Le patineur de vitesse courte piste Olivier Jean aurait été victime de sabotage aux Championnats du monde par équipes de Varsovie, en mars 2011, selon des allégations contenues dans une procédure d'arbitrage obtenue par le Chicago Tribune.

À la demande de son entraîneur, le patineur américain Simon Cho aurait saboté les patins de Jean, ce qui aurait empêché l'athlète de Lachenaie de participer au relais qui concluait ces championnats.

L'entraîneur en question, le Coréen Jae-su Chun, a été suspendu dimanche par la fédération américaine de patinage de vitesse après avoir été accusé d'abus par plus d'une douzaine de ses patineurs. Chun, entraîneur-chef de l'équipe américaine de patinage de vitesse courte piste, a démenti ces accusations et fait actuellement l'objet d'une enquête.

«C'est mon secret le plus noir et je le regrette», a dit Cho à un coéquipier, selon la demande d'arbitrage déposée par les athlètes et obtenue par le Tribune. Le sabotage aurait empêché Jean, erronément identifié comme «Oliver Jean Le Patineur» dans le document, «de patiner de façon efficace».

Aux Mondiaux de Varsovie, le 21 mars 2011, Jean n'a pas été en mesure de disputer le relais en raison d'un «bris au niveau des lames» découvert juste avant le départ, peut-on lire dans un communiqué diffusé à l'époque par Patinage de vitesse Canada. Contraints de disputer le relais à trois plutôt qu'à quatre, les Canadiens avaient dû se contenter de la quatrième et dernière place de la finale «A». Ce résultat les avait fait reculer de la deuxième à la troisième place au classement général final, seul enjeu de ces Mondiaux par équipes, les derniers disputés selon cette formule. Les Américains avaient pour leur part remporté la finale «B» pour obtenir le cinquième rang.

Avant d'être embauché par les États-Unis, Chun, 43 ans, a été entraîneur avec l'équipe canadienne au centre national de l'aréna Maurice-Richard, à Montréal. Jean, 28 ans et actuel champion du monde du 500 mètres, travaillait alors avec lui.

Cho, 21 ans, est né à Séoul, en Corée, et a immigré aux États-Unis avec ses parents à l'âge de quatre ans. Il est médaillé de bronze du relais aux Jeux olympiques de Vancouver. Il n'a pas commenté l'article du Tribune, sous la plume du grand reporter olympique Philip Hersh.

Dans les mois suivant les Mondiaux, selon le document d'arbitrage, Cho a avoué son méfait à un coéquipier, lui confiant: «Je sais que j'ai fait des choses (dérangées). J'aimerais les effacer. Mais je ne peux pas... Et je me prépare à en subir les conséquences.»

Cho a aussi affirmé que son entraîneur Chun était le «cerveau» derrière l'affaire aux Mondiaux par équipes. Chun n'a pas réagi à ses accusations spécifiques.

Suspendu à titre provisoire, Chun est accusé de violence verbale et physique à la suite de plaintes de 19 de ses patineurs, dont cinq médaillés olympiques (mais pas Apolo Anton Ohno). Il aurait frappé l'un d'entre eux après l'avoir plaqué contre un mur. Il aurait aussi lancé des bouteilles et des chaises et aurait traité certaines patineuses de «grasses» (fat) et «dégoûtantes». Dans un communiqué, Chun s'est défendu de toute accusation de violence verbale ou physique. Neuf patineurs membres de l'équipe américaine l'ont défendu dans un autre communiqué diffusé mercredi.