, et nous sommes fébriles, a convenu Moir. Nous n'avons jamais eu l'occasion d'accomplir un tel exploit dans notre carrière. Nous voulons nous présenter à Nagoya, obtenir un bon résultat et nous en servir comme d'un tremplin pour les Jeux olympiques.»

Ça sent la coupe!

Virtue et Moir dominent le classement général de la série Grand Prix avec une récolte de 30 points en deux événements, soit six de mieux que les Américains Madison Hubbell et Zachary Donohue et les Russes Ekaterina Bobrova et Dmitri Soloviev.

Puisqu'ils sont déjà qualifiés pour la Finale du Grand Prix, ils ne participeront pas ce week-end aux Internationaux de France ainsi qu'à la compétition Skate America, à Lake Placid, du 24 au 26 novembre. Avec tout ce temps libre, Moir, un avide partisan des Maple Leafs de Toronto, n'a pas caché qu'il attendait le week-end impatiemment.

«Les Maple Leafs seront en ville pour affronter le Canadien, alors c'est certain que je vais me procurer des billets pour le match de samedi, a-t-il indiqué. Même s'ils ont connu une petite baisse de régime dernièrement, ça fait longtemps que nous n'avons pas ressenti autant d'effervescence autour d'eux. Je sais que les gens ici sont habitués de gagner, mais pour nous c'est très différent.»

Quant à savoir s'il songeait à changer son allégeance puisqu'il prévoit demeurer dans la métropole pour quelques années encore, Moir n'a pas voulu trop s'avancer.

«Vous savez, c'est difficile d'être un Olympien, mais ça l'est encore plus d'être un partisan des Leafs à Montréal, a-t-il expliqué, le sourire aux lèvres. Ceci étant dit, j'aime bien regarder les matchs du Canadien, quand j'ai un peu de temps libre. On ne sait jamais, peut-être qu'un jour je changerai mon fusil d'épaule.»