Marie-Ève Drolet avait une canne à la main lorsqu'elle est venue chercher son manteau officiel des Jeux olympiques de 2014, lors d'une conférence de presse, le 28 août. Pas parce qu'elle est, à 31 ans, l'aînée de l'équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste. Cet appui orthopédique était plutôt attribuable à une blessure survenue lors des sélections.

Cette contusion à l'os sacro-iliaque s'est avérée plus complexe que prévu. Elle a entraîné des problèmes d'ordre musculaire, à tel point que la patineuse montréalaise était incapable de contracter le moyen fessier. Tout a été mis en oeuvre, en physiothérapie, pour réactiver ce muscle essentiel au mouvement de patinage, y compris la stimulation électrique.

Tenue à l'écart de la glace pendant six semaines, Drolet a eu l'impression de carrément entreprendre une nouvelle saison il y a un mois. Déjà privée des deux premières Coupes du monde en Asie, elle doit maintenant faire une croix sur la prochaine, à Turin, du 7 au 10 novembre, a-t-elle convenu hier matin avec son entraîneur Frédéric Blackburn.

Drolet restera à Montréal pour rattraper le temps perdu et retrouver le rythme d'entraînement de ses consoeurs, qui s'envoleront pour la Hongrie dès samedi, en vue d'un stage préparatoire. Si tout fonctionne comme prévu, la «comète de Laterrière» les retrouvera en Russie pour la Coupe du monde de Kolomna, du 14 au 17 novembre.

Drolet refuse de se laisser perturber par ce pas de côté à un peu plus de 100 jours des Jeux de Sotchi, qui marqueront son retour dans l'arène olympique, 12 ans après sa première expérience à Salt Lake City.

«C'est sûr que j'aurais voulu faire toutes les Coupes du monde, mais avec ma blessure, il a fallu qu'on ajuste les plans, a-t-elle expliqué à la sortie de l'entraînement, à l'aréna Maurice-Richard. Présentement, on pense vraiment planifier tout mon programme pour Sotchi. C'est mon objectif numéro un de la saison, ça, c'est certain. On essaie de trouver ce qui est le mieux pour moi.»

L'ancienne double championne mondiale junior en a vu d'autres. Pendant sa retraite de six ans, elle est allée à l'université, a planté des arbres, a «siphonné» des cuves d'aluminium bouillantes à l'Alcan et a travaillé en garderie.

À long terme, cette pause forcée de six semaines pourrait même être bénéfique, juge-t-elle. «Je le vois vraiment comme un défi, a lancé Drolet. En fait, je ne suis pas vraiment stressée par ma préparation jusqu'aux Jeux. Je sais que je serai là à 100%. Tout a été tellement bien fait. C'est impressionnant comment je peux m'améliorer vite.»

Pour le reste, elle fait confiance à ses coéquipières pour les Coupes du monde de Turin et de Kolomna, qui serviront à déterminer les quotas olympiques par pays pour Sotchi.

Les patineurs canadiens auront le mandat de décrocher le nombre maximal de trois places par distance individuelle (classement parmi les 32 premiers à l'issue des 2 compétitions), en plus d'assurer la sélection du relais (7 premiers, à l'exclusion de la Russie, qualifiée d'office). «Ça ne m'inquiète vraiment pas. Le Canada, on est tellement forts», a tranché la «grande soeur» du groupe.