Les piliers comme Charles Hamelin, Valérie Maltais et Marianne St-Gelais sont toujours là, mais l'équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste est en pleine transition à l'aube de ce nouveau cycle olympique. Après des JO de Sotchi décevants, l'objectif est de renouer avec la gloire passée. Les défis s'annoncent nombreux.

Brian Rahill savait dans quoi il s'embarquait quand il a repris les rênes du secteur haute performance à Patinage de vitesse Canada (PVC). Après des passages au Comité olympique canadien et au regroupement À nous le podium, le Québécois entreprend son quatrième mandat à la fédération.

Le nouveau directeur des programmes de courte et de longue piste s'est fixé un «but personnel» bien précis: renouer avec la tradition de succès amorcée aux JO de Nagano, en 1998. Le Canada avait alors amassé neuf médailles dans les deux disciplines, un total qui n'a cessé de progresser jusqu'à la dégringolade de Sotchi, en février, où le pays a été limité à cinq podiums.

Un défi de taille

Avec le volet longue piste en pleine reconstruction, Rahill compte beaucoup sur le courte piste pour mener la relance. Aux JO de Pyeongchang, en 2018, il s'attend donc à une contribution de «cinq à six médailles». Le défi est de taille, surtout dans le contexte où le programme de courte piste a dû sabrer quelque 300 000 $ à son budget annuel, qui tourne dorénavant autour de 1,5 million...

«Si je suis revenu, ce n'est pas pour maintenir le statu quo. Ma motivation est de remettre Patinage de vitesse Canada là où il est depuis 1998», a annoncé Rahill en entrevue lundi après-midi à l'aréna Maurice-Richard. Quelques heures plus tôt, il a rencontré pour la première fois, de manière officielle, la douzaine de patineurs de vitesse courte piste qui représenteront le Canada lors des quatre Coupes du monde automnales.

Le groupe est composé de vétérans aguerris, dont le triple champion olympique Charles Hamelin, encore impérial lors des récentes sélections de Calgary (cinq victoires sur six), mais surtout de jeunes loups qui découvriront le circuit, comme Kim Boutin, 19 ans, de Sherbrooke, et Samuel Girard, 18 ans, de Fernand-Boileau, qui se sont également signalés en Alberta.

En poste depuis deux semaines, Rahill s'est donné 90 jours pour faire son évaluation de la structure mise en place par son prédécesseur, Yves Hamelin, parti diriger l'ovale de Calgary, et Danièle Sauvageau, conseillère au coaching et à la performance, qui a été un pivot dans la transition.

L'un de ses «dossiers prioritaires» sera la situation de l'équipe féminine, ébranlée la saison dernière par une relation tendue entre l'entraîneur-chef Frédéric Blackburn et ses leaders, Valérie Maltais et Marianne St-Gelais.

«La poussière est retombée»

Au lendemain des Mondiaux de Montréal, en mars, les deux athlètes avaient exprimé leur souhait de ne plus être entraînées par Blackburn. Or ce dernier a été confirmé dans son poste. Il affirme que «les affaires ont été mises au clair» et que la «poussière est retombée». «Cette gang-là fait partie du programme, elles s'entraînent avec les jeunes qui suivent le programme, résume-t-il. Je suis vraiment content de la façon dont les choses ont évolué.»

Lui-même a mis de l'eau dans son vin: «Un peu comme ce que je demande à mes athlètes, quand il y a des choses qu'elles n'aiment pas: qu'est-ce qu'on peut faire pour changer ces choses-là? Je l'applique à moi aussi.»

Parmi les aménagements mis en place, le groupe féminin s'entraîne deux fois par semaine avec le groupe masculin. Les patineuses peuvent également demander des conseils à Derrick Campbell, entraîneur-chef des hommes, qui devient une sorte de référent pour l'ensemble du programme. «Frédéric passe du temps avec Derrick pour observer son fonctionnement, précise Rahill. Derrick a beaucoup plus d'expérience et Frédéric est quand même dans un stade de développement comme entraîneur. C'est un travail d'équipe. C'est la philosophie que j'ai proposée.»

Cette formule semble surtout sourire à St-Gelais, auteure de quatre victoires aux sélections. «En ce moment, honnêtement, je suis dans une zone confortable, affirme la triple médaillée olympique. Il a fallu prendre le temps de s'asseoir et des choses devaient changer. L'an passé, j'ai eu l'impression de reculer. C'était important d'entamer le prochain cycle olympique de la bonne façon.»

Pour Maltais, deuxième aux sélections, la situation paraît plus délicate. «Je ne suis pas la fille la plus heureuse, mais j'adore mon sport, glisse la médaillée de bronze aux Championnats du monde. Donc, je fais en sorte de me concentrer sur mes performances et d'essayer le plus possible de faire abstraction de tout ça.»

Tout en reconnaissant l'autorité de Blackburn, l'athlète originaire de La Baie se tourne beaucoup vers Campbell et son adjoint, Jeffrey Scholten. «Je vais chercher mes ressources principalement auprès des entraîneurs de l'équipe masculine», précise Maltais.

Cette nouvelle dynamique sera-t-elle pérenne? Brian Rahill, qui en a déjà plein les bras avec le longue piste, procédera à ce genre de réflexion au cours de l'hiver. «Ce n'est pas mon style de tout chambarder, assure le directeur de programme. Je vais prendre le pouls de la situation et assurer la transition des dossiers.»

La première Coupe du monde de la saison sera présentée à Salt Lake City du 7 au 9 novembre. Suivra celle de Montréal, à l'aréna Maurice-Richard, du 14 au 16 novembre.