Il y a déjà un mois que François Hamelin a chuté en demi-finales du relais aux Jeux olympiques de Sotchi, prélude à une série de déconvenues pour l'équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste. Devant les caméras, l'athlète de 27 ans s'était accablé, affirmant avoir fait «perdre une médaille au Canada».

Un mois plus tard, sa peine n'est pas tout à fait allégée. À l'aube des Championnats du monde de Montréal, qui s'amorcent aujourd'hui à l'aréna Maurice-Richard, Hamelin doit garder le cap. Membre du relais qui visera à conserver son titre dimanche, Hamelin joue aussi un rôle crucial dans les séances d'entraînement.

Lundi, il a donné le tempo pendant huit tours avant que son frère Charles ne complète les trois dernières boucles, dans ce qui s'est avéré l'exercice de 11 tours chronométré le plus rapide de l'année pour l'équipe canadienne. Cela servira à Charles Hamelin, Charle Cournoyer et Olivier Jean, qui défendront les couleurs unifoliées dans les épreuves individuelles des Mondiaux, à commencer par le 1500 mètres, aujourd'hui.

«Sans moi et Michael (Gilday), les trois autres gars n'auraient pas pu faire un aussi gros entraînement, soulignait François Hamelin plus tôt cette semaine. On ajoute beaucoup de qualité à l'entraînement. Je dois donc rester concentré là-dessus. Je ne peux pas me laisser aller et je n'ai pas vraiment le temps d'y penser.»

Il se prépare cependant au ressac: «Disons que c'est dans une petite bulle à côté de moi... Je m'attends à ce que les réflexions et le moment de tristesse m'envahissent encore un peu après les Mondiaux.»

La plaie n'est pas guérie, simplement protégée par un bandage temporaire. «Ce sentiment-là, d'avoir raté quelque chose de gros aux Jeux, de tomber dans une épreuve d'équipe où mes trois coéquipiers dépendaient de moi, c'est sûr que je ne vais jamais l'oublier. Ça va toujours faire partie de mon histoire olympique. J'ai gagné à Vancouver, j'ai raté à Sotchi. Quand je repense à Vancouver, j'ai encore des frissons: c'est la plus belle course qu'on a jamais faite. À Sotchi, c'est complètement l'inverse, le pire scénario qui aurait pu m'arriver.»

Après sa chute et les entrevues, Hamelin s'était précipité à l'extérieur de l'aréna, démoli. Son coéquipier Olivier Jean a été le premier à le retrouver. Le patineur de Lachenaie pouvait le comprendre: il a lui-même causé la disqualification de son pays lors d'un relais aux Championnats du monde.

«C'est moi qui avais fait le move laid, se rappelle Jean. Tout le monde sait comment on se sent quand on a l'impression que les autres gars vont être frustrés après nous. Qu'est-ce que les autres vont dire? Mon objectif n'était pas de consoler François. Tu ne peux pas consoler quelqu'un. Personne ne m'avait consolé non plus. Il faut juste du temps pour passer par-dessus. C'est juste: je ne suis pas frustré après toi. Il faut juste faire comprendre ça: on est une équipe.»

Ce geste qui paraissait naturel à Olivier Jean a néanmoins fait le plus grand bien à Hamelin. Par la suite, ses autres coéquipiers, ses entraîneurs et les membres du personnel sont tous venus le soutenir. «(Mes coéquipiers) étaient aussi tristes que moi, ils pleuraient tous comme moi, mais ils m'ont fait bien comprendre qu'ils étaient déçus pour l'équipe, pas que j'aie chuté.»

Les Mondiaux seront l'occasion pour les cinq patineurs canadiens de démontrer ce qu'ils ont dans les jambes. «Mais ça va être important de ne pas trop en faire et de créer d'autres malchances», prévient Hamelin.

Pour le reste, le temps fera son oeuvre. «Oui, je vais le mettre de côté, probablement dans quelques semaines, dans quelques mois de façon plus définitive, mais ça va toujours rester au fin fond de moi.»