Kalyna Roberge a essayé, mais le coeur n'y était plus. À 23 ans, la patineuse de vitesse a choisi de ranger ses lames pour au moins un an. Le temps de réévaluer ses priorités et de faire le deuil de Jeux olympiques (Vancouver) très difficiles. Elle verra après si le goût de patiner lui revient.

Roberge avait déjà prévu réduire ses engagements avec l'équipe nationale. Pas de Coupes du monde à l'automne, elle pensait reprendre le collier en janvier, avec les championnats du monde dans sa mire. Elle devait partager son temps d'entraînement entre Montréal et Québec, sa région natale où elle a entrepris des études collégiales.

En échange, Patinage de vitesse Canada (PVC) acceptait de maintenir l'une de ses plus talentueuses athlètes au sein de son programme national de courte piste, avec financement conséquent.

Or, de retour à l'entraînement au mois de mai à Montréal, Roberge s'est bien vite rendu compte qu'elle n'y arriverait pas. «Après deux semaines, j'en avais déjà un peu ras-le-bol», a-t-elle expliqué, hier, en entrevue téléphonique.

La charge d'entraînement était trop importante pour une patineuse qui n'avait pas d'objectifs athlétiques précis à court terme. «La motivation n'était pas assez forte. J'ai essayé de répondre aux critères (de PVC), qui étaient tout à fait normaux. Sauf que tant physiquement que mentalement, je n'étais pas capable de les remplir», a constaté Roberge.

Avec le départ à la retraite de Tania Vicent et Amanda Overland, celle qui se dit de la «vieille école» avait aussi perdu une partie de ses repères au sein d'un groupe rajeuni.

Et il y avait les Jeux olympiques de Vancouver, qu'elle prévoyait être le point culminant de sa carrière, qui ne se sont pas du tout déroulés comme prévu.

Un manque de confiance

Fer de lance attendu de l'équipe féminine, Roberge n'a pu atteindre la finale dans aucune des trois distances individuelles. Un concours de «circonstances» en partie attribuable à des vagues demi-finales particulièrement corsées, analyse-t-elle. Mais aussi à un manque de confiance découlant d'une saison 2009 gâchée par les blessures et un changement subit d'entraîneur.

«Je ne suis pas déçue de mes performances parce que j'ai donné tout ce que j'ai pu», a précisé l'ex-championne mondiale du 500 mètres.

N'empêche, elle a dû se contenter de l'argent au relais, comme quatre ans plus tôt à Turin.

Roberge s'est rassurée lors des Mondiaux qui ont suivi, remportant l'argent au 500 m et prenant le cinquième rang du classement général, sans quoi elle se serait engagée plus prestement sur la voie de l'année sabbatique.

Après 15 ans dans le patin, Roberge, délestée de toute pression, peut maintenant se consacrer à ses projets personnels. Elle entreprend une technique d'éducation à l'enfance, voit à la construction d'une maison sur une terre qu'elle possède avec son chum, et occupe un poste d'entraîneur au centre régional Saint-Étienne, sa ville natale.

Et elle est retournée vivre chez ses parents. «Mettons que mon chum et mes parents vont m'aider pour les premières années, mais j'avais réfléchi et pensé à mes affaires. Je m'étais mis de l'argent de côté pour ne pas me retrouver dans le trouble.»

Reverra-t-on la patineuse à la crinière noire dans une compétition internationale? «J'avoue que pour les prochaines années, mon objectif n'est pas nécessairement les Jeux olympiques ou le sport en tant que tel. (...) Mais les dés ne sont pas jetés et je me laisse quand même la chance de changer d'idée.»