Ce fut peut-être la plus longue conférence de presse de l'histoire pour annoncer le secret le moins bien gardé dans le monde du patinage de vitesse: la composition finale de l'équipe canadienne de courte piste pour les Jeux olympiques de Sotchi.

Après deux semaines de sélection fertiles en émotion et rebondissements, le soulagement était palpable chez les 10 patineurs qui ont revêtu le veston officiel présenté par le président du Comité olympique canadien, Marcel Aubut, hier après-midi au Hilton Bonaventure de Montréal, la chaîne hôtelière qui devient le nouveau partenaire du COC.

«On avait une bonne équipe à Vancouver. Là, on a la meilleure équipe possible», a jugé Charles Hamelin, invité à comparer le quintette masculin à celui de 2010. «On est en confiance.»

Imbattable lors des sélections - huit victoires consécutives avant qu'une blessure ne l'écarte de la dernière finale qu'il aurait probablement gagnée -, Hamelin sera le leader incontesté de l'équipe canadienne à Sotchi, où il en sera à ses troisièmes JO.

Double champion olympique à Vancouver (500 m et relais), le patineur de Sainte-Julie est catégorique: il tenait la forme de sa vie avant qu'une entorse à la cheville gauche, dont il se remet graduellement, ne vienne stopper sa lancée. Il se sent un meilleur patineur qu'il y a quatre ans.

«Pas tellement plus fort, mais plus confiant et capable de mieux gérer les courses», a précisé l'athlète de 29 ans, qui est retourné sur la glace en début de semaine.

Encore une fois, Charles sera accompagné de son frère cadet François, dont la confirmation de la sélection, bien qu'attendue, a été accueillie par des larmes de joie dans le clan Hamelin. Le vétéran Olivier Jean sera l'autre membre du relais médaillé d'or de Vancouver de retour dans l'équipe. Il a fêté sa nomination «comme un jeune ado dans un bar»...

À 22 ans, Charle Cournoyer sera le benjamin du groupe. «C'est moi le petit bébé!», a plaisanté le Bouchervillois, qui a néanmoins fini parmi les trois premiers aux sélections en participant à huit des neuf finales. Victime d'une commotion cérébrale à mi-parcours, Michael Gilday, originaire de Yellowknife, a vu, en toute logique, sa demande d'exemption pour des raisons de santé prise en compte par le comité de sélection. Le natif d'Iqaluit, au Nunavut, en sera à ses premiers JO.

Maltais par la grande porte

À l'image de Charles Hamelin, bien que dans une moindre mesure, Valérie Maltais a survolé la compétition de sélection, terminant première au classement de chacune des trois distances. Dernière choisie pour Vancouver, où son retrait du relais l'avait heurtée, la patineuse de La Baie, au Saguenay, revient donc aux Jeux par la grande porte.

«C'était l'objectif, je le répétais à mon copain et à ma famille, mais c'était quand même difficile à faire, a souligné Maltais. J'ai eu de la misère à le réaliser. Des fois, on se demande si ce n'est pas un rêve!»

Marie-Ève Drolet, elle, réalise un exploit probablement inédit : revenir aux JO 12 ans après sa première participation, à Salt Lake City, en 2002. L'athlète originaire de Laterrière, au Saguenay, avait fait une pause de six ans pour vivre de nouvelles expériences. Elle s'est pointée sur l'estrade une canne à la main, conséquence d'une blessure au dos et à la hanche subie lors des sélections. Sa guérison plus lente que prévu pourrait compromettre sa participation aux premières Coupes du monde de la saison, le mois prochain, en Asie.

Médaillée d'argent au 500 m à Vancouver, Marianne St-Gelais se félicitait d'avoir su surmonter l'épreuve des essais nationaux, un exercice plus difficile pour elle que les compétitions internationales. «Ça se joue beaucoup au niveau mental et je suis fragile sur cet aspect», n'a pas caché la patineuse de Saint-Félicien.

L'Albertaine Jessica Gregg, médaillée d'argent au relais il y a quatre ans, et la Britanno-Colombienne Jessica Hewitt complètent cette équipe féminine qualifiée de «supérieure» à 2010 par le directeur de programme Yves Hamelin.

Objectif : cinq ou six médailles

Depuis son introduction aux Jeux d'Albertville, en 1992, le patinage de vitesse courte piste a représenté une manne pour le Canada : 25 médailles sur les 145 gagnées par le pays depuis 1924. Les attentes seront donc élevées pour Sotchi, du 7 au 23 février. L'objectif de l'équipe est de cinq ou six podiums, comme ce fut le cas à Vancouver (cinq) et lors des trois championnats du monde qui ont suivi.

D'autres qualifications

La sélection interne était une première étape pour l'équipe canadienne. Les 10 futurs olympiens devront maintenant qualifier leur pays pour les relais et les places individuelles lors des Coupes du monde 3 et 4, en novembre, en Italie et en Russie. L'objectif est clair : obtenir le quota maximum de trois places dans chacune des distances individuelles, tant chez les hommes que chez les femmes.